Se sacrifiant au rituel des messages consentis � l�occasion de comm�morations nationales, le pr�sident de la R�publique, Abdelaziz Bouteflika, a eu, pour le 8 Mai, date anniversaire des massacres coloniaux en 1945 sur les populations de S�tif, Guelma et Kherrata, un propos aucunement passionn� � l�encontre de la France. Sensible mue dans le discours pr�sidentiel qui, auparavant, a eu � consigner une exigence de repentance comme pr�alable � la refondation des relations alg�ro-fran�aises. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Lu � S�tif par le conseiller � la pr�sidence, Ali Boughazi, le message du pr�sident de la R�publique est expurg� de son intensit� �motionnelle d�autrefois. Bouteflika, dont le calendrier noterait une visite d�Etat en France en juin prochain, met un b�mol � �voquer le pass� colonial de la France. Le ton, cette fois-ci, s�est voulu de loin apaisant. Point de diatribe enflamm�e comme il �tait devenu quasi coutumier depuis f�vrier 2005 lorsque l�Assembl�e fran�aise avait eu la tr�s mal inspir�e id�e de voter une loi glorifiant le fait colonial. Depuis beaucoup de salive, mais surtout beaucoup d�encre a coul�. Le pr�sident Bouteflika exigea de la France, quoique dans une r�action tardive, repentance et excuses officielles pour ses crimes coloniaux commis en Alg�rie. La France est demeur�e sourde � cette exigence, se suffisant de rattraper la b�vue commise par son Assembl�e. Mais ce geste, fait de l�ancien pr�sident fran�ais Jacques Chirac, ne dissipera pas le gros nuage qui enveloppa la relation alg�ro- fran�aise. Alger ne d�sirait pas se contenter de si peu et Paris ne semblait pas vouloir conc�der plus. Cons�quence imm�diate de cette embrouille, le trait� d�amiti� que les deux pays s�appr�taient � parapher partit � vau-l�eau. D�finitivement enterr� m�me. Les deux pays couv�rent depuis cette m�sentente, r�sultante d�une histoire commune hautement charg�e d��motion. L��lection de Nicolas Sarkozy � la pr�sidence de la R�publique fran�aise ne d�passionnera pas la relation avec l�Alg�rie. La crispation, on peut dire, est rest�e enti�re. La camaraderie affich�e relevait plut�t d�us diplomatiques que d�un partenariat politico-�conomique parfait. M�me la tr�s contest�e Union pour la M�diterran�e (UPM), projet de Nicolas Sarkozy que l�Union europ�enne adopta apr�s correction, n�a pas drain� l�adh�sion enthousiaste de l�Alg�rie. Posture inconvenante pour deux pays qui �taient sur le point de signer un trait� d�amiti� et engager un partenariat d�excellence mais qui, rattrap�s par leur pass� commun, finirent par se regarder en chiens de fa�ence. Cependant, cela n�est certainement pas irr�m�diable. En tout cas, le pr�sident Bouteflika semble croire � un possible d�passement des passions. C�est du moins ce que v�hicule son message lu � S�tif � l�occasion de la comm�moration des massacres du 8 Mai 1945. �Nous savons bien que nous ne pouvons pas faire porter au peuple fran�ais tout entier la responsabilit� des malheurs et des souffrances qu�en son nom le colonialisme fran�ais nous a impos�s� mais �pour tourner d�finitivement cette page noire de l�histoire, il faudrait aux deux peuples trouver ensemble la voie originale qui permettrait de surmonter les traumatismes caus�s au peuple alg�rien par l�Etat colonial fran�ais.� Il appara�t clairement qu�on est plus dans l�exigence de repentance. Bouteflika ne voudrait certainement pas reproduire la m�me diatribe qu�autrefois, lui qui s�appr�te � effectuer une visite d�Etat dans l�Hexagone. C�est pourquoi il travaillerait � d�passionner la relation avec la France. Peut-�tre fait-il par l� et en cela preuve d�habilit� diplomatique ? L�avenir nous le dira. Mais avant, il est n�cessaire que le pr�sident Bouteflika indique cette �voie originale� qu�il sugg�re aux peuples alg�rien et fran�ais. Serait-ce un �on oublie tout et on avance� qu�il pr�conise ? Auquel cas, ce serait ni plus ni moins qu�un renoncement au pr�alable qu�il a lui-m�me pos� pour la refondation de la relation entre l�Alg�rie et la France, en somme la repentance de la France pour ses crimes coloniaux.