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A�N MADHI (COMMUNE DE LAGHOUAT)
Sur les traces d�Aur�lie Picard, princesse des sables
Publié dans Le Soir d'Algérie le 11 - 04 - 2010

Par cette belle journ�e ensoleill�e du mois d�avril, nos p�r�grinations nous conduisent � Kourdane, � quelques kilom�tres de A�n Madhi, commune de Laghouat, sur les traces d�Aur�lie Picard, au pied du djebel Amour.
Aur�lie Picard, alias Lalla Tidjania ou Lalla Yamina, cette jeune Lorraine � l��trange destin ! En 1871, � tout juste 22 ans, elle quittait son pays natal pour les contr�es lointaines du sud, aux c�t�s de son mari Si Ahmed Tidjani, descendant du Proph�te et chef de l�influente confr�rie de la Tidjania. Fort de leur amour et bravant tous les obstacles, ce couple atypique conna�tra de belles ann�es de bonheur dans cette r�gion du Sud alg�rien.
Coup de foudre � Bordeaux
C�est � Bordeaux en 1870 que Si Ahmed fait la connaissance d�Aur�lie Picard, une jeune modiste, issue d�un milieu pauvre. Ebloui par sa beaut� et son �l�gance, le prince musulman demande sa main � son p�re, gendarme de son �tat. Ce dernier accepte mais � une seule condition. R�pudier ses trois autres �pouses et faire d�Aur�lie son unique femme. La future princesse des sables est aux anges. Tr�s ambitieuse, elle a toujours r�v� d�am�liorer sa condition sociale. Son amoureux la couvre de bijoux et lui promet la vie de ch�teau. Aur�lie Picard est conquise. Apr�s bien des p�rip�ties, le couple regagne Alger via Marseille � bord du nouveau paquebot-poste le Duc d�Aumale. Il leur faudra plus d�une ann�e avant de pouvoir concr�tiser leur union. Et pour cause, il est musulman, elle est catholique fran�aise. Leur mariage provoquera un esclandre. En attendant, le fianc� couvre sa dulcin�e de cadeaux. Il lui offre m�me un cheval appel� El Ghazal. Pour tromper l�ennui de ces journ�es qui s��tirent en longueur, Aur�lie fait de longues balades, chevauchant � travers la for�t de Ba�nem et sur les collines de Bouzar�ah. Le couple, entour� de serviteurs, habite une villa mauresque � Saint- Eug�ne, � Alger (Dar Essa�da : la maison du bonheur). Apr�s moult p�rip�ties, leur mariage est enfin c�l�br� par le cardinal Lavigerie et b�ni par le moufti Bou Kandoura. Aussit�t apr�s, la caravane de Si Ahmed Tidjani s��branle. Direction le Sud. Traversant le Sahara � dos de chameaux, le couple atteint, quelques jours plus tard, la zaou�a d�Abou Madhi, � environ 80 km de Ouargla.
Palais de Courdane
Aur�lie Picard y fera b�tir une somptueuse demeure : le palais de Courdane (d�formation de cour des dames, selon certaines sources). Commenc�e en 1883, la construction de ce palais s�ach�ve en 1891 sous l��il avis� de la princesse des sables qui en supervise chaque �tape. Tout autour, un v�ritable �crin de verdure est am�nag� : jardin d�agr�ment, vasques en alb�tre supportant des jets d�eau, all�es ombrag�es et des vergers orn�s de pistachiers (betoum), orangers, palmiers, figuiers, citronniers, n�fliers... C�est l� que vivra Lalla Tidjania, apprenant l�arabe, adoptant les tenues vestimentaires et les coutumes du terroir. La Lorraine fait construire des �coles et des dispensaires. Tr�s vite, elle force l�admiration de tous et exercera une grande influence au sein de la communaut� malgr� la jalousie de ses rivales qui ne pardonneront jamais � cette Fran�aise d�avoir conquis le c�ur de leur chef. Seule ombre au tableau, Aur�lie Picard ne conna�tra jamais le bonheur d��tre maman. Ainsi, elle vivra avec le regret de n�avoir pas pu donner un h�ritier � la dynastie Tidjania. Elle rendra l��me au soir du 28 ao�t 1933 � 84 ans � Kourdane. C�est dans le petit cimeti�re, � proximit� de la demeure o� elle v�cut si heureuse et au pied du djebel Amour qu�elle repose aujourd�hui. Sur sa tombe, on peut lire : ici la tombe de Mme Aur�lie, �pouse El Cheikh Ahmed Ammar, petit-fils de Elghout Sidi Ahmed El Tidjani, d�c�d�e musulmane le lundi 28 ao�t 1933. Quant � son mari, Si Ahmed Tidjani, il est d�c�d� le 20 avril 1897 et enterr� dans la zaou�a de A�n Madhi, � un tir-d�aile de Kourdane.
Un v�ritable cr�ve-c�ur
Lors de notre passage sur ces lieux, nous avons constat� avec regret que le palais de Courdane �tait compl�tement � l�abandon. Une bonne partie de ce patrimoine tombe en ruine. En bas, dans les anciennes �curies, gisent p�le-m�le de vieilles pi�ces de voitures, des ailes d�anciens v�hicules rouill�s, un fatras de ferraille... Les portes du palais ont �t� scell�es, laissant les quelques rares visiteurs et touristes sur leur faim. Seule la cal�che d�Aur�lie Picard, parqu�e au niveau des �curies, semble avoir r�sist� au temps. Des enfants insouciants y grimpent pour s�amuser, ignorant sans doute l�histoire de Lalla Yamina. Mais o� sont pass�s les meubles d��b�ne incrust�s de nacre, le lit � baldaquin d�Aur�lie, son piano, les tapis pr�cieux du djebel Amour et les autres meubles ? Dans son roman intitul� Djebel Amour, paru en 1978, Roger Frison-Roche consacre un passage � la p�riode o� Aur�lie Picard meublait sa maison. �Un �b�niste renomm� de La Casbah avait re�u les plans des boiseries qu�elle avait elle-m�me ex�cut�s... Un grand magasin d�ameublement de la rue d�Isly avait procur� une tr�s belle salle � manger Henri II dont le style aust�re lui paraissait digne du grand ma�tre de la Tidjania. Le vaisselier, les armoires des chambres, les lits avaient �t� fabriqu�s en style empire, d�autres conservaient une allure bourgeoise et louis-philipparde... Elle avait fait l�achat d�un salon syrien de tr�s haute qualit� en bois de c�dre incrust� de nacre et d�une tr�s grande glace biseaut�e, magnifiquement mise en valeur par un cadre de bois dor� de style hach�mite... Rue d�Isly �galement... elle acheta une dizaine de services de table en porcelaine de Limoges ou de Saxe, une imposante verrerie de Boh�me et une argenterie � plein titre...� Un gros entrepreneur de transport de la Mitidja lui loua six camions, tir�s par six chevaux... Le plus lourd �tait l��norme masse de carreaux de fa�ence et de c�ramique destin�s � orner les murs et les sols de Kourdane. Sur sa demande depuis de longs mois, des interm�diaires arabes achetaient tous les azulejos, provenant des maisons mauresques que l�on avait d�molies... de magnifiques azulejos, des Delft aux tons p�les...� Le palais de Courdane peut encore �tre sauv�. Salon, chambre des fid�les, boudoir, v�randa � colonnes de marbre peuvent encore �tre sauvegard�s . R�habilit�, ce site paradisiaque pourrait devenir une belle destination touristique. Il y a une telle charge �motionnelle qui se d�gage de ce lieu o� flotte l��me de ce couple qui s�est tant aim� malgr� toutes leurs diff�rences : religion, couleur de peau, langue...
Le roman de Frison-Roche
Dans Djebel Amour, son roman publi� en 1978, le journaliste et �crivain Roger Frison-Roche retrace la vie de cette pionni�re, tomb�e amoureuse du d�sert alg�rien. Voici un extrait de la pr�face de ce livre : �J�ai d�couvert Kourdane... en 1949. Pour �tre pr�cis, le 10 juin. J�accomplissais, pour le compte de l�Echo d�Alger, une grande enqu�te dans les coins les plus recul�s de l�Alg�rie... J�arrivais un matin en vue du palais de Kourdane, construction insolite au pied de l�Atlas saharien, face � l�immensit� du Sahara. Le palais et ses annexes gisaient dans le silence et la touffeur de l��t� saharien. Les jardins abandonn�s �taient envahis par les ronces, les jujubiers, l�alfa et l�odeur p�n�trante du chih flottait sur les ronciers, anciens parterres de roses revenus � l��tat sauvage.. Kourdane reposait dans le silence et l�oubli. Il y avait un peu plus de poussi�re sur le piano et sur les partitions abandonn�es...� Ce joyau architectural implant� au c�ur de la cit� d�A�n Madhi ne demande qu�� rena�tre de ses cendres.
A bon entendeur...
SabrinaL


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