De jeunes croyants et croyantes ont d�cid�, par calcul ou par na�vet�, qu'en s'habillant de fa�on conforme aux nouveaux canons islamiques, pourraient se permettre certaines privaut�s. J'entends �videmment par privaut�s, tout ce qui ne provoque pas des chaleurs torrides, en ces temps de canicule, des privaut�s r�pr�hensibles, mais dans les limites de la d�cence. Il est naturel, aujourd'hui, de voir un jeune en kamis et une jeune en hidjab se promenant dans la rue la main dans la main, et m�me l�g�rement serr�s l'un contre l'autre. Ce sont des attouchements tol�rables d�s lors qu'on affiche clairement son appartenance et son engagement religieux. Personnellement, le spectacle de barbus et de �barbusettes � imitant les amoureux de Brassens me met en joie. J'ai m�me vu un tel couple quitter l'abri protecteur d'un bosquet providentiel en abandonnant derri�re soi des reliques aussi �videntes qu'un b�tonnet dans un flacon de kohol (1). H�las, il semble bien que la saison des attouchements et des baisers furtifs entre peaux douces et barbes hirsutes soit termin�e. C'est le quotidien national Echourouk qui a siffl� hier la fin de la r�cr�ation pour tous les amoureux, et surtout ceux qui sont habill�s comme il faut. La photo de �une� montre, en effet, un couple enlac� film� de dos, la fille �habill�e� de pied en cap. Comme vous le dit ce vertueux journal, finies les �treintes et les embrassades dans les parcs et les jardins publics qui indisposent les m�g�res m�nopaus�es et les retrait�s ass�ch�s. Haro sur les jeunes couples, livrets de famille en poche, qui osent prendre des avances sur affection diff�r�e dans les all�es de la mis�re sexuelle, faute de logements ! Nous voil� donc lanc�s dans la croisade de la vertu contre le vice, avec ou sans hidjab (2). On va tout reprendre depuis le d�but : la �police islamique� faisant la chasse aux couples dans les jardins, le hidjab obligatoire avant de devenir un �libre choix�, selon nos islamologues distingu�s. La suite, vous la connaissez. Et si vous avez oubli�, retrouvez les d�clarations de Layada � la t�l�vision et dans les journaux. �Terroriste et fier de l'�tre�, note avec amertume notre confr�re Djillali Nedjari dans Al-Khabar Hebdoqui ne refl�te pas n�cessairement la ligne �ditoriale du quotidien. Et de d�plorer l'absence de r�actions de la soci�t� face � ces provocations comme si cette soci�t� �tait atteinte d'un mal ind�finissable qui pollue les �mes � l'extr�me. �Accepter ces provocations, c'est faire injure au sang des cohortes de martyrs qui sont morts pour d�fendre la R�publique�, souligne le journaliste. Il faut peut-�tre aller chercher le secret de cette d�mission collective dans les �compromis historiques� et les alliances douteuses qui se tissent entre les pouvoirs et les factions islamistes. Ainsi, le quotidien Echourouk du Caire, qui joue sur un autre registre, affirme ce dimanche que le gouvernement �gyptien et le mouvement des Fr�res musulmans viennent de s'entendre sur un projet d'accord. Ce projet qui sera valid� d'ici quelques semaines, selon le quotidien, pr�voit un arr�t de la campagne hostile d�clench�e par le mouvement contre le gouvernement. Les Fr�res musulmans s'engageraient, en outre, � ne pas participer aux prochaines �lections l�gislatives pour ne pas g�ner le Parti national au pouvoir. En contrepartie, le gouvernement lib�rerait tous les membres du mouvement emprisonn�s, dont le dirigeant Abdelmoneim Abdelfoutouh. Echourouk ajoute que le commandeur des Fr�res musulmans, Mehdi Akef, a approuv� les termes de cet accord, � condition que le gouvernement abandonne le projet de succession de Moubarek par son propre fils. Je vous ai gard� le meilleur, et toujours dans le quotidien Echourouk du Caire, la pr�cision s'impose. Il s'agit d'un texte de Alaa al-Aswani qui s'attaque au probl�me du Niqab (voile sur le visage), devenu un ph�nom�ne de soci�t� en Egypte. R�cemment, les ul�mas d'Al-Azhar se sont, enfin, mis d'accord pour dire que le niqab n'�tait pas une �obligation religieuse� mais une �tradition� vestimentaire. Ce qui hisse le hidjab au rang de pilier f�minin de l'Islam, politiquement correct. L'auteur de L'Immeuble Yacoubian qui semble s'�tre r�sign� � voir le hidjab, ma�tre de la cit�, �voque sur un ton mi-s�rieux mi-ironique ce qu'il appelle la fa�on d'affronter la s�duction (fitna) des femmes. D'abord, dit-il, imaginez que vous vous rendez � votre bureau un matin et que vous retrouvez tous vos coll�gues avec un masque sur le visage. Vous entendez leurs voix mais vous ne voyez jamais leurs visages. Comment r�agirezvous ? Naturellement, vous ne serez pas content, et si cette situation durait, cela mettrait vos nerfs � rude �preuve, nous avons, en effet, besoin de voir les visages des gens avec qui nous parlons. La communication entre les humains ne peut �tre compl�te que si les visages sont d�couverts. C'est ainsi qu'est la nature de l'homme depuis son av�nement, mais ceux qui imposent � la femme de voiler son visage refusent cette r�alit�. Sur la lanc�e de la R�volution de 1919 en Egypte contre l'occupation anglaise, la pionni�re Houda Cha�raoui s'est d�barrass�e de la �burka� turque lors d'un meeting public. Elle voulait montrer ainsi que la lib�ration de la patrie �tait indissociable de la lib�ration de la femme... Mais depuis la fin des ann�es soixante-dix, les Egyptiens sont tomb�s sous l'emprise des id�es fondamentalistes. Le wahhabisme s'est r�pandu en Egypte, gr�ce � l'argent du p�trole... �Puisque la femme doit cacher son visage pour ne pas s�duire l'homme, que doit faire alors l'homme qui a un beau visage ? Devrons-nous lui ordonner de porter le niqab, ainsi hommes et femmes seront syst�matiquement voil�s ? Ensuite, le niqab laisse les yeux des femmes d�couverts, et s'ils sont jolis, ils constituent une source de s�duction, que faire alors pour �viter la �fitna� ?� Un c�l�bre th�ologien saoudien s'est pench� sur cet �pineux probl�me qu'il en soit remerci� ! Il a invit� les musulmanes � arborer un niqab avec une seule ouverture pour l'�il. Ainsi, il serait impossible pour la femme d'exercer un quelconque attrait pour l'homme... �Si l�on suit cette logique, la soci�t� saoudienne devrait avoir �limin�, et � jamais, le vice sous toutes ses formes. La s�paration entre les sexes est tr�s nette, l�-bas, et le niqab est g�n�ralis� � toutes les femmes. Il y a m�me une institution qui veille jour et nuit au respect de la vertu...� �Malheureusement, les �tudes et les statistiques montrent tout le contraire. Une enqu�te r�alis�e par la chercheuse Wafa Mahmoud, de l'Universit� du Roi Saoud, r�v�le qu'un quart des enfants de 6 � 11 ans ont subi des attouchements sexuels. Ces donn�es sont corrobor�es par une �tude similaire effectu�e pour le compte du minist�re de la Sant� saoudien. Un autre chercheur, Khaled Al-Halibi, affirme que 82 % des �l�ves du secondaire, concern�s par son enqu�te, souffrent de d�viations sexuelles. En 2007, 850 jeunes filles saoudiennes ont fui du domicile familial � cause d'agressions, en grande majorit� � caract�re sexuel.� Suivent d'autres statistiques �difiantes sur l'illusoire cit� id�ale wahhabite. A. H. (1) C'est la preuve, par l'absurde, que l'acte a bien eu lieu et a �t� constat� de visu, aussi distinctement qu'un b�tonnet de kohol touillant dans le flacon idoine. (2) Mais o� sont ces charlatans qui nous disaient qu'un hidjab et un collier de barbe suffiraient � nous faire retrouver la puret� originelle. Je veux parler de la puret� ensanglant�e des premiers �ges, celle qu'on veut nous faire retrouver par la m�thode Layada.