Son œuvre était grande, sa verve culturelle dès plus actuelles et son combat pour l'identité immense. 29 ans après sa disparition, l'héritage reçu et assumé qu'a laissé Mouloud Maameri subjugue toujours autant les jeunes générations... «À Tizi Ouzou et ses alentours, Mouloud Mammeri a toujours une forte présence physique. Tout le monde parle de sa littérature, de ses œuvres et de son combat, à tel point qu'il n'est pas juste un nom ou un auteur comme les autres...Les gens l'appellent ‘Da L'Mouloud !' Et c'est fabuleux qu'un écrivain même après sa mort, ait toujours une présence aussi concrète...», dira d'emblée Sid Ali Sekhri, modérateur des rencontres littéraires de la librairie Chaib Dzair à Alger, où s'est tenu cette rencontre en hommage à Mouloud Mammeri. Et pour parler de ce grand personnage que fut Mammeri, Sekhri dira que «même si tous les algériens connaissent le grand écrivain, peu d'entre eux peuvent parler de lui avec autant de précisions et d'amour que Djoher Amhis Ouksel. Cette grande dame, professeur de lettres françaises, inspectrice d'enseignement, a consacré sa vie et une longue carrière dans l'éducation, à la formation et la transmission du savoir, en facilitant et en mettent à disposition des jeunes, les oeuvres des grands auteurs...Et à 90 ans, elle œuvre encore à mettre à la portée de la jeunesse les grands textes de la littérature algérienne...», précisera-t-il. «Tout ce qu'il a fait a toujours suscité des polémiques, que ce soit son premier roman, lorsqu'il a voulu donner une conférence sur la poésie berbère....et même sa mort fut une polémique», dira Djoher Amhis Ouksel. Elle reviendra en détail sur le riche parcours de Mammeri. Elle dira qu'il est issu d'une famille de lettrés, attachée et pronominalement enracinée à la terre. «Mouloud Mammeri est né en 1917 dans le village de Taourirt-Mimoun dans la commune actuelle d'Aït Yenni, wilaya de Tizi Ouzou. Il est mort un 26 février 1989 dans la wilaya d'Aïn Defla à son retour d'un colloque sur l'amazighité tenu à Oujda (Maroc) .... Il fut un grand écrivain, anthropologue et linguiste algérien, et parler de lui est un honneur. Il fait ses études primaires dans son village natal et en 1928, il part chez son oncle installé à Rabat....Quatre ans après, il revient à Alger et poursuit ses études au Lycée Bugeaud (actuel Lycée Emir Abdelkader, à Bab El Oued, Alger). Il part ensuite au Lycée Louis-Le Grand à Paris avec l'intention de rentrer à l Ecole Normale Supérieur. Mobilisé 1939 et libéré en octobre 1940 , Mouloud Mammeri s'inscrit à la Faculté des Lettres d'Alger avant d'être mobilisé à nouveau en 1942... À la fin de la guerre, il prépare à Paris un concours de professorat de Lettres et rentre en Algérie en septembre 1947 où il part enseigné à Médéa, puis à Ben Aknoun avant de publier son premier roman, «La Colline oubliée» en 1952....De 1968 à 1972 il enseigne le berbère à l'université dans le cadre de la section d'ethnologie. Le berbère ayant été supprimée en 1962, Mammeri n'assure des cours dans cette langue qu'au gré des autorisations, animant bénévolement des cours jusqu'en 1973 tandis que certaines matières telles l'ethnologie et l'anthropologie jugées sciences coloniales doivent disparaître des enseignements universitaires. De 1969 à 1980, il dirige le Centre de Recherches Anthropologiques, Préhistoriques et Ethnographiques d Alger (CRAPE). Il fait également un passage éphémère à la tête de la première union nationale des écrivains algériens qu'il abandonne par la suite... En 1969, Mammeri recueille et publie les textes du poète kabyle Si Mohand et en 1980 il se voit interdire une de ses conférences à Tizi Ouzou sur la poésie kabyle ancienne. (Un événement qui sera à l'origine des événements du printemps berbère)…. Ce long itinéraire scientifique lui a permis de rassembler une somme d'éléments fondamentaux sur la langue et la littérature amazighes. En 1988, Mouloud Mammeri reçoit le titre de docteur honoris causa à la Sorbonne». C'était un grand. Ses œuvres toujours d'actualité, ont été portées à l'écran tel que «L'opium et le bâton», réalisé par Ahmed Rachedi en 1969 et Tawrirt yetwattun,réalisé par Abderrahmane Bouguermouh, tiré du roman «la colline oubliée» 1996. Mais aussi au théâtre avec Le foehn ou la preuve par neuf en 1967 et Le Banquet, 1973....