Des lyc�ens qui s�chent les cours, campent aux portes de leur �tablissement ; ou bien, pour les plus hardis, s�aventurent � battre le pav� en brandissant des pancartes o� sont calligraphi�s maladroitement quelques mots d�ordre revendicatif, cela ne rappelle-t-il rien ? Eh ! bien si ! Il s�agit d�un certain octobre 2003 lorsque, pour des raison, pas tout � fait identiques certes, un m�me �chahut de gamins� se r�v�la, par la suite, annonciateur d�une catastrophique ann�e scolaire. Cinq cycles plus tard et avec une autre promotion de potaches, le m�contentement chronique au sein de l�enseignement se manifeste � nouveau dans la rue. Ses cort�ges sont �videmment constitu�s d�une nouvelle g�n�ration mais la f�rule qui les pourchasse est par contre ancienne. Etonnamment, le ministre de l��poque est toujours � son poste de m�me que son sup�rieur hi�rarchique Ahmed Ouyahia. Les m�thodes pour d�nouer les crises aussi. Cela va de soi d�s lors que l�on consid�re la long�vit� dans les fonctions d�autorit� comme l�unique gage de son incon-tes-ta-ble comp�tence comme le fait accroire habituellement tout r�gime rentier. Mais cette bureaucratie gouvernementale, qui s�efforce de faire oublier ses d�rapages du pass�, a aujourd�hui des tracas d�un autre ordre vis-�-vis desquels elle louvoie depuis deux mois sans parvenir � les r�soudre. L�instauration d�un week-end �semi-universel �, le 14 ao�t dernier, parce qu�il n�a pas �t� pr�cis� et accompagn� de circulaires d�application concernant certaines activit�s sp�cifiques, n�est-il pas � l�origine de l�indescriptible d�sordre ? De ce point de vue, l��chantillon grandeur nation est, assur�ment, l�inadaptation p�dagogique de l��cole. Or, dans ce laboratoire de l�avenir, o� l�on exp�rimente avec 8 millions de cobayes, toute erreur de dosage est en soi un crime. Et c�est strictement de cela que les adolescents, encore scolaris�s, veulent s�en pr�munir quand ils r�futent les canevas de cours �r�am�nag�s�. Les parents d��l�ves, � leur tour, expriment leurs inqui�tudes et n�h�sitent pas cette fois � soutenir leur prog�niture. Car enfin qui dans l�opinion de ce pays pourrait admettre silencieusement ces sordides saucissonnages de la semaine dont elle ne sait plus quand v�ritablement elle d�bute ni comment d�signer son dernier jour ? Alors que l�on aurait d� �couter plus t�t et avec attention les mises en garde des praticiens de l�enseignement, quand ils alertaient les cols blancs du minist�re sur les incoh�rences des surcharges quotidiennes, qu�a-t-on fait entre le 13 septembre et le 13 octobre ? L�on a multipli� les martingales comme le font les joueurs de casino ! Tant�t leur a-t-on dit que les cours seront dispens�s en 5 jours de 8 h � 17 h et tant�t on leur sugg�ra de r�cup�rer samedi, pourtant l�galement f�ri� ! Une pagaille sans nom qui non seulement �occulte le c�t� p�dagogique et les r�percussions n�gatives sur les capacit�s d�apprentissage �, comme le soulignent les syndicats d�enseignants, mais plus grave d�boussole et les professeurs et les �l�ves et collat�ralement les parents. Dans les faits, il n�y a aucun ordre ni pr�occupation p�dagogique dans la ventilation journali�re des cours � travers cette organisation. �Ce qui aurait d� se faire, c�est la translation de l�ancien week-end�, explique cet autre syndicaliste. En clair, pourquoi a-t-on peur d�ouvrir les �tablissements le vendredi dans la matin�e ? Troublante question qui �corche les oreilles de l�appareil d�Etat qui d�cid�ment manque d�audace pour s�opposer au diktat des impr�cateurs et de leurs relais au sien de la haute administration. Ainsi, lorsqu�un ministre ose lancer � la cantonade que �vendredi est jour sacr� non n�gociable dans le domaine de l�activit�, l�on n�a plus alors qu�un souhait : celui d�entendre des avis autoris�s en mati�re de �sunna� afin de les comparer aux gesticulations oratoires de ce genre de tartuffes voulant plaire au lieu d��tre efficaces dans leur mission. Et nous pensons vite au pr�sident du Conseil sup�rieur islamique qui, jusque-l� garde le silence sur la question. Cheikh Bouamrane, professeur d�universit� en philosophie, dont les travaux sur la pens�e badissienne constituent la r�f�rence pour les chercheurs actuels, ne serait-il pas, parmi de rares penseurs �clair�s sur le sujet, � m�me de replacer dans le rite religieux l�interpr�tation qui en est faite de cette sacralit� ? Exprimez-vous donc Professeur afin de lib�rer de ses complexes une classe politique plus z�l�e que comp�tente dans la conduite des affaires de la cit� ! Ainsi, bien des aspects insoutenables pouvaient �tre �vit�s lors de cette rentr�e scolaire. Il suffisait aux pouvoirs publics de convaincre, par le fikh, de la licit� spirituelle de vaquer aux activit�s profanes une partie de la journ�e de vendredi et d�op�rer cette fameuse �translation� sans laquelle il n�y a pas continuit� de la semaine. Celle qui marquera son d�but et sa fin ! H�las, enseignants et parents pouvaient-ils exiger cette part de bon sens de quelques ministres dont la r�putation dans l�art du pantouflage est d�j� l�gendaire afin de durer ? Le ministre de l�Education est de ceux-l� sauf que lui est bien plus coupable que ses coll�gues du gouvernement. G�rant le premier budget de l�Etat, il administre �galement une arm�e incomparable de soldats et d�officiers du savoir et surtout oriente l�intelligence future du pays. Lourdes charges qu�il assume depuis plus de dix ans sans qu�elles aient pour autant bonifi� sa pertinence. De nos jours comme il y a cinq ann�es, il porte une bonne part de responsabilit� dans les remous profonds qui secouent le secteur. Comme quoi un ministre est fatalement dans le discr�dit quand son magist�re devient une source de �bons mots�. Mais p�joratifs ceux-l�...