Jeune, naissant, en devenir� Les organisateurs du FNACA se gardent bien d�user de superlatifs pour parler du cin�ma amazigh dont la 10e �dition du festival �ponyme, qui s�est tenue � Tizi-Ouzou, vient de s�achever apr�s sept jours de projections et de rencontres sur le cin�ma. Au-del� de son aspect festif et de rencontre de nombreux professionnels du cin�ma et du monde de la culture, ce rendez-vous pose en filigrane de nombreuses questions : peut-on parler d�un cin�ma amazigh � l�ombre d�une cin�matographie nationale qui a du mal � d�coller ? S�agit-il de faire des films qui parlent en amazigh ou des films qui parlent sur tamazight ? Si les organisateurs et certains acteurs de la sph�re culturelle admettent la pertinence de l�interrogation, ils ne manquent pas de percevoir la naissance d�une dynamique en mouvement qu�il convient d�accompagner et de soutenir, � travers la tenue de ce genre de rendez-vous cin�matographique qui a �lu domicile � Tizi-Ouzou apr�s neuf ann�es d�itin�rance. Du c�t� du commissariat du festival, on refuse de faire dans le triomphalisme, m�me s�ils disent �tre conscients de faire �uvre de pionniers. �Ce festival boostera la production et cr�era de l��mulation cr�atrice dans le domaine cin�matographique amazigh�, r�p�te H. Assad, commissaire du festival. Tenir un festival en l�absence d�une filmographie riche et diversifi�e et � l�ombre d�un cin�ma national qui n�est pas plus nanti en termes de r�alisations filmiques comporte, dit-on, sa part de r�ve mais non d�nu�e de r�alisme et de lucidit�. �M�me les nains commencent par �tre petits�, plaisante un festivalier, avec un brin de sagacit�. Plus s�rieusement, Tahar Yami, un ex-cadre du secteur de la culture � Tizi-Ouzou qui a eu � diriger la maison de la culture de cette ville et, aujourd�hui, install� en France pense que �cette manifestation est utile et b�n�fique, elle va cr�er une dynamique utile non seulement pour le cin�ma amazigh mais pour l�ensemble de la cin�matographie nationale qui reste le parent pauvre du secteur de la culture qui n�a pas toujours b�n�fici� de tout le soutien qu�elle m�rite. On a besoin de cr�er des d�clics et une dynamique de cr�ation qui aura, on l�esp�re, un effet d�entra�nement sur l�ensemble du secteur, � commencer par la r�habilitation et le renouveau du parc de salles de cin�ma qui sont un maillon important dans le d�veloppement du cin�ma en permettant la diffusion et la visibilit� des films. Il y a toute une g�n�ration d�Alg�riens qui ne connaissent pas le rituel d�une salle de projection de cin�ma. Tenir un festival pour la 10e fois cons�cutive est un fait qui m�rite d��tre signal� et encourag�.� Le po�te d�expression kabyle, Ben Mohamed, abonde dans le m�me sens : �Le festival est une bonne initiative. Il participe au d�veloppement de l�activit� culturelle qui a connu un d�ficit et un ralentissement depuis un certain nombre d�ann�es. La situation ne permettait pas l�expression pour les hommes de culture et les cr�ateurs dont certains ont �t� forc�s � l�exil et d�autres se sont mis en hibernation. Je salue toute initiative qui aiderait � l�essor de l�activit� culturelle. Cela permettra de combler le grave d�ficit cr�� par l��cole qui n�a pas permis le d�veloppement et la diffusion effectifs du savoir.� Peut-on parler de cin�ma amazigh en l�absence d�une riche filmographie ? �Le festival peut favoriser la cr�ation et susciter des initiatives et des vocations. Une �uvre artistique m�me si elle n�est pas bonne est toujours utile. Elle peut stimuler une r�action positive chez un bon cr�ateur qui ressentira le besoin de cr�ation. Il faut produire en quantit� pour permettre � la qualit� d��merger du lot�, dira le p�re du texte de la c�l�bre chanson A vava Inouva interpr�t�e par Idir. Quid de la langue d�expression, s�agit-il de faire des films qui parlent en tamazight ou des films qui parlent de et sur tamazight et de l�amazighit� ? La question irrite visiblement. Pour Hachemi Assad, commissaire du festival, �le cin�ma est un langage universel, c�est une expression artistique qui refuse l�enfermement et qui ne peut pas �tre r�duite au seul aspect linguistique. Ce festival qui porte le g�n�rique film amazigh et qui intervient dans un cadre institutionnel conforme � la constitutionnalisation de tamazight vise � promouvoir le cin�ma alg�rien d�expression amazighe dans ses variantes. Naturellement, les films qui abordent l�amazighit� dans sa profondeur sociologique et civilisationnelle trouvent place dans ce festival. Un festival qui s�enferme dans un carcan ne peut pas �voluer, il se ghetto�se. Lors de la prochaine �dition, nous organiserons un colloque sur la d�finition du cin�ma amazigh. Moi-m�me, je suis sur le point d��diter un essai qui se penchera sur cet objet nomm� cin�ma amazigh qui est �mergent et dont la naissance remonte aux ann�es 1990.� S�il est d�avis qu�il faut �viter l��cueil de la ghetto�sation, Mohamed Bensalah, universitaire et cin�aste, exprime un avis l�g�rement nuanc� : �Ce n�est parce que un film est sous-titr� en tamazight qu�il doit pr�tendre au label cin�ma amazigh. Pour ce faire, le film doit exprimer la profondeur qu�exprime cette identit�.�