Il a aimé le théâtre et a consacré sa vie à cet art. Abdelkader dont le 17e anniversaire de son assassinat a été commémoré cette semaine était aussi cet homme qui aimait les humains puisqu'il pensait à ceux qui avaient besoin d'aide tels que les malades chroniques. Bien qu'il soit devenu une célébrité de la scène en Algérie, Alloula ne s'est jamais éloigné du peuple et des pauvres. Ce lien l'a d'ailleurs mené au summum de sa carrière à s'intéresser au théâtre populaire, notamment El Halqa et El Goual ou Meddah. Dans un entretien accordé au journaliste et spécialiste de l'histoire du théâtre algérien, arabe et africain, Ahmed Cheniki, Abdelkader expliquait son intérêt pour cet art populaire : «Il y a d'abord une expérience entamée il y a quelque temps et qui a pour origine un type d'activité qui a longtemps existé dans notre pays : la Halqa, le Meddah.» Dans le même entretien, Alloula rappelait son expérience lorsqu'il devait présenter El Meida dans les Aurès et se retrouvait devant un public en plein air. Il faut dire que cette expérience avait été vécue quelques années auparavant par Hassan El Hassani et la TTP qu'il dirigeait. Cette expérience a replongé Alloula dans le théâtre de la Halqa qu'il a su moderniser grâce à ses connaissances et à son expérience. «La Halqa constitue une possibilité dramaturgique susceptible de contribuer à la création de nouveaux rapports représentation-public», déclarait Alloula dans le même entretien. Il faut dire que mis à part le nouvel apport dans la mise en scène, Alloula qui était, rappelons-le comédien, metteur en scène et dramaturge avait su utiliser la vraie langue du théâtre, et c'est pour cela que ses pièces peuvent être rejouées aujourd'hui et dans le futur. Né le 8 juillet 1939 à Ghazaouet, Abdelkader Alloula a débuté au théâtre en 1956 dans une troupe amateur Chabab Wahran à Oran avant de passer la vitesse supérieure en allant suivre des stages en France, notamment au théâtre national populaire que dirigeait Jean Vilar. Des son retour en Algérie, il est recruté par le TNA qui venait d'être créé. Sa formation de comédien en France lui permettra de jouer aisément certains rôles dans des pièces adaptées telles que Dom Juan ou La mégère apprivoisée. Il ne tardera pas à se mettre à la mise en scène avant de prouver également qu'il peut adapter et écrire. Certaines de ses pièces marqueront le théâtre algérien notamment sa trilogie Legoual, Ledjoued et Ellitham. Visé par un attentat terroriste à Oran, Abdelkader Alloula succombera à ses blessures dans un hôpital de Paris le 15 mars 1994.