A l'occasion de la commémoration du 24e anniversaire de la disparition de l'homme de théâtre Abdelkader Alloula, mort sous les balles assassines des terroristes du GIA, le théâtre régional d'Oran (TRO) et toute l'Algérie rendra hommage au grand dramaturge. A Oran, la ville natale de Abdelkader Alloula, le Théâtre Régional d'Oran organisera une journée placée sous le slogan «Pour ne pas oublier». Pour rappeler le côté humanitaire de l'artiste qu'était Alloula, la direction du TRO a tenu à débuter la journée commémorative au au Centre des enfants cancéreux de Misserghine, où le comédien et metteur en scène se rendait régulièrement remonter le moral des enfants hospitalisés en leur organisant des spectacles de Clowns, marionnettes sans oublier les livres et les cadeaux qu'il leur distribuait. Le TRO a également prévu, l'après midi, la projection de pièces de théâtre filmées de Alloula. Ces projections se poursuivront durant tout le mois de Mars. Par ailleurs, le peintre et écrivain et ami du défunt, Denis Martinez, présentera en fin d'après midi, l'ouvrage collectif consacré au parcours et à l'oeuvre de Abdelkader «Alloula Alloula, 20 ans déjà», ainsi que son dernier livre «A peine vécues». Pour vivre l'ambiance de l'époque de Alloula, le public oranais sera convié à revoir la pièce Babor Ghraq de Slimane Benaissa qui ne cesse d'avoir du succès 35 ans après sa création. Les amateurs de théâtre auront la chance de passer de bons moments avec le trio composé de Slimane Benaissa, Omar Guendouz et Mustapha Ayad. La pièce sera présentée en début de soirée. En marge de ces activités, il y aura durant cette journées des rencontres avec des témoignages en présence de la famille de Abdekader Alloula, d'universitaires, de comédiens et de spécialistes du théâtre qui parleront notamment de l'oeuvre du défunt et son parcours. Les années d'or Comédien, metteur en scène, auteur et adaptateur, Alloula était parmi ces hommes qui pouvaient et voulaient apporter quelque chose au théâtre en mettant leur touche. Il a mis à profit ses expériences et celles de ceux qui l'ont précédé tels que Abderrahmane Kaki pour donner une nouvelle vie au théâtre algérien. Alors qu'il a fait partie pour la première fois, d'une troupe de théâtre amateur en 1956, en 1962, il se retrouve à Alger aux côtés de Mustapha Kateb dans la troupe du Théâtre national algérien (TNA) en tant que comédien. A l'opéra d'Alger, il fera partie d'une équipe exceptionnelle avec notamment les metteurs en scène Mustapha Kateb, Allal El Mouhib et Hadj Omar. Il vivra avec eux les années d'or du théâtre algérien. L'occasion lui est alors donnée, quelques années après pour se mettre à la mise en scène. En 1969, il écrit et met en scène sa véritable première pièce Laâlag (Les sangsues). En 1972, il se retrouve à la tête du théâtre régional d'Oran (TRO) avant d'être nommé directeur du TNA en 1976. Des son retour à Alger, il fera un travail colossal pour faire sortir le TNA de certains problèmes notamment financiers dont il souffrait. Il arrivera même à augmenter le salaire des travailleurs. Son dynamisme et ses idées mèneront la tutelle de l'époque à mettre fin à ses fonctions quelques mois plus tard. La bonne voie L'homme de théâtre qui n'arrive pas à concrétiser ses rêves passera même une période de chômage avant de retourner au théâtre d'Oran. Résolu à continuer dans la bonne voie, il se décidera à montrer son savoir faire en créant des pièces qui resteront dans l'histoire. On est au début de 1980 et la machine Alloula commencera à donner ses résultats. Ledjoued et Ellithem, trois pièces, trois expériences, trois succès. Alloula est désormais partout et les algériens revoient le véritable théâtre dans lequel ils se retrouvent. Il faut rappeler que Alloula est l'homme qui, dans l'écriture, le jeu ou la mise en scène aimait tenter des expériences. C'est ainsi qu'il avait joué «Le journal d'un fou» de Gogol, Alloula ne cessait de créer et travailler pour le théâtre auquel il a consacré sa vie. Alloula était à la fois auteur, comédien et metteur en scène. Alloula avait des idées. Et parce qu'il avait justement des idées, les criminels du Groupe Islamique Armé (GIA) ont décidé de l'assassiner.