Le financement du crédit immobilier en Algérie conformément aux principes islamiques a été le principal point abordé, mardi à Alger, lors de la 3e édition du Forum sur la finance islamique. Certains produits destinés au financement de l'acquisition d'un logement sont déjà proposés par les banques islamiques opérant en Algérie pour essayer de répondre aux exigences d'une clientèle soucieuse d'éviter toute transaction entachée par l'usure (Riba) prohibée par l'Islam. Néanmoins, le développement de la finance islamique (FI) en Algérie demeure limité en raison, notamment, de l'absence d'un cadre juridique, institutionnel et réglementaire définissant les modalités et conditions de l'exercice de cette finance alternative, ont estimé les participants à cette rencontre organisée par le Groupe Isla-Invest, basé à Paris, en collaboration avec la banque El Baraka Algérie. La loi sur la monnaie et le crédit, autorise des opérations et produits financiers islamiques y compris ceux liés au crédit immobilier, puisque ces produits ne constituent aucune infraction à la législation algérienne en la matière et non du fait que ces instruments financiers sont conformes aux préceptes de la Chari'a (loi islamique), a reconnu à cet effet, le directeur d'Isla-Invest, Zoubeir Benterdyet, lors d'une intervention. De son côté, le délégué national de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), Abderrahmane Benkhalfa, a tenu à expliquer que la "place d'Alger a besoin d'innovation en matière de produits financiers", tout en soulignant que l'Algérie "ne croit pas à l'utilité de créer une réglementation spécifique aux banques islamiques comme c'est le cas au Liban", à titre d'exemple. M. Benkhalfa s'est dit, en outre, "heureux de voir la convergence qu'il y a entre les banques islamiques et celles conventionnelles à travers le monde". Pour sa part, le PDG de la Société de refinancement hypothécaire (SRH), Abdelkader Beltas, a indiqué que le financement par les banques islamiques des crédits immobiliers demeure "moins développé en Algérie puisque environ 99% des crédits immobiliers octroyés par les banques sont à des taux d'intérêt". "Même si cette pratique est prohibée en Islam, les gens continuent à emprunter de l'argent pour acquérir leur logement faute de disponibilité d'alternatif en vertu du principe +la nécessité lève l'interdit+", a affirmé M. Beltas dans sa communication. Le refinancement par la SRH de crédits immobiliers octroyés par les banques islamiques demeure, lui aussi, une activité "inconnue" à cette société, a fait savoir son PDG en ajoutant que cette dernière est appelée à se développer en attendant la promulgation de l'encadrement juridique approprié. Sur ce point, M. Beltas a affirmé que la SRH "est prête à accepter les demandes de refinancement de crédits immobiliers émanant des banques pratiquant le règles de la Chari'a et à émettre des titres "Sukuk" sur le marché financier pourvu que la législation en vigueur le permet". La SRH est un établissement financier chargé, entre autres, de refinancer à 100% les crédits immobiliers accordés aux ménages, d'acheter les créances des banques et de les transformer en titres hypothécaires négociables sur le marché financier, a rappelé son patron. D'autre part, une communication a été consacrée au "Takaful", qui est un produit d'assurance islamique. Fondé sur les principes de la coopération, la responsabilité, l'assistance et la solidarité au sein d'un groupe sociétaire "Takaful" est un produit islamique proche du modèle de la mutuelle, a expliqué dans une intervention un responsable de la société d'assurance Salama. Quatre établissements opèrent en Algérie selon les principes de la finance islamique. Il s'agit des banques El Baraka, AGB et Essalam ainsi que la société d'assurance Salama. Leurs parts du marché algérien demeurent très marginales car ne dépassant pas le 1%, d'après des estimations récentes. Par ailleurs, le portefeuille de la finance islamique à travers le monde avoisine les 1.000 milliards de dollars avec une croissance annuelle de l'ordre de 15 à 20%.