Vote de la peur et de l'intol�rance, d�cision inqui�tante : l'interdiction de construire des minarets en Suisse, adopt�e dimanche par r�f�rendum, a suscit� hier une lev�e de boucliers en Europe et dans des pays musulmans qui d�noncent l'�islamophobie� et la �haine� de l'Islam. Les Europ�ens ont largement d�plor� le choix des Suisses, qui ont vot� � 57,5 % l'interdiction des minarets � l'appel de la droite populiste, et ne cachaient pas leur crainte face aux cons�quences d'une telle d�cision. En 2005 et 2008, des tensions et des manifestations dans le monde musulman avaient suivi la publication de caricatures du Proph�te Mohamed au Danemark. Hier en milieu de journ�e aucun pays musulman n'avait r�agi officiellement. R�sumant un malaise occidental, le ministre fran�ais de l'Immigration, Eric Besson, a d�clar� qu'il �ne faudrait pas donner le sentiment de stigmatiser une religion, en l'occurrence l'Islam�. La pr�sidence su�doise de l'UE a jug� �surprenant� de soumettre un tel sujet � r�f�rendum. �Les Suisses ont un excellent syst�me de consultation populaire, mais parfois il peut �tre utilis� d'une mauvaise mani�re, comme dans ce cas pr�cis�, a jug� la ministre su�doise charg�e de l'Int�gration, Nyamko Sabumi. �Il n'y a pas de probl�mes entre les musulmans et les Europ�ens dans l'Union europ�enne. Les musulmans sont europ�ens�, a assur� la jeune ministre d'origine africaine. Ce vote traduit la peur d'une islamisation de la soci�t� et �cette crainte doit �tre prise au s�rieux�, a n�anmoins estim� un responsable du parti de la chanceli�re allemande Angela Merkel, la CDU, Wolfgang Bosbach. Le ministre fran�ais des Affaires �trang�res, Bernard Kouchner, s'est d�clar� �un peu scandalis� par un vote, expression, selon lui, �d'intol�rance �. D�s dimanche, le grand mufti d'Egypte, Ali Goma�, avait d�nonc� une �insulte� pour tous les musulmans. Il leur a cependant demand� de ne pas se sentir provoqu�s par cette interdiction. Le secr�taire g�n�ral de l'Organisation de la conf�rence islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu, s'est dit hier �d��u et pr�occup� par la �recrudescence des incitations anti-islamiques en Europe�, appelant lui aussi � des r�actions �pacifiques�. La Nahdlatul Ulama, principale organisation musulmane d'Indon�sie, plus grand pays musulman au monde, y a vu un signe de �haine� et d��intol�rance �, tout en appelant elle aussi � �ne pas r�agir avec exc�s�. Ce vote �refl�te l'islamophobie extr�me� des occidentaux a jug�, pour sa part, le Pakistanais Khurshid Ahmad, vice-pr�sident du Jama�t-eislami, parti islamique radical si�geant au Parlement. Pour le Jama�t-ud-Dawa, aile publique pr�sum�e du groupe arm� islamiste pakistanais interdit Lashkar-e-Ta�ba (accus� par l'Inde d'avoir perp�tr� les attentats de Bombay), �cette nouvelle d�cision viole les principes de compr�hension mutuelle et de tol�rance religieuse�. Un influent dignitaire religieux chiite libanais, l'ayatollah Fadlallah, a d�nonc� un vote �destin� � inciter au racisme contre les musulmans en Occident�. En Suisse m�me, le secr�taire g�n�ral de la Conf�rence �piscopale, Mgr Felix Gm�r, a qualifi� ce vote de �coup dur pour la libert� religieuse et l'int�gration �. Le Vatican a abond� dans ce sens, �voquant une �entrave (�) la libert� de religion�, tout en reconnaissant l'existence d'un �sentiment d'aversion et de peur�. Amnesty International a d�nonc� �une violation de la libert� religieuse, incompatible avec les conventions sign�es par la Suisse�. S euls, jusqu'ici, plusieurs hommes politiques italiens, dont un ministre et un pr�sident de r�gion, ainsi que les mouvements d'extr�me droite fran�ais et autrichiens se sont r�jouis du vote suisse.