L'Otan cherche à instaurer une base militaire en Tunisie au nom de la lutte contre le terrorisme. Tunis refuse, mais des zones d'ombre persistent. Washington a décidé d'accorder 20 millions de dollars à la Tunisie pour sécuriser ses frontières du sud. Une aide financière pour s'équiper en matériel de détection de haute technologie et qui pourtant a créé la polémique en Tunisie dont la souveraineté pourrait ainsi être mise en négociation. Le don américain ne semble pas anodin. En effet depuis des années, Washington tente, tant bien que mal, de convaincre les pays africains d'accueillir la base d'Africom sur leur territoire. Mais en ce qui concerne la Tunisie, après son indépendance, beaucoup de sang a été versé pour que la base de Bizerte, qui appartenait à la France, soit démantelée. Le Pentagone prétend que le don a pour objectif de renforcer les mesures de surveillance aux frontières afin de lutter contre les groupes terroristes ainsi que le trafic de drogue, mais aussi pour barrer la route aux migrants qui veulent se rendre en Allemagne. Ce qui obligerait aussi Berlin à prendre part à cette aide financière. Le grand silence des autorités tunisiennes qui n'ont jusqu'à l'heure ni refusé ni accepté le don américain inquiète l'opinion publique de ce pays. Il y a quelques jours, la Tunisie a exprimé le refus à la proposition de l'Otan de l'instauration d'une base militaire. Un ministre tunisien a dit que la Tunisie refuse que l'Otan mette à sa disposition son expertise ou une aide permanente à l'armée de ce pays contre l'instauration d'une base militaire. Tunis a noté que l'Otan a choisi Gabès pour l'instauration de la base militaire. L'aide financière américaine à Tunis est-elle accordée pour convaincre Tunis d'accepter l'instauration d'une base militaire de l'Otan ? Une question que l'opinion publique de Tunisie se pose. Légitime puisque c'est l'Otan qui a créé le chaos en Libye avec l'ingérence militaire de 2011. Aujourd' hui, l'Otan cherche à revenir dans la région où elle ne laisse pas de bons souvenirs, la paix n'étant, depuis, pas revenue en Libye. Les élections programmées en Libye sont remises en cause par le conflit opposant le maréchal Haftar au premier ministre. Le chaos en Libye inquiète la Tunisie. L'Otan qui ne manque pas de mettre à son profit l'inquiétude de Tunis pour tenter d'obtenir l'accord de l'instauration d'une base militaire sait également que Tunis est confrontée à des difficultés financières. Il y a quelques jours, l'Europe a mis la Tunisie sur la liste des pays enregistrant le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Une mesure qui prive Tunis de l'aide financière. Certes, des milliers de tunisiens ont rejoint Daech dans les pays du Golfe et en Libye, mais Tunis est ciblée par les terroristes. De nombreuses attaques perpétrées dans ce pays ont été revendiquées par Daech.