Ce n'est pas parce qu'il chausse des lunettes noires pour chanter qu'on le prendrait pour un pr�tentieux. Car c'est ainsi qu'il s'enfonce dans son monde, cette mer �tendue de la po�sie melhoun y naviguant dans sa barque qui progresse sous les vents de la m�lodie et ses humeurs du moment. Kamel Abdelaziz ou Kamel Aziz a align� ses deux pr�noms pour se donner son nom d'artiste. Il n'a que vingt huit ans, non encore accomplis. Mais quel parcours ! Notre chanteur est n� dans un milieu de musiciens, onze fr�res et s�urs, pour certains disparus, dont chacun grattait un instrument. M�me le p�re �tait de la partie. Kamel Aziz, le benjamin, se m�lait � ses a�n�s qui affectionnaient la musique moderne, tendant l'oreille d�s l'�ge de neuf ans. Ainsi, il admira la basse et la guitare. R�ceptif au flamenco et au blues, il commen�a par jouer � la guitare des airs de Paco de Lucia et d'Eric Clapton quand il n'avait qu'onze ans. Sentant germer sa vocation de chanteur et de musicien, il s'inscrit � l'association El-Founoun El-Djamila d�pendant des Beaux-Arts d'Alger o� il croisera sur son chemin le professeur Abdelmadjid Boumaza et se mettra sous son aile. Il y sera actif pendant plus de quatorze ann�es pour apprendre la musique andalouse et d�couvrir les noubas. De son aveu, il exercera sa voix en s'alignant sur le classique tout en se permettant des fantaisies. La guitare, le mandole, le banjo, le piano, le kanoun sans n�gliger le violon et enfin le rbab passeront entre les mains de Kamel Aziz et forgeront sa polyvalence. Deux ans aupr�s du professeur Kateb Nadjib, qui dirigera la troupe andalouse Essendoussia, ne resteront pas sans influence b�n�fique. Cette libert� le poussera � l'�coute du cha�bi qui fut sa plus grande s�duction. Il trouva enfin sa vocation port�e par l'admiration d'Amar Ezzahi qu'il imitera � ses d�buts. Il se lancera le d�fi d'�tre l'excellent chanteur cha�bi prometteur d'aujourd'hui. De son propre chef, il s'inscrira au concours de la chanson cha�bi en 2006 et d�crochera le troisi�me prix. On sait, par nature, que la douleur nourrit le talent de l'artiste. La disparition brutale des quelques fr�res et une s�ur, tous musiciens, a �lev� la sensibilit� de notre jeune artiste. La premi�re chanson qu'il interpr�tera en public sera Korsani ghanemtant pris�e par feu El-Hachemi Guerrouabi. Le g�ant Amar Ezzahi a �t� et est toujours sa source d'inspiration et son mod�le. G�n�reux, comme � son habitude, le grand ma�tre ne sera jamais avare de textes qu'il offre � son cadet en puisant de son diwan. Yacine Fertas instruira, par ailleurs, Kamel Aziz sur certains textes. Notre chanteur ne se contentera jamais de coller � l'image d'un chanteur aussi grand soit-il. Il entend se dessiner une empreinte personnelle. Ses m�lodies, son programme et sa voix s'�loignent peu � peu de ceux des cheikhs les plus connus. Kamel Aziz a distill� son parfum personnel puisqu'il se refuse d'�tre un clone. Il est lui-m�me dans ses touachi, ses khanates, ses mremates et ses qacidate. Il peut aussi bien faire revivre El-Harrachi, El-Badji qu'Ezzahi des ann�es 1970. Mieux encore, il s'aventure dans des textes in�dits. Lors de notre entretien, j'ai per�u qu'il �tait ouvert � la communication moderne. C'est pourquoi cent quatre extraits de ses chansons sont diffus�s sur Youtube et Dailymotion. Homme sans pr�tention que celle du talent, il �coute et reste friand de conseils en toute humilit�. Le plaisir que nous tirons, nous les fans du cha�bi, de savoir qu'une rel�ve �merge, nous donne un espoir sans limites. Alors, nous souhaitons bonne chance � Kamel Aziz qui tracera, nous en sommes convaincus, d'autres chemins de ce grand patrimoine par malheur d�laiss�.