Les réserves de change de l'Algérie continuent à reculer, descendant au seuil symbolique de 100 milliards de dollars en novembre 2017. C'est le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, qui l'a annoncé, hier, en marge de la présentation du projet de loi de finances 2018 au Conseil de la nation. Fortement impactées par la crise financière induite par la chute drastique des prix du pétrole depuis 2014, les réserves de change du pays sont appelées à s'éroder davantage au courant des prochaines années, surtout que les déficits de la balance commerciale s'accumulent chaque mois. Selon les prévisions du ministre des Finances, le matelas de devises devrait s'établir à 97 milliards de dollars à fin décembre 2017, à 85,2 mds usd à fin 2018 et à 79,7 mds usd en 2019 avant d'atteindre 76,2 mds usd en 2020. Il est, donc, loin le temps où les réserves de change de l'Algérie empruntaient une courbe ascendante dépassant la barre des 200 milliards de dollars. Ils étaient à 114,1 mds usd à fin décembre 2016 contre 144,1 mds usd à fin 2015. C'est dire l'accélération de la fonte des réserves du pays. Mais le gouvernement ne s'inquiète pas outre mesure. Abderrahmane Raouya ne donnait aucun signe d'inquiétude en présentant, hier, le projet de la de finances 2018 devant les sénateurs qui, dans leur majorité, ont salué les mesures du gouvernement pour faire face à la crise financière. Amputé, donc, de l'impôt sur la fortune, une mesure supprimée par l'APN, le texte a attiré au Conseil de la nation. Et cette mesure, qui a donné lieu à des débats houleux à l'APN, a été complètement ignorée par les sénateurs qui n'ont pas jugé utile l'aborder. A l'APN, tous les partis de l'opposition, à savoir le FFS, le RCD, le PT et les islamistes ont voté contre la suppression de l'impôt sur la fortune. Le projet de loi de finances pour 2018 prévoit une série de mesures législatives et fiscales allant dans le sens de la consolidation de l'investissement productif et du renflouement des recettes budgétaires tout en maintenant le dispositif de la solidarité nationale. Sur le plan budgétaire, le PLF 2018 prévoit des dépenses globales de 8 628 milliards de dinars (mds DA) composées de 4 043,31 mds DA de dépenses d'équipement et de 4 584,46 mds DA de dépenses de fonctionnement. Quant aux recettes budgétaires, elles sont de 6 496,58 mds DA (contre 5 635,5 mds DA en 2017), composées de 3 688,68 mds DA de ressources ordinaires (contre 3 435,4 mds DA en 2017) et de 2 807,91 mds DA de fiscalité pétrolière (contre 2 200,1 mds DA). Intervenant dans un contexte de crise financière, le projet porte, également, de nouvelles taxes comme il propose l'augmentation des prix de certains produits, comme le carburant qui flambe pour la troisième année consécutive. Les protestations des députés de l'opposition contre cette nouvelle hausse pénalisante pour les citoyens n'ont pas suffi à faire reculer le gouvernement.