La finance islamique est un chantier à construire dans le pays. C'est ce qu'affirment certains participants au premier salon de la finance islamique organisé par la chambre de commerce et d'industrie Sahel de Boumerdès. Ce modèle de financement basé sur les lois de la chari'a musulmane est jusque-là partagé entre deux établissements financiers et d'assurance, à savoir Salama et Al Baraka. Ces deux derniers détiennent moins de 5% du marché bancaire national. Ces dernières années, certains établissements financiers et bancaires commencent à s'intéresser à la finance islamique à l'image de Trust bank et l'Arab Gulf Bank (AGB). Des intervenants ont tenté d'expliquer le retard mis dans l'établissement du mode de financement qui a pris de l'ampleur dans d'autres pays, notamment asiatiques, comme en Malaisie, qui détient près de 40% du marché mondial. Dans sa communication, M. Sofiane Mazari, spécialiste de la finance islamique, estime que l'absence de cadre légal et réglementaire spécifique entrave son développement, d'où la nécessité d'asseoir des textes de loi régissant ce financement. Selon l'intervenant, un ancrage juridique était prévu dans la LFC de 2018, mais qui touche uniquement les entreprises. L'absence de sukuk (marchés boursiers) bloque les banques islamiques dans la gestion de leur trésorerie. En outre, la finance islamique se base sur les trois piliers, un marché boursier (sukuk), banques islamiques et takaful (assurance). Seul Salama Assurances vient de lancer son produit Takaful destiné aux personnes et non aux entreprises. «Nous sommes au début de la finance islamique, notre produit Takaful est destiné aux personnes qui veulent cotiser pour bénéficier d'un capital décès versé aux héritiers ou ceux désirant bénéficier d'un capital vie qui lui sera versé avec des intérêts mutualisés», nous dira un représentant de Salama assurances rencontré au stand de l'établissement financier. «Le client a le choix entre le versement de cotisations sous forme de retraite ou le total de la rente», a-t-il encore expliqué. Le directeur général de Salama Assurances, Mohamed Benarbia, est revenu longuement lors de son intervention sur le cadre réglementaire de la finance islamique. «Le cadre réglementaire est composé, en plus du code du commerce et civil, des trois codes régissant chacun des piliers de la finance, à savoir la loi 90-10 modifiée et complétée relative à la monnaie et au crédit, l'ordonnance 95-07 relative aux assurances, modifiée et complétée, et encore le décret législatif 93-10 du 23 mai 1993 relatif à la bourse des valeurs mobilières, modifiée et complétée», a-t-il expliqué, avant de conclue qu'un «cadre réglementaire pour la finance islamique doit considérer les piliers le composant (sukuk, banques islamiques et Takaful), comme complémentaires. En ce qui concerne son développement dans le pays, l'intervenant pense qu'une démarche évolutive est nécessaire, commençant par l'élaboration uniquement des grands principes de ce modèle de financement, avant de laisser le soin aux régulateurs d'agir en s'inspirant des normes internationales. En sus de cela, il est impératif de créer un comité de chari'a national afin de maîtriser les produits et les fetwas. Par ailleurs, la branche assurances de Trust bank vient de se lancer dans la finance islamique en intégrant les lois de la chari'a dans ses produits assurances dont une plateforme est en cours de réalisation