La marche prévue hier par les étudiants de l'université Akli-Mohand Oulhadj afin de dénoncer «le vote des députés contre la promotion de tamazight» a tourné à l'émeute. Les forces de l'ordre, qui se sont déployées dans toute la ville de Bouira, avaient cerné les alentours de l'université. Un dispositif impressionnant a été mis en place. Vers les coups de 10h, des dizaines d'étudiants se rassemblent au niveau du campus. Ils se préparent à marcher pacifiquement jusqu'au siège de la wilaya. Quand ils s'apprêtaient à franchir le portail de l'université, un cordon policier a été constitué et ils ont été empêchés de sortir dans la rue. Un bras de fer s'est engagé durant plus de deux heures entre les étudiants et les forces de l'ordre. Pis encore, vers les coups de midi, les policiers ont chargé la foule des étudiants, ce qui a donné lieu après à des scènes d'émeutes. Les étudiants n'ont pas tardé à réagir et lancer des pierres sur les forces de l'ordre qui lançaient les bombes lacrymogènes. Ainsi, plusieurs interpellations ont eu lieu durant les affrontements et même après. Une dizaine d'étudiants soupçonnés d'avoir pris part aux affrontements ont été brutalement appréhendés par les policiers qui quadrillent les rues et boulevards avoisinants l'université. De plus, plusieurs manifestants et policiers ont été blessés lors des affrontements. La tension a duré plusieurs heures. Il faut souligner que ces trois dernières années, toutes les marches initiées par les étudiants de l'université Akli-Mohand Oulhadj sont empêchées et parfois réprimées brutalement par les forces de l'ordre. Outre la marche réprimée des étudiants, plusieurs établissements scolaires ont été paralysés hier dans les communes de l'est de la wilaya. Avant-hier, plus d'un millier d'élèves sont sortis dans la rue à M'Chedallah, Bechloul, El Esnam etc., pour dénoncer ce qu'ils ont qualifié d'atteinte à la langue amazighe. La situation risque de s'inscrire dans la durée. Au moment où nous mettons sous presse, les étudiants interpellés sont toujours au commissariat central de Bouira. Nous avons appris également qu'un élu APW du FFS s'est entretenu avec les étudiants et il compte demander la libération de leurs camarades interpellés.