Renvoyant l'évaluation approfondie de sa participation au secrétariat national du parti, Talaie El Hourriyet a accusé le pouvoir d'avoir détourné la volonté populaire lors des élections locales du 23 novembre, dessinant à l'issue du scrutin un paysage qui lui sied à la veille de la présidentielle de 2019. Le parti d'Ali Benflis qui a récolté de très mauvais résultats à l'occasion de l'élection des APC et APW, en obtenant seulement 5 communes sur 1541 existantes, a estimé que «le scrutin du 23 novembre 2017 est semblable aux précédents». «Organisées et conduites par un appareil politico-administratif aux ordres, bien rodé dans la mission du maintien du statu quo, les élections locales ont permis au pouvoir en place de consolider son emprise sur les institutions du pays en détournant la volonté populaire, et de dessiner le paysage politique qui lui convient en vue des prochaines échéances électorales», a indiqué, hier, Talaie El Hourriyet dans un communiqué sanctionnant la réunion mensuelle de son bureau politique. Et par «prochaines échéances», Benflis fait bien allusion à la présidentielle de 2019. Pour lui donc, l'arrivée du FLN et du RND en tête du classement, semble être une assise à travers laquelle le pouvoir en place cherche à remporter cette échéance qui s'approche à grands pas. Les dernières élections locales «n'ont été ni régulières, ni sereines», de l'avis du BP de Talaie El Hourriyet, estimant qu'elles «ont été entachées de fraude, d'irrégularités, de dépassements et de dérapages, de faits avérés de bourrage d'urnes et de falsifications de procès-verbaux, de manipulation du taux de participation …» Pour l'abstention après que la grande majorité des électeurs ait boudé les urnes, le parti de Benflis pense que les causes «sont à rechercher dans la fraude et le sentiment de l'inutilité du vote, dans l'absence de confiance et la défiance envers le pouvoir en place qui a perdu tout crédit auprès de la grande majorité des Algériens.» Pourtant, l'on a l'impression que l'ancien chef du gouvernement tient à se démarquer de cette défaite, quant le BP met en avant à la fin du communiqué «l'accueil réservé au président du parti lors de ses déplacements à travers le pays, durant la campagne électorale, et l'importance de l'affluence aux meetings qu'il a animés». Ceci, avant de charger le secrétariat national de préparer «une évaluation plus approfondie» de la participation du parti aux élections locales. Inquiétudes Abordant la situation générale du pays, Talaie El Hourriyet a exprimé ses inquiétudes après l'adoption de la loi de finances 2018. Cette loi «consacre l'abandon du ‘Nouveau Modèle de Croissance' sans explication et sans aucune évaluation préalable», regrette le BP, après analyse du document. Ce dernier maintient le train de vie de l'Etat à un niveau élevé, reconduit la plupart des comptes spéciaux du Trésor et autorise le recours au financement non conventionnel «sans contrôle crédible», dénonce le parti. Se voulant plus explicite, Talaie El Hourriyet estime que la LF 2018 «conforte la stagnation économique» car, «on n'y trouve aucune décision importante pour entamer le redressement de l'économie sur une base durable». Bien au contraire, écrit-il, «il s'agit d'une gestion à vue de l'économie qui occulte les visions stratégiques à moyen et long termes». Le parti de Benflis n'a pas non plus ménagé le pouvoir sur les libertés syndicales qui subissent des «violations». À cet égard, le BP dénonce «la répression» du rassemblement de l'intersyndicale du 25 novembre dernier à Alger. «La répression des activités des syndicats autonomes est un déni flagrant du principe constitutionnel du pluralisme syndical», fustige encore le parti, non sans exprimer sa «solidarité» et son «soutien» à la lutte pacifique des syndicats autonomes. Talaie El Hourriyet a aussi dénoncé «le rétrécissement du champ des droits et libertés dans notre pays, notamment le recul de la liberté de la presse et du droit à l'information», pointant du doigt «le harcèlement financier et judiciaire, les pressions intolérables, l'intimidation, le chantage dans la distribution de la publicité...». Enfin, le parti de Benflis, face au phénomène de la «harga», s'est dit «étonné que cette situation n'ait pas interpellé outre mesure les autorités et qu'aucune initiative d'envergure n'ait été prise pour juguler cet exode».