Une �tude de la Banque mondiale consacr�e � l��volution de l�industrie marocaine durant ces dix derni�res ann�es conclue � une situation de crise s�rieuse de ce secteur : d�sinvestissement, destruction d�emplois, tr�s faible productivit� et fuite des investisseurs vers le BTP et les services. L��tude a port� sur un �chantillon de 650 entreprises des diverses branches industrielles. Le taux de croissance moyen annuel du secteur industriel a �t� de 2,4% contre 10% pour le BTP et 5,6 % pour les services. La croissance industrielle moyenne pour un �chantillon de trente pays �mergents a �t�, sur la m�me p�riode, de 6,2% (11% pour la Jordanie, 7% pour la Turquie, 5% pour l�indon�sie, 4% pour l�Egypte et la Tunisie). En mati�re d�exportations de produits manufactur�s, le Maroc est class� � la 27e place sur un �chantillon de trente pays �mergents. Ainsi, la croissance des exportations industrielles, sur la p�riode, a �t� en moyenne de 14,6% pour les trente pays de l��chantillon contre seulement 8% pour le Maroc (10% pour la Tunisie, 11,5% pour la Turquie et 14,8% pour l�Egypte). L��tude de la Banque mondiale conclut : �Le secteur manufacturier marocain est l�un des moins dynamiques de tous les pays �mergents. Dans le domaine de l�emploi, le constat est le m�me : durant la p�riode, 15% de l�emploi urbain cr�� l�a �t� dans le BTP et les services et seulement 5% dans l�industrie manufacturi�re. Pourtant, lorsqu�on examine le taux d�investissement priv�, le Maroc se classe en troisi�me position sur les trente pays de l��chantillon avec un taux d�investissement priv� de 19,6% du PIB contre une moyenne de 15,7% pour les trente pays mais l�essentiel de cet investissement va au BTP et aux services, l�industrie ne recevant que 12,5% de l�investissement priv� total. En 2008, 6% seulement du parc national des entreprises activent dans l�industrie contre 10% il y a dix ans sur les dix ann�es �tudi�es, le taux d�entr�e dans l�industrie �tait de 13% en d�but de p�riode et seulement de 4% en fin de p�riode. Le taux de sortie est lui, en l�g�re hausse. Enfin et pour compl�ter ce tableau pas tr�s reluisant, l��tude de la Banque mondiale indique que la productivit� globale des facteurs est tr�s faible, tir�e vers le bas par la productivit� du travail, �l�ouvrier marocain produisant deux fois moins que la moyenne (de l��chantillon) et restant tr�s peu qualifi�. L��tude indique que la productivit� annuelle d�un ouvrier marocain dans le secteur manufacturier s��l�ve � 8 000 dollars alors qu�elle est de 15 000 dollars en moyenne dans les pays �mergents de l��chantillon (Cor�e du Sud : 45 000 dollars ; Ta�wan 30 000 dollars ; Afrique du Sud : 22 000 dollars ; Mexique : 17 000 dollars). Sur les trente pays, le Maroc est class� 27e en termes de productivit� des salari�s. Cette situation de crise structurelle de l�industrie marocaine a conduit le gouvernement de ce pays � �laborer une nouvelle strat�gie pour le secteur qu�il a fait adopter, par les acteurs concern�s, dans le cadre d�un �pacte national pour l��mergence industrielle �, un accord de collaboration entre les secteurs public et priv� concernant le d�veloppement industriel du Maroc. Six domaines de comp�tence ont �t� identifi�s pour l�industrie marocaine : l'offshoring, la production automobile, l�a�ronautique, l��lectronique, le textile et le cuir et l�agroalimentaire. La strat�gie consiste � s�inscrire dans les cha�nes de valeurs internationales comme sous-traitants, �quipementier, centre de rayonnement commercial et de reprendre ainsi quelques parts de march� dans ces fili�res l�une des conditions de succ�s les plus d�terminantes est, pour les promoteurs de la d�marche, la formation. �Le Maroc ne peut pas afficher des objectifs aussi ambitieux sans avoir les comp�tences et le savoir-faire n�cessaires dans les secteurs vis�s�, a d�clar� le ministre de l�Education, de l�Enseignement sup�rieur et de la Recherche scientifique. Et, de son c�t�, le ministre de l�Emploi et de la Formation professionnelle rench�rit : �La disponibilit� quantitative et qualitative des comp�tences conditionne largement le succ�s du pacte national pour l��mergence industrielle.� Six instituts de formation sp�cialis�es sont mis en place par le minist�re et leur gestion sera d�l�gu�e aux professionnels des secteurs concern�s. De plus, un dispositif d�aide directe aux entreprises pour la formation � l�embauche et la formation continue est mis en place pour les secteurs automobile, a�ronautique, �lectronique et offshoring. L�objectif de la nouvelle strat�gie industrielle est de �mettre en place un secteur industriel fort et cr�er un cercle vertueux de croissance �, a d�clar� le ministre de l�Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies. Minist�re de l�Industrie, minist�re de l�Education, de l�Enseignement sup�rieur et de la Recherche scientifique minist�re de la Formation professionnelle sont des parties prenantes du pacte et doivent imp�rativement atteindre leurs engagements aux c�t�s des op�rateurs industriels publics et priv�s. Le contenu de la strat�gie industrielle est claire, les secteurs prioritaires identifi�s, les moyens financiers mobilis�s et les parties prenantes clairement d�sign�es. Il s�agit bien d�un pacte national pour la mise en place de la nouvelle industrie marocaine. Bien �videmment, ce projet de nouvelle industrie est l�aboutissement d�une s�rie de travaux et d��tudes (confi�s � des bureaux de consulting international) largement d�battus par les acteurs marocains comme le rappelle le ministre de l�Industrie : �Le pacte consacre les principes du dialogue et de la transparence, insiste sur l�importance des ressources humaines, et engage la responsabilit� sociale des entreprises.� Sans le strict respect de ces principes, le projet, pour coh�rent et judicieux qu�il soit, aura peu de chances d�atteindre ses objectifs.