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Benachenhou revient sur la mort de Amirouche
Boussouf et Boumedi�ne, victimes de la Bleuite� � titre posthume
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 05 - 2010

Des ann�es apr�s l�ind�pendance, en �voquant la mort des deux chefs de wilaya, certains combattants laiss�rent insinuer qu�un message radio envoy� aux int�ress�s par le GPRA et intercept� par l�ennemi aurait permis de situer l�itin�raire du groupe Amirouche-Haou�s en partance pour la Tunisie. Pour ceux qui ont le privil�ge de conna�tre Si Amirouche, ils sauront qu�un chef de sa trempe ne r�v�lait jamais � l�avance ses intentions et encore moins le ou les itin�raires qu�il voulait emprunter, si bien qu�il est impensable qu�il ait �t� donn� par quelqu�un de son entourage et encore moins par l�ext�rieur. En fait, la disparition de Amirouche-Haou�s est due � une op�ration anodine et de routine de l�arm�e fran�aise, comme l�ennemi avait l�habitude de d�clencher par les troupes du secteur quasi quotidiennement.
(Mustapha Tounsi,
Il �tait une fois la Wilaya IV,�ditions Casbah, Alger, 2008).

Par Mourad Benachenhou
Le colonel Amirouche n�a voulu �tre ni le successeur de Fatma Nsoumer, ni l��mule du Bachagha Mokrani. Il a consacr� sa vie � la lutte pour la lib�ration de la nation alg�rienne.
La mort h�ro�que de Amirouche peut-elle �tre instrument�e pour des causes r�gionalistes ?
On ne peut trouver dans son parcours politique ou dans ses d�clarations rien qui prouve qu�un jour il ait d�vi� du choix politique qu�il a embrass� d�s sa prime jeunesse, celui de contribuer � la renaissance d�une Alg�rie libre, ind�pendante et unie au-del� des diff�rences r�gionales et de la diversit� culturelle propres � notre pays. Il a milit� dans un parti nationaliste, fond� et dirig� par Messali Hadj, et dont l�objectif, clairement �nonc� d�s 1926, par ce leader encore jusqu�� pr�sent objet de censure, �tait l�Ind�pendance nationale. Arr�t� en 1950 par les services de s�curit� coloniaux, et alors qu�il exer�ait le m�tier d�horloger � Relizane, Amirouche est condamn� � la prison, en m�me temps que des militants nationalistes, tels que Rabah Bitat, forgeron � A�n-T�mouchent, Bensa�d Abderrahmane, commer�ant � El-Amria, Benali Benachenhou, tisserand � Tlemcen et bien d�autres. Amirouche a laiss� parmi ses compagnons de la prison militaire d�Oran, le souvenir d�un nationaliste convaincu, ayant en horreur le r�gionalisme, m�me sous ses formes les plus b�nignes. Il projetait alors l�image d�un homme courageux, �quilibr�, calme, plut�t tacite, d�une tr�s grande courtoisie, n��levant jamais la voix, m�me lorsqu�il ne partageait pas l�avis de ses camarades de cellule, et �galement d�un fervent musulman, tr�s attach� � l�Islam, et ne manquant jamais ses cinq pri�res. D�j�, � l��poque apparaissaient les qualit�s de leadership qui devaient lui permettre d�acc�der au poste de colonel commandant la Wilaya III, � l��ge de 32 ans.
La Bleuite, une erreur de jugement d�vastatrice
Il est �vident que le lourd fardeau des responsabilit�s et l�ampleur des risques accept�s, jointes � la situation de tension permanente qui est propre � la guerre de gu�rilla, peuvent avoir �t� les facteurs ayant provoqu� le changement profond dans la personnalit� de Amirouche, changement qui explique, sans les justifier, certaines de ses actions et de ses d�cisions, qu�il a prises de son propre chef et sur la base de ses propres analyses. Parmi les d�cisions les plus contest�es qui lui sont reproch�es, la plus grave a �t� le cr�dit, malgr� les mises en garde qu�il a re�ues de ses camarades de combat comme de ses sup�rieurs hi�rarchiques qu�il a accord� aux fausses informations diffus�es par l�ennemi, informations jetant le doute sur la loyaut� et le patriotisme de membres de l�ALN. La �Bleuite�, op�ration de manipulation diabolique, con�ue et mise en �uvre par le capitaine Paul-Alain L�ger, capitaine du 1er R�giment de parachutistes �trangers, v�t�ran de la guerre d�Indochine, avec l�accord de son sup�rieur hi�rarchique de l��poque, le colonel Godard, dans le cadre du �Groupe de renseignement et d�exploitation�, cr�� fin 1957, � la suite de la bataille d�Alger, a commenc� � donner ses effets n�gatifs sur la Wilaya III le 21 janvier 1958, date de l�ex�cution de la premi�re victime de cette manipulation.
Des preuves incontestables de la responsabilit� personnelle et directe de Amirouche
La responsabilit� personnelle de Amirouche dans le lancement de cette campagne comme dans sa mise en �uvre ne fait aucun doute. Une d�claration du lieutenant Rachid Adjaout r�v�le, suivant un article r�dig� par A�t Ouakli Wahib, article publi� dans le quotidien l�Expression, l�incident qui a fait d�marrer cette phase particuli�rement sanglante de la lutte de Lib�ration nationale. Voici ce que r�v�le, entre autres, cet article, dont on passe les d�tails, car tout un chacun peut le consulter sur internet.(http://www.eepad.dz/in formation/melh_elbled/lire.php? ref=5764). �Se rendant � A�t-Moussa pour enqu�te, le colonel Amirouche tombe nez � nez avec Rosa Tadjer ; recrut�e � Alger et qui �tait la pi�ce ma�tresse du r�seau. Ayant � peine �chang� quelques phrases avec cette femme, notamment sur les circonstances de son recrutement, le colonel de la Wilaya III s�est rendu � l��vidence qu�un complot le visait lui et la wilaya qu�il commandait.� Cette affirmation prouve, s�il le fallait encore, qu�au lieu de se borner � consid�rer que cette jeune fille �tait un agent av�r� des services secrets ennemis pour une op�ration isol�e, Amirouche a imm�diatement mis cette espionne au centre d�un complot qui le visait comme il visait la Wilaya III. Adjout ne fait r�f�rence � aucun �change de vue entre le Colonel et quelque membre que ce soit du commandement de sa wilaya pour discuter de son hypoth�se. Imm�diatement apr�s la capture de cet agent double, rapporte le m�me article, est mis en place au niveau de la Wilaya III un �comit� d��puration�, co-pr�sid� par Rachid Adjaout et Hac�ne Mahiouz, assist�s de Hmimi Oufadhel et Mohand Oulhadj. Il est �vident que ce �comit� � ne pouvait avoir �t� constitu� sans l�ordre expresse de Amirouche, dont c��tait certainement l�id�e, car il aurait �t� inimaginable, dans les circonstances que connaissait alors cette wilaya, au vu du style de commandement de Amirouche, comme au vu du fait que c��tait lui qui avait qualifi� la mission de Rosa de complot visant sa personne et sa wilaya, que quelqu�un d�autre que lui ait avanc� cette id�e, qui laissait planer le doute sur la fid�lit� de tous les combattants et auxiliaires de la Wilaya III. Il est certain que tout autre responsable que lui qui se serait hasard� � �mettre l�id�e de la mise en place d�un �comit� d��puration� wilayal aurait �t� le premier � y �tre d�f�r� et en subir les d�cisions mortelles. Quant aux tortures et aux ex�cutions subies par les victimes, l�affirmation, r�p�t�e par certains partisans durs et purs de Amirouche, qui ne peuvent qu��tre lou�s pour leur loyaut� envers lui, suivant laquelle elles ont �t� pratiqu�es sans le consentement et l�ordre direct de Amirouche, est simplement invraisemblable. La notion de s�paration des pouvoirs n�a pas �t� clam�e comme une caract�ristique du syst�me intentionnel de l�ALN et du FLN !
La lettre-circulaire aux colonels et la r�union inter-wilayas de Oued-Asker
Un second �l�ment qui renforce le point de vue selon lequel la responsabilit� de Amirouche dans le d�clenchement et la mise en �uvre de cette vaste tuerie, dont la justification a un rapport t�nu avec les manipulations des services secrets ennemis, est la correspondance qu�il a adress�e � ses coll�gues des autres wilayas, correspondance dat�e du 3 ao�t 1958, o� il �crit, selon diverses sources, aux commandants des autres willayas, entre autres, ceci : �Cher fr�re, j�ai le devoir de vous informer, en priant Dieu pour que ce message vous parvienne � temps, de la d�couverte en notre willaya d�un vaste complot ourdi depuis de longs mois par les services fran�ais contre la r�volution alg�rienne. Gr�ce � Dieu, tout danger est maintenant �cart�, car nous avons agi tr�s rapidement et �nergiquement. D�s les premiers indices, des mesures draconiennes �taient prises en m�me temps : arr�t du recrutement et contr�le des personnes d�j� recrut�es, arrestation des goumiers et soldats �ayant d�sert�, arrestation de toute personne en provenance d�autres willayas, arrestation de tous les djounoud [soldats] originaires d�Alger, arrestation de tous les suspects, de toutes les personnes d�nonc�es de quelque grade qu�elles soient et interrogatoire �nergique de ceux dont la situation ne paraissait pas tr�s r�guli�re� Les tra�tres sont surtout des personnes instruites, intellectuels, �tudiants, coll�giens, m�decins et enseignants. � Amirouche prend m�me l�initiative d�inviter ces commandants de wilaya � une r�union qui se tient � Oued-Asker (sur les hauteurs de Taher) du 6 au 12 d�cembre 1958, et � laquelle prennent part, outre Amirouche, respectivement les colonels suivants : Wilaya I : Hadj Lakhdar (Aur�s- N�memchas), Wilaya IV : Si M�hamed (Centre), Wilaya VI : Si El Haou�s (Sud). Etaient absents le colonel commandant la Wilaya II Ali Kafi (Nord-Constantinois), repr�sent�, cependant, par le capitaine Lamine Khene, et le colonel commandant la Wilaya V Lotfi (Oranie et Sud-ouest). Il est � souligner que certains des responsables pr�sents � cette r�union avaient �mis des r�serves quant � sa l�galit� du fait qu�elle contrevenait � un ordre du Comit� de coordination et d�ex�cution, alors organe supr�me du FLN/ALN, qui interdisait les r�unions interwilayas sans autorisation pr�alable de ce comit�. Mustapha Tounsi, dans son ouvrage cit� en exergue du pr�sent article, rapporte les d�tails de cette r�union, � laquelle il avait pris part, en tant que membre de la d�l�gation de la Wilaya IV (voir : Purges, liquidations, �tasfiyate� Les non-dits des ann�es terribles, El Watan du 27 octobre 2005, article sign� par Boukhalfa Amazit, ainsi que les diff�rents interviews de Lamine Khene portant sur le m�me sujet).
Des t�moignages objectifs concordants
� ces informations, donn�es par les acteurs de cette trag�die, il faut ajouter les t�moignages et les �crits sur cette phase terrible de la guerre de Lib�ration nationale, qui ne manquent pas ; on se limitera � mentionner ici l�autobiographie du regrett� Ferhat Abbas (24 octobre 1899 -23 d�cembre 1985) racont�e dans son ouvrage intitul� : Autopsie d�une guerre( �ditions Garnier , Paris,1980 ), qui donne des d�tails - y compris la r�action de Krim Belkacem et la d�cision du CCE d�ordonner l�arr�t des poursuites et des ex�cutions � sur le d�clenchement et les victimes de cette �puration massive, et l�ouvrage de Mohammed Harbi, Le FLN, mythes et r�alit�s, (�ditions Jeune Afrique, 1988) ainsi que l��tude de Gilbert Meynier : Histoire int�rieure du FLN(Fayard, 2002).
Ageron et les �purations massives
Un article exhaustif et particuli�rement accablant sur les �purations a �t� r�dig� par le regrett� professeur Charles Robert Ageron (6 novembre 1923 - 3 septembre 2008). La pr�paration de cet article s�rieux, fond� sur des crit�res scientifiques rigoureux, au-dessus de toute critique subjective, a d� exiger une recherche documentaire approfondie ne n�gligeant aucune source �crite ou orale d�information sur les p�rip�ties en cause. Son auteur a choisi de lui donner le titre suivant, suffisamment parlant pour refl�ter le contenu de ce travail de fonds : Complots et purges dans l�Arm�e de lib�ration nationale (1958-1961), (Revue d�histoire du XXIe si�cle, volume 59, 1998, pp. 15-27 http://www.persee.fr/web/revue s/home/prescript/article/xxs_02 94- 1759_1998_num_59_1_3775). Cet historien de m�tier donne des pr�cisions incontestables et extr�mement d�taill�es sur ces purges et avance des chiffres terribles sur le nombre des victimes de ces �purations, chiffres bas�s non seulement sur les rapports de la gendarmerie et de l�arm�e ennemies, mais �galement sur des documents trouv�s dans la sacoche de Amirouche par les soldats coloniaux, et sur des t�moignages et des documents officiels alg�riens. Il mentionne �galement que des listes de noms de nombre de ces victimes existent dans les archives militaires de Vincennes. Il est loisible pour tout un chacun de consulter sur la toile web cet article �crit par un historien dont on conna�t la sympathie pour le mouvement de Lib�ration nationale, et dont la mort a donn� lieu � des articles �logieux sur la presse nationale tant publique que priv�e.
2 812 supplici�s, selon Ali Yahya Abdenour !
Il faut �galement mentionner Ali Yahya Abdenour, que l�on ne peut d�noncer comme partisan du pr�sent r�gime ou en provenance de la m�me zone g�ographique que celui actuellement au pouvoir ; Ali Yahya prononce cette phrase terrible dans une interview accord�e au quotidien national La Nouvelle R�publique, dat� du 4 novembre 2004 (propos recueillis par Nadjia Bouaricha, voir : http://www.algeriawatch. org/fr/article/hist/1954- 1962/novembre_04/ali_yahia_in dependance.htm). �Nousm�mes on a tortur� et on a tu� 2 812 jeunes �tudiants, surtout des lyc�ens. La plupart de ces jeunes �taient des fils de paysans, m�me s�il y avait quelques fils de notables et de commer�ants, de ka�ds, mais la plupart �taient des enfants de paysans qui �taient instruits, repr�sentant donc une menace pour les gens qui avaient pris le maquis et n��taient pas instruits. � Cette affirmation ne demande aucun commentaire tellement elle est claire. Ali Yahya Abdenour est trop connu pour son combat en faveur des droits de l�homme et la d�mocratie, et sa personnalit� est trop respectable pour qu�on s�avise, sans perdre sa propre cr�dibilit�, � mettre en cause le chiffre terrible et les observations profondes qu�il fait sur les ressorts psychologiques et les motivations de revanche sociale qui ont anim� tous les acteurs de cette trag�die digne de la mythologie grecque antique, o� les meilleurs des fils de la R�volution ont �t� d�vor�s par les Gorgones � la violence gratuite et destructive et � l�abjecte laideur !
La mort de Amirouche, un simple hasard tragique de la guerre
Pour ce qui est des circonstances de la mort de Amirouche et de Haoues, m�me des chercheurs avis�s comme Hamou Amirouche, un des secr�taires personnels de ce colonel, commettent l�imprudence, de mani�re plus ou moins directe ou plus ou moins voil�e, de la mettre sur le compte d�un acte de trahison. Voici ce qu��crit Hamou Amirouche, entre autres : �La mort de Si Amirouche en route vers Tunis pour �r�gler des comptes� avait-elle �t� voulue par certains des n�tres ? Y avait-il des taupes au sein de l��tat-major g�n�ral ? Je me mis � songer � ce que m�avait r�v�l� d�un air de conspirateur, le Commandant� � (Akfadou, Un an avec le Colonel Amirouche, Casbah �ditions, 2009, p. 270). Le nom que Hamou Amirouche a cit� a �t� volontairement pass� sous silence. Rien, cependant, dans les conditions qui ont abouti � la mort tragique des colonels Amirouche et Haoues, aucun indice, aucune �fum�e� qui corroboreraient les soup�ons, maintes fois repris, d�une trahison en provenance des chefs hi�rarchiques de Amirouche ! On peut affirmer, sans la moindre r�serve mentale, et sans courir le risque d��tre d�menti par des informations que d�couvriraient plus tard des historiens, que cette �histoire � dormir debout�, comme l�a si bien qualifi�e Rachid Adajout, officier de l�ALN, membre du secr�tariat particulier du colonel Amirouche, interview� par Abdenour Si Hadj Mohand, est le pur fruit de l�imagination maladive et fertile de ceux m�mes qui ont invent� la �Bleuite� et voudraient prouver qu�en fait Amirouche aurait eu raison de mener son op�ration d��puration, puisque des �traitres� se seraient m�me gliss�s au sommet de la hi�rarchie du syst�me FLN/ALN. Le capitaine L�ger, d�c�d� en 1999, doit se r�jouir dans sa tombe du succ�s de son action d�intoxication qui a r�ussi � jeter une ombre de doute m�me sur les hauts responsables de la guerre de Lib�ration nationale.
Une information diffamatoire sans fondements
Cette information diffamatoire n�a, pourtant, re�u aucune confirmation, apr�s tant d�ann�es qui s�parent les �v�nements en cause de ce jour, de la part des ennemis de l�ind�pendance de l�Alg�rie, qui ont pris part � l�action militaire en cause. S�il y avait un brin de v�rit� dans cette diffamation, tous les g�n�raux de France et Navarre, tous les historiens militaires qui ont gard� la nostalgie de la colonisation et n�ont, jusqu�� pr�sent, pas dig�r� leur d�faite politique, n�auraient pas h�sit� non seulement � raconter les circonstances les plus secr�tes de cette �histoire � dormir debout�, mais �galement � donner le nom r�el, ou, s�ils l�ignoraient, le nom de code de l�op�rateur radio alg�rien qui aurait pass� l�information, et le nom de l�op�rateur ennemi qui l�aurait re�u, avec, �videmment, mention de son grade, de m�me que la longueur d�onde et la fr�quence utilis�es pour la communication ! Les �crits sur l�op�ration d�intoxication et de noyautage par le capitaine L�ger ne manquent pas. Cet acte de barbarie et de fourberie est consid�r� comme l�un des grands faits de guerre de l�arm�e ennemie. Et il est certain que les �coles militaires tant de l�ancienne colonie que d�autres pays �tudient avec int�r�t cette action de d�stabilisation �r�ussie �. Mais, jusqu�� pr�sent, ce que r�p�tent les historiens qui font �tat de cette version de la mort de Amirouche et de Haoues, c�est seulement ce que certains Alg�riens continuent � ressasser, alors que cette version n�a rien, m�me pas le moindre indice, le moindre brin de preuve, si microscopique soit-elle, pour la soutenir !
Quelques d�tails sur la bataille de Djebel Thameur fournis par l�ennemi et confirm�s par les t�moins alg�riens
�La rencontre des escortes des deux colonels avec les forces coloniales �tait fortuite�, comme le signale Farouk Zahi, dans un article r�dig� � l�occasion du 50e anniversaire de la bataille du Djebel Thameur. (http://www.vitaminedz.com/arti cles-15892-28-15380). En luim�me, le combat qui a abouti � la mort de Amirouche et de Haoues n�a rien d�extraordinaire, en temps de guerre, dans son d�marrage comme dans son d�roulement et son issue. Un accrochage entre trois moudjahidine en arri�re-garde, rep�r�s par un avion d�observation ennemi, et une section ennemie les pourchassant, fait d�couvrir par l�ennemi la pr�sence d�une importante unit� de l�ALN. D�ailleurs, un petit commando isol� de l�ALN, en provenance de la Wilaya III et en mission en Wilaya VI, mieux camoufl�, et dirig� par Omar Ramdane, l�ancien responsable du Forum des chefs d�entreprises, �tait dans les parages et avait �chapp� � la vigilance de l�ennemi. Laissons des acteurs, ennemis, de cette trag�die, donner la suite des �v�nements. Voici ce qu��crit sur un aspect de la bataille un officier ennemi du 6e R�giment de Parachutistes d�infanterie marine, command� par le colonel Ducasse, et dont l�unit� a particip� au combat en m�me temps que 3 escadrons blind�s, le 584e R�giment du commandant Waisse et le 126e R�giment d�infanterie compos� de tirailleurs s�n�galais, au total, environ 2 500 hommes du c�t� ennemi contre un maximum de 121 hommes du c�t� de l�ALN : �Le 28 mars, une nouvelle fait rapidement le tour du r�giment : Amirouche serait dans la r�gion ! Les paras l'ont manqu� de peu le 22 mars, mais ils ont captur� son secr�taire. Gr�ce aux renseignements obtenus aupr�s de la population, le colonel Ducasse a mont� une op�ration malgr� les r�ticences des autorit�s de secteur. Dans l'aube naissante, les unit�s se mettent en place discr�tement. Les paras sont � pied d'�uvre sur les pentes du Djebel Thameur. En silence, les paras gravissent les flancs de la montagne. Chaque compagnie s'infiltre dans le djebel et le fouille m�ticuleusement. � midi, l'ennemi, fix�, ne peut plus s'�chapper. Le 6e RPIMa entre alors en action. Trois compagnies sont d�ploy�es : la 4e Cie � l'ouest, la "1" au centre et la "2" � l'est. En r�serve, la "3". Les fells ajustent leurs coups comme � l'exercice. On grimpe en rampant, des hommes tombent...
Le combat est tr�s dur. Il faut r�duire s�par�ment chaque nid de r�sistance. Une multitude de duels se livre de trou � trou. Les grenades d�tonent s�chement, les rafales cr�pitent... Les fells tentent un ultime baroud : 7 HLL sont tu�s et 3 prisonniers. L'un d'eux, terroris�, d�clare : �Je suis l'agent de liaison d'Amirouche�. L'information circule : �Attention ! Amirouche porte une tenue camoufl�e et une casquette de parachutiste. Rien qui lui ressemble dans les morts et les prisonniers. Une compagnie re�oit la mission de fouiller la zone. Un rebelle est rep�r� dans un �boulis, au bord d'une falaise. Quatre paras l'ajustent et le criblent de balles. Le rebelle est habill� de la fameuse tenue camoufl�e, mais il n'a pas de casquette. Les paras sont pratiquement s�rs d'avoir tu� Amirouche. Les traits ne sont pas alt�r�s et le visage correspond bien aux photos de presse publi�es � l'occasion des sinistres exploits du tueur. Plusieurs musettes contenant l'organigramme et des documents de la Willaya III semblent l'attester. Le colonel Ducasse en est persuad� quand des prisonniers confirment l'identit� du mort. D�s lors, c'est le d�fil� des autorit�s et des g�n�raux (seul le g�n�ral Massu passera un long moment avec les 7 bless�s du r�giment). Plus tard, 16 Kabyles identifieront formellement le corps.� Il s�agit l� d�un r�cit sec, mais avec suffisamment de d�tails pour ne laisser aucun doute sur les circonstances de la mort, h�ro�que, faut-il le souligner ? du colonel Amirouche ! Dans un combat, � combien in�gal ? o� � chaque moudjahid �taient oppos�s 20 soldats ennemis appuy�s par un armement divers, puissant et sophistiqu�, les djounoud et officiers alg�riens ont fait montre d�un courage sans borne. De quel courage doit faire preuve un adversaire appuy� par l�artillerie, les blind�s, les h�licopt�res lourds Sikorski, et une logistique abondante ? Dans cette bataille in�gale, ce sont les moujahidine qui ont eu le dernier mot, m�me s�ils ont �t� d�cim�s pratiquement jusqu�au dernier ! Cette bataille est un exemple de la disproportion des forces en pr�sence pendant toute la guerre de Lib�ration nationale et une r�ponse � tous les d�nigreurs professionnels qui continuent � clamer haut et fort que l�Ind�pendance a �t� donn�e aux Alg�riens ! Il n�est nullement question, donc, de diminuer le m�rite de ceux qui sont all�s jusqu�au sacrifice supr�me devant des forces nettement sup�rieures ; mais seulement de rappeler que l�h�ro�sme ne peut contrebalancer les erreurs qui ont failli amener la lutte de Lib�ration nationale � une issue fatale. � pr�ciser que le nombre des victimes de la bataille, qui a dur� deux jours, les 28 et 29 mars 1959, du c�t� de l�ALN, a �t� de 108 morts et 13 prisonniers, dont le commandant Amar Driss, adjoint du colonel Haoues et responsable du groupe de 40 hommes charg�s de la protection rapproch�e de Amirouche et de Haoues, qui fut ex�cut� sommairement apr�s avoir �t� tortur� par l�ennemi.
Dans le d�roulement de la trag�die et la mort du colonel Amirouche, rien qui m�rite d��tre cach� ou d�form� !
Le nom des deux soldats qui ont retrouv� les sacoches du colonel Amirouche, un S�n�galais et un Fran�ais de la M�tropole, est �galement mentionn� par les acteurs directs de ce drame du c�t� ennemi, de m�me qu�est d�crit , dans les r�cits, le contenu de ces sacoches, dont une liasse de documents, o� se trouvait une liste donnant un d�compte partiel qui faisait �tat, sur 542 personnes jug�es, de 54 lib�r�s, 152 condamn�s � mort et 336 d�c�d�s au cours des interrogations, dont 30 officiers, soit 488 d�c�s. Le dernier chiffre est contest� par toutes les sources cr�dibles, que ce soit Ferhat Abbas, Ali Yahya Abdenour ou les proc�s-verbaux de la gendarmerie et de l�arm�e ennemies. Le document �tait vraisemblablement destin� � minimiser l'ampleur des purges aupr�s du GPRA. Cependant, il faut souligner que chaque vie est pr�cieuse, et que m�me ce chiffre de 488 ex�cutions repr�sente la fin des espoirs, des ambitions et des accomplissements de jeunes encore � la fleur de la jeunesse, et dont la vie a �t� arrach�e par des d�cisions arbitraires cruelles et pour des motivations et des objectifs qui demeurent une �nigme jusqu�� pr�sent et que tout un chacun voudrait conna�tre, qu�il ait �t� ou non t�moin direct ou indirect de cette trag�die ! On peut �tre convaincu que le GPRA aurait souhait� que Amirouche arrive vivant � Tunis, pour qu�ils puissent comprendre pourquoi il s�est lanc� dans cette tuerie massive, dont les causes �connues� ne sont pas cr�dibles. Les Alg�riennes et les Alg�riens de maintenant auraient �galement voulu conna�tre la v�rit� derri�re ces massacres qui, loin de renforcer les actions de la lutte arm�e, ont �t� probablement la cause de la prolongation de la guerre pour plusieurs ann�es, et dont la cons�quence funeste � �t� de centaines de milliers d�autres morts Alg�riennes et Alg�riens ! Il est � souligner � et la liste du mat�riel militaire r�cup�r� par l�ennemi n�en fait pas mention, � Amirouche n�avait pas de poste �metteur-r�cepteur pour la bonne raison que non seulement il avait d�cid� de couper les communications avec Tunis, mais encore plus, parce que les deux officiers des transmissions, dont l�officier Harouni Bougra, qui avaient �t� mis � sa disposition par le Commandement g�n�ral de l�ALN �taient morts en martyrs peu apr�s la derni�re communication de Amirouche avec le GPRA, et que leurs rempla�ants, dont un certain Ferroukhi, martyrs tous les deux, attendaient en Wilaya IV d��tre accompagn�s � leur wilaya d�affectation. � mentionner �galement que les services de renseignement alg�riens n�avaient pas pu informer le colonel Amirouche qu�il avait �t� rep�r� sept jours avant sa mort, parce qu�� l��poque, pour des motifs de s�curit�, le colonel Bouguerra de la Wilaya IV, avait demand� � son officier des transmissions, Mustapha Tounsi, de la Seconde promotion, d�enterrer son �metteur- r�cepteur, et qu�en Wilaya II, une op�ration militaire de grande envergure �tait en cours, emp�chant l�officier radio, le regrett� Rahal Zoheir, de la m�me promotion � mort en martyr, � d�effectuer ses vacations. Quant � l�hypoth�se d�un op�rateur radio alg�rien communiquant l�information sur la position de Amirouche, elle est doublement invraisemblable, d�abord parce que Amirouche n��tait pas homme � r�v�ler ses intentions lorsqu�il �tait en d�placement et utilisait jusqu�� 12 guides qu�il envoyait vers des directions diff�rentes, et ne donnait sa v�ritable destination qu�� la toute derni�re minute, ensuite parce que le cloisonnement extr�me entre les diff�rents services du MALG, aussi bien que les caract�ristiques techniques des appareils radios utilis�s par les agents des services d��coute et les agents des services de transmission, rendaient absolument impossibles pour des personnes travaillant dans diff�rents services d�acc�der simultan�ment et rapidement aux informations et aux moyens techniques qu�impliquerait un tel acte de trahison. D�ailleurs, le d�pouillement des archives militaires de Vincennes par Gilbert Meynier, d�j� cit� plus haut, et d�o� cet historien a tir� ses informations pour �crire son livre sur le FLN, prouve que ce cloisonnement n�a jamais �t� mis � d�faut par les services ennemis.
En conclusion :�
1) Ceux qui tentent d�exploiter le nom et le renom de Amirouche pour faire avancer une cause qu�il abhorrait parce qu�il �tait d�abord et avant tout un nationaliste qui voulait une Alg�rie ind�pendante et unie, commettent un acte de r�cup�ration qui constitue une insulte � son �me et sont ceux qui veulent transformer sa premi�re mort en une seconde mort pour une cause � laquelle il n�a jamais �t� question pour lui d�adh�rer.
2) Les diff�rents t�moignages, provenant de ceux m�mes qui veulent l�innocenter, confirment que Amirouche porte seul la responsabilit� du d�clenchement et de l�ex�cution de l�op�ration sanguinaire d��puration de la Wilaya III.
3) Ceux qui ont pris part � cette op�ration l�ont fait � titre de simples ex�cutants et leur responsabilit� dans les massacres ne peut servir de paravent � la responsabilit� claire et directe de Amirouche, en tant que colonel comandant une wilaya dans un syst�me hi�rarchique qui ne laissait aucune place � la consultation collective ou � la s�paration des pouvoirs.
4) On peut discuter du nombre des victimes ; mais les chiffres en provenance de sources aussi cr�dibles les unes que les autres prouvent que ce nombre a �t� extr�mement �lev� ; le d�nombrement macabre, l�exigence de donner des noms ne r�duisent en rien la cruaut� de ces ex�cutions.
5) Chacun de ceux et celles qui ont �t� ex�cut�s � la fleur de l��ge se sont vu priv�s du droit � la vie, � l�espoir, aux ambitions et aux accomplissements ; une victime de plus est une de trop ! Il faut donc cesser de chipoter sur les chiffres, ce qui prouve une absence totale de sensibilit� et de respect pour la personne, car derri�re chacune des unit�s dont ils �taient la somme, il y avait un �tre humain.
6) Cette op�ration a sans aucun doute contribu� fortement � la prolongation de la guerre, et � l�augmentation des victimes comme � l�exacerbation des souffrances du peuple alg�rien ; c�est pour cela qu�elle doit �tre condamn�e, quels qu�aient �t� les exploits de Amirouche et la gloire que veut en tirer une r�gion ou certains hommes politiques d�une r�gion de l�Alg�rie une et indivisible.
7) Quant aux circonstances de la mort de Amirouche, elles n�ont rien d�extraordinaire en p�riode de guerre ; et tous ceux qui ont vu de pr�s la guerre savent que souvent le hasard est le pire ennemi ou le meilleur ami du soldat.
8) Les tenants de la th�se de la trahison n�ont aucune preuve � pr�senter, aucun indice � avancer ; ce n�est pas en r�p�tant cette th�se jusqu�au d�go�t, ou ad libitum et � l�infini ou ad infinitum qu�on accro�t sa cr�dibilit�.
9) Tous les �l�ments d�information permettant de reconstituer les �v�nements ayant men� � la mort de Amirouche et de Haoues sont disponibles et ne souffrent aucune ambigu�t� et n�exigent pas d��tre cach�s ou d�form�s.
10) Ceux qui ont concoct� cette version diffamatoire d�une page d�histoire glorieuse de l�Alg�rie continuent � justifier a posteriori la version donn�e par l�ennemi suivant laquelle l�op�ration de la �Bleuite a non seulement r�ussi, mais qu�elle aurait �t� bas�e sur des faits av�r�s de trahison au plus haut niveau de la hi�rarchie politico-militaire de l�ALN/FLN.
11) La vie de Amirouche, m�me pour ceux dont on pr�tend qu�il les mena�ait par sa personnalit�, �tait pr�f�rable � sa mort, car, ces chefs, comme nous-m�mes, aurions pu avoir, de sa propre bouche, une explication de ses actes de destruction d�une partie des jeunes intellectuels de la wilaya, et, par del� ces victimes, de la compromission de l�avenir de l�Alg�rie ; il est mort en emportant avec lui le secret de ses motivations profondes et c�est une perte encore plus grande que sa propre mort.
12) Il est probable que les m�moires du capitaine A�t Mehdi Arezki sur la Wilaya III apporteront, au cas o� ils trouvent �diteur, quelques lumi�res sur cette p�riode sombre de la lutte arm�e.
13) Boussouf et Boumedi�ne sont-ils les ultimes victimes, de mani�re posthume, de la �Bleuite� ? Et le capitaine L�ger poursuit-il, par del� sa tombe, sa guerre inf�me et criminelle contre l�Alg�rie, avec la complicit� ouverte de certains de nos citoyens les plus �clair�s ? Continue-t-il � dicter aux Alg�riennes et Alg�riens leur image des dirigeants de la glorieuse lutte de Lib�rations nationale, et donc l�histoire de notre pays ? Contr�le-t-il maintenant tout l�avenir de l�Alg�rie ind�pendante apr�s s��tre vant� de contr�ler une wilaya pendant la guerre de Lib�ration nationale ?


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