Les chiffres communiqués par les douanes algériennes sur les coûts des importations de pièces et composantes destinées à l'industrie du montage automobile donnent le vertige. Cette activité est finalement très coûteuse. En effet, les données rendues publiques mardi soir par les services des douanes illustrent la gravité de la situation. Ainsi, la facture d'importation des collections CKD destinées à l'industrie de montage des véhicules de tourisme sur les 11 premiers mois de l'année 2017 a grimpé à près à 1,340 milliard de dollars, contre 645 millions de dollars à la même période de 2016. Le montant a plus que doublé, alors que le nombre d'usines de montage en activité à ce jour reste, pour l'instant, limiter aux groupes Renault, Hyundai, Sovac (Volkswagen et Seat) et tout récemment l'entrée en service de l'unité de KIA. L'ensemble de ces opérateurs devraient produire à terme 400 000 unités par an. Mais, aujourd'hui, les capacités de ces nouvelles usines sont encore modestes, à l'exception de Renault Algérie qui avait atteint les 60 000 véhicules en 2017. Le groupe Tahkout, ayant investi dans une usine de montage à Tiaret, est parvenu à monter 40 000 unités cette année, ambitionnant de porter le chiffre à 100 000 à la fin de l'année prochaine. Une montée en cadence qui sera concrétisée par la mise en place d'une nouvelle ligne de montage. Quant à l'usine de Sovac Production, entrée en activité en juillet 2017, elle a réussi à réaliser 15 000 unités à la fin de l'année. L'objectif fixé est celui d'atteindre la production de 40 000 unités pour l'année 2018. Avec l'entrée en service des usines Peugeot et Nissan, autorisées dernièrement par le gouvernement, ainsi que l'augmentation des capacités de montage de l'ensemble des intervenants, il n'est pas exclu que la facture des importations des collections en CKD va exploser et peser lourdement sur les finances publiques. Cette éventualité n'a pas été d'ailleurs sous-estimée par nos autorités gouvernementales qui avaient envisagé de fixer officiellement des quotas de véhicules à monter pour les concessionnaires investis dans cette activité. L'actuel Premier ministre Ahmed Ouyahia a d'ailleurs adressé le 15 décembre 2017 une note relative au montage de véhicules, dans laquelle il a fait état de l'autorisation de 10 entreprises agréées pour exercer l'activité. Dans la note destinée, entre autres, aux services des ministères des Finances, du Commerce, de l'Industrie et des Mines, il a mentionné que les dix entreprises sont Sovac Production, Tahkout, Renault, Peugeot et la Nissan pour véhicules de tourisme, et Ival Industrie, Frères Salhi, Savem, Tisram et GM Trade pour les camions et les véhicules utilitaires. Cette instruction visant l'encadrement de l'activité de production et de montage de véhicules fait référence au décret exécutif 17-344 du 28 novembre 2017 promulguant le cahier des charges de cette activité. Cette limitation du nombre de constructeurs vise, selon le Premier ministre, à mettre de l'ordre dans la filière et éviter l'épuisement des réserves de change de l'Algérie, en forte baisse ces trois dernières années, à cause du recul des recettes des exportations pétrolières. Ahmed Ouyahia a voulu aussi éviter la saturation en citant, lors de l'inauguration de la foire de la production algérienne, le cas des «minoteries». La multiplication des minoteries a créé un excédent de production qu'il est difficile d'exporter en dépit de toutes les mesures de facilitation accordées par l'Etat. Après la sollicitation du ministre de l'Industrie et des Mines, l'application de cette instruction ne prendra effet qu'à partir du 31 janvier 2018. Cependant, les nouvelles données des douanes sur la facture de cette activité viennent illustrer la complexité de la situation, sachant que le gouvernement avait octroyé plusieurs avantages fiscaux et parafiscaux aux constructeurs automobiles ayant investi dans cette filière industrielle.