Il était prévu que le président de Talaïe El-Houriat, Ali Benflis, anime une conférence de presse, mais c'est finalement le bureau politique du parti qui s'est prononcé, hier, sur le déroulement et les résultats du dernier scrutin local. Pour ce parti, les élections locales du 23 novembre dernier ont été marquées par l'abstention et la fraude. "Le taux de participation annoncé, au demeurant contestable, indique que plus de la moitié des électeurs ne se sont pas rendus aux bureaux de vote ; un taux de participation davantage relativisé par l'importance du vote blanc des électeurs qui se sont abstenus à leur manière." "Ni le chantage à la stabilité et à la sécurité, ni l'effet mobilisateur supposé, s'agissant d'élections ‘de proximité', ni les pressions exercées par l'administration sur les électeurs, ni les moyens colossaux mobilisés par le gouvernement n'ont pu avoir raison de l'abstention." Les causes de cette abstention, qui ont pris une ampleur sans précédent, sont à rechercher, selon ce parti, "dans la fraude et le sentiment de l'inutilité du vote, dans l'absence de confiance et la défiance envers le pouvoir en place qui a perdu tout crédit auprès de la grande majorité des Algériens, dans l'absence de perspective pour la jeunesse qui a massivement boudé les urnes, dans l'argent dont le rôle en politique et, notamment, en période électorale". Le bureau politique de Talaïe El-Houriat estime que "les élections locales ont permis au pouvoir en place de consolider son emprise sur les institutions du pays en détournant la volonté populaire et de dessiner le paysage politique qui lui convient en vue des prochaines échéances électorales". Le parti d'Ali Benflis pense que seule "une refonte totale de notre système électoral, en amont et en aval, avec la mise en place d'une commission réellement indépendante en charge de l'organisation et de la supervision des élections, pourra garantir des scrutins propres et transparents dans notre pays". Cette formation politique considère que tout ce qui est entrepris en ce moment s'inscrit dans laperspective de l'élection présidentielle de 2019, y compris la loi de finances 2018 qui vient d'être adoptée par le Parlement. Une loi de finances qui, énumère ce parti, consacre l'abandon du nouveau modèle économique de croissance sans évaluation préalable, autorise le recours au financement monétaire du déficit du Trésor, sans limite, ni contrôle crédible, renvoie à plus tard les réformes structurelles, la diversification de l'économie et appauvrit la population. "Le gouvernement a évité d'aller chercher l'argent là où il est, notamment dans l'informel, l'évasion fiscale, le recouvrement de prêts bancaires et celui des impôts impayés tout en maintenant le train de vie de l'Etat à un niveau élevé", accuse Talaïe El-Houriat. Le bureau politique s'insurge également contre le rétrécissement de la liberté d'expression à travers le harcèlement financier et judiciaire de la presse indépendante et des réseaux sociaux et la répression des syndicats autonomes. Il note, en outre, une augmentation du taux de l'émigration clandestine. "Les atteintes à la liberté de la presse mettent à nu la prétendue ouverture du champ audiovisuel dans notre pays qui sert de vitrine à un régime politique qui vise à imposer son hégémonie à tous les segments de la vie politique, médiatique, économique et sociale et à étouffer toutes les voix divergentes." Le bureau politique dénonce la répression dont ont été victimes les militants et dirigeants de l'intersyndicale. "Ces dépassements intolérables des autorités publiques constituent tout à la fois une violation de la liberté syndicale, de la liberté d'expression et de la liberté de rassemblement, consacrées par la Constitution." Nissa H.