La décision de maintenir les épreuves pour aujourd'hui n'a pas fait l'unanimité au sein du corps enseignants. Affectés et traumatisés, les lycéens auront une pieuse pensée à leurs camarades ensevelis lors du séisme du 21 mai dernier. Mais dans quelles conditions les lycéens se présenteront aux épreuves du baccalauréat qui débuteront aujourd'hui sachant que le moral n'y est pas? En effet, les élèves des wilayas de Bouira, de Blida, de Médéa de Tipaza et de Tizi Ouzou se sentent beaucoup plus sinistrés moralement que physiquement. La logique aurait voulu que les pouvoirs publics décrètent une seconde session à l'échelle nationale comme il avait été décidé lors du printemps noir du fait que les circonstances ne diffèrent point. D'ailleurs, cette option a été prônée par les associations des parents d'élèves qui estiment que leurs progénitures «ne sont pas aptes moralement». En outre, plusieurs élèves des localités touchées par le séisme ont tenu des sit-in et des délégations ont été dépêchées au niveau de l'APN et du Sénat pour obtenir gain de cause. En vain. La tutelle a jugé que ces élèves ne sont pas concernés par la mesure du report des examens concernant les wilayas d'Alger et de Boumerdès. Une attitude que les concernés réfutent catégoriquement. D'ailleurs, la ville de Tizi Ouzou a encore vibré la fin de semaine passée sous les pas des milliers de lycéens des communes sinistrées. Le rassemblement de mardi à 10h devant l'Académie s'est transformé en une seconde et imposante marche vers la wilaya où les manifestants scandaient: «Ulac le bac.» Le même situation privaut dans la localité de Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira où les élèves ont catégoriquement menacé de boycott. Un avis partagé par leurs camarades de Meftah qui s'estiment lésés par ce deux poids, deux mesures. Confortés dans la justesse de leurs revendications par les associations des parents d'élèves et qui rendent les pouvoirs publics responsables de tout ce qui pourra survenir lors des protestations en cours, les lycéens sont prêts à sacrifier leur avenir pour faire aboutir leurs revendications. D'ailleurs, la Fédération des parents d'élèves a encore renouvelé son appel au report du bac à fin juin et à une session de rattrapage pour septembre. Ce faisant, elle cherchait à contenter tout le monde: les partisans du report, originaires des communes sinistrées, et ceux des communes éloignées de l'épicentre du séisme, supposés prêts à subir les épreuves aux dates prévues. Une attitude que la coordination des enseignants approuve. Celle-ci s'insurge contre les mesures prises par le Conseil des ministres excluant certaines wilayas du report du bac. Cela dénote la légèreté avec laquelle les pouvoirs publics s'ingénient à solutionner le problème au mépris total de la pédagogie. A défaut d'une solution plus pédagogique, le report national de 15 jours et l'organisation d'une seconde session, il a été exigé l'élargissement du report annoncé à l'ensemble des wilayas touchées par le séisme. Malheureusement, les pouvoirs publics ont campé sur leurs positions initiales. Si une telle décision est conforme à la logique au vu des dégâts occasionnés aux établissements, elle n'en demeure pas moins sujette à discussion, si l'on tient compte des dommages subis par les établissements des autres wilayas touchées par le séisme. Aujourd'hui, ils sont 487.000 candidats sur les 544.885 à l'échelle nationale à devoir se présenter pour les épreuves du baccalauréat au niveau de 46 wilayas sur les 48 que compte le pays. Le Conseil des ministres réuni le 29 mai dernier, sur proposition du ministre de l'Education nationale, a décidé de reporter les épreuves dans les wilayas d'Alger et de Boumerdès. D'ailleurs, dans un communiqué, le ministère de l'Education nationale a annoncé qu'au regard des traumatismes subis par les élèves dans ces wilayas ainsi que de la précarité dans laquelle vivent un grand nombre d'entre eux, il a été décidé, au niveau des wilayas d'Alger et de Boumerdès, l'arrêt des cours ainsi que l'annulation des compositions du troisième trimestre et des examens de passage en classe supérieure, dans l'enseignement fondamental et l'enseignement secondaire. Le secteur de l'éducation dans la wilaya de Boumerdès déplore la mort de 24 enseignants dans les trois paliers (primaire, moyen et secondaire), 77 élèves et de 5 employés. En ce qui concerne les dégâts matériels occasionnés dans les structures éducatives de la wilaya, la direction a enregistré 117 établissements touchés entre 50 et 100%, 142 structures pédagogiques ayant subi des dommages entre 1 et 50%, et 39 autres établissements devant recevoir des aménagements divers. Tandis que la wilaya d'Alger a enregistré des dégâts au niveau de 240 établissements; 41 lycées, 79 CEM et 120 écoles primaires.