La marche des étudiants venus de plusieurs départements de l'Université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira, afin de dénoncer "le climat d'insécurité" qui règne au sein de leur faculté, a été empêchée, hier, par les forces de l'ordre qui ont procédé à plusieurs interpellations dans les rangs de manifestants, a-t-on constaté sur place. Ainsi, vers 10h, une centaine d'étudiants sont sortis dans la rue dans le but de dire "non à la violence" et dénoncer "les graves dérapages" de certains agents de sécurité, notamment le chef de la sécurité de l'université. La situation n'a pas tardé à dégénérer puisque cinq minutes après le début de la marche, les forces de l'ordre ont chargé les marcheurs et les ont dispersés d'une manière assez musclée. Les policiers indiquent que cette marche n'a pas eu l'autorisation des autorités concernées et de ce fait, est considérée comme illégale. Les étudiants, quant à eux, soulignent qu'ils ont été victimes de "brutalité policière" et que leur marche, visant à dénoncer la violence, a été "violemment réprimée" par la police. Il est vrai que les forces de l'ordre n'ont pas fait dans le détail et ont procédé à des interpellations à tout va dans les rangs des étudiants. Le chef de servie de la voie publique de la sûreté de wilaya assure que plusieurs véhicules ont été endommagés par les étudiants, ce que ces derniers imputent à "des voyous qui n'ont rien à voir avec notre marche". Dans la foulée, un autre groupe d'étudiants, près d'une centaine, également, et qui venait du pôle universitaire de Bouira, situé à l'autre bout de la ville, a improvisé une marche vers l'université Akli-Mohand-Oulhadj, toujours dans le but de dénoncer la spirale de violence que connaît actuellement l'université de Bouira. Tout ce beau monde s'est vu, dans un premier temps, empêché d'accéder à l'enceinte universitaire par les agents de l'ordre, puis il aura fallu "montrer patte blanche", à savoir brandir sa carte d'étudiants pour prétendre accéder à l'intérieur de la fac. Une fois à l'intérieur, ces étudiants en colère se dirigeront vers le siège du rectorat pour le fermer et demander des explications au recteur de l'université sur la dégradation de la situation sécuritaire dans la franchise universitaire. Ces étudiants, faut-il le souligner, accusent ouvertement le chef de la sécurité à l'université d'avoir des "accointances" par le syndicat estudiantin Ugel, proche du parti MSP d'Abderrezak Makri, qui serait, selon les marcheurs, à l'origine de cette escalade de violence. En milieu d'après-midi, les parents des 16 étudiants interpellés ont organisé un sit-in devant le commissariat central pour exiger leur libération immédiate. Ce n'est que vers 16h que les détenus ont été finalement relâchés. Certains affirment que leur marche a été parasitée par des "infiltrés" sans préciser toutefois leur identité. Pour rappel, l'université Akli-Mohand-Oulhadj s'est transformée, avant-hier, en un véritable champ de bataille où se sont affrontés le comité des étudiants du département de langue et culture amazighes (Dlca) et les membres de l'Union générale des étudiants libres (Ugel) et même des individus extérieurs à l'université, sous le regard passif des agents de sécurité. RAMDANE B.