Le plus vieux parti de l'opposition vit l'une des situations les plus complexes de son existence. Aujourd'hui, il est dans la posture peu confortable de débattre s'il va appliquer ses propres statuts ou non. A trois jours de la réunion extraordinaire du Conseil national du FFS, ce vendredi 9 mars, la bataille se poursuit entre partisans de la tenue d'un congrès extraordinaire, conformément aux textes du parti, et ceux qui, craignant pour leur position, veulent contourner cette obligation statutaire pour aller vers un congrès ordinaire. « Théoriquement, ce vendredi sera prise la décision de convoquer un congrès extraordinaire et ce pour deux raisons fondamentales : il y a d'abord les textes du partis qui favorisent cette option ; il y a ensuite la majorité des militants et des membres du Conseil national qui sont pour l'organisation d'un congrès extraordinaire», indique un membre de cette instance sous couvert de l'anonymat. C'est la démission d'Ali Laskri, membre de l'Instance présidentielle, le 11 février dernier, qui a mis le FFS dans une situation inédite. Composée de cinq membres élus lors du congrès du mois de mai 2013, cette instance ne comprend plus que deux membres depuis la démission de Laskri, précédée par celle de Saïda Ichalamène et de l'exclusion de Rachid Halet. Et dans ce cas, l'article 48 des statuts qui annonce que si le nombre des membres de l'Instance présidentielle est réduit à moins de (03), un congrès extraordinaire est convoqué pour élire une nouvelle instance. Et c'est justement cette «obligation» que les deux membres restants, à savoir Mohand Amokrane Cherifi et Aziz Baloul, ainsi que leurs soutiens veulent éviter. Pourront-ils s'imposer ce vendredi face aux membres du conseil national ? « Incontestablement, le clan Baloul est déstabilisé par la démission d'Ali Laskri. Il est dans une très mauvaise posture car il n'y a aucune parade pour éviter le congrès extraordinaire. Personne ne peut ni n'a le droit de transgresser les statuts du parti», affirme notre source. Cette dernière trouve «navrant» et «malheureux» que le FFS en arrive à débattre de l'application ou non de ses propres statuts. « C'est navrant et malheureux de s'éloigner de l'éthique politique pour un parti qui a un parcours de plus de 50 ans et qui était symbole de la discipline. Cela n'honore pas le slogan du FFS qui est l'éthique au cœur de la politique», regrette notre interlocuteur. Plus navrant encore, les cadres du parti sont sommés de se murer dans le silence, réprimant leur liberté de pensée et d'expression. Pour avoir exprimé son opinion dans un quotidien d'information suite à la démission d'Ali Laskri, Mohamed Nebbou, ancien Premier secrétaire, a été suspendue. Quant à eux, les partisans de la tenue d'un congrès ordinaire s'appuient sur le fait que de nombreux congressistes en 2013 avaient quitté le parti afin d'écarter le recours au congrès extraordinaire. En tout cas, le FFS traverse une zone de turbulence d'où il risque de sortir affaibli.