L'heure de vérité a sonné pour le FFS. Le plus vieux parti de l'opposition tiendra demain à la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda un congrès national extraordinaire pour élire une nouvelle instance présidentielle, après l'explosion de sa composante actuelle, déclenchée par la démission de Ali Laskri. Les membres du parti cher au défunt Hocine Aït Ahmed veulent que le FFS sorte victorieux de ce rendez-vous qui intervient à une année de l'élection présidentielle, dans l'objectif de jouer le rôle qui lui sied en tant que force d'opposition dans le paysage politique national. Mais est-ce un objectif facile à atteindre lorsque l'on sait qu'au niveau de la direction nationale, les luttes fratricides pour le contrôle de l'appareil ont atteint un point de non-retour ? Force est de constater que le congrès extraordinaire de demain s'annonce houleux. Hier, la commission nationale chargée de sa préparation tenait sa dernière réunion pour ficeler les ultimes points d'ordre, selon le chargé de communication du parti, Hassen Ferli. Joint par nos soins, il explique que «l'objectif principal est d'être à la hauteur des aspirations des militants qui se battent tous les jours, qui nous attendent et qui veulent que leur parti sorte renforcé de cette situation». D'après une source interne, le nombre des congressistes dépasse les 800. Ce sont, en effet, les mêmes qui ont pris part au 5e congrès organisé en mai 2013, vu le caractère extraordinaire du rendez-vous. Les participants sont appelés donc à élire une nouvelle instance présidentielle, l'actuelle étant dissoute automatiquement après la démission d'Ali Laskri le 11 février. Dans sa lettre de démission adressée aux militants, Laskri a bien tenu à préciser que «conformément à l'article 48 des statuts qui annonce que si le nombre des membres de l'IP est réduit à moins de 03, un congrès extraordinaire est convoqué pour élire une nouvelle instance présidentielle». Un détail qui ne laisse aucun doute sur les raisons de son retrait, visant à provoquer un changement en haut lieu. Le député de Boumerdès n'est plus, selon notre source, en accord avec la gestion des affaires. Ses relations avec les deux autres membres de l'IP, Aziz Baloul et Mohand Amokrane Chérifi se sont dégradées. Toutes les tentatives visant à le faire revenir sur sa décision n'ont pas abouti, malgré la tenue de deux sessions du Conseil national (les 16 et 17 février, puis le 9 mars). Ali Laskri a bel et bien provoqué une crise sans précédent au sein du FFS, imposant la convocation des congressistes ayant élu le présidium en 2013 pour corriger ce qui n'a pas jusque-là fonctionné et permettre ainsi au parti de prendre son envol et revenir sur le devant de la scène. Est-ce possible ? C'est le défi auquel sont confrontés les participants qui viendront de 30 wilayas, en plus des représentants de l'immigration. Luttes fratricides Les positions des uns et des autres au sein de la direction font, au fait, que le congrès pourrait connaître des moments de tension. Et pour cause, l'élection d'une nouvelle IP défendue par certains se trouve confrontée à la volonté d'autres de compléter l'actuelle liste. Lors du dernier conseil national, la résolution adoptée se référant aux statuts, notamment l'article 48, indiquait que le congrès extraordinaire est convoqué «pour élire une nouvelle Instance Présidentielle, avec une liste consensuelle de 5 membres comprenant les membres de l'Instance Présidentielle actuelle». Or, le congrès est souverain et «c'est aux congressistes de trancher», nous dira Hassen Ferli. Sur la question, le Premier secrétaire du parti, Mohamed Hadj Djilani, est intransigeant. «Au FFS, le respect des textes est fondamental, cela nous renforce dans notre foi, (...) Cela nous amène à dire que le congrès est souverain et c'est l'essence même de la pratique démocratique», a-t-il précisé dans un entretien accordé en mars dernier au Temps d'Algérie. Ainsi, dans les coulisses, les tractations vont bon train pour composer la future IP. Laskri qui n'est pas favorable à l'idée de reconstituer avec les Baloul et Chérifi pourrait se présenter avec sa propre liste et il sera soutenu par une bonne partie des militants. Devant cette situation, le bruit a couru d'ores et déjà sur le retrait définitif de Aziz Baloul dans une ultime démarche visant à sauvegarder les équilibres. Le chargé à la communication du parti le qualifie «d'intox». «Il n'y a pas de raison, du moins pour l'instant, pour que Aziz Baloul se retire», nous a-t-il dit. Quel présidium aura demain le FFS et en trouvera-t-il le bon chemin ?