59 ans après sa mort, à la fin du mois d'Avril 1959, suite aux tortures qu'il a subies dans les geôles des soldats français, le grand comédien Mohamed Touri est toujours là. A chaque rediffusion de ses sketchs par la télévision, le comédien nous fait encore rire. Derrière Mohamed Touri, l'homme connu pour sa carrière artistique et utilisé le rire pour s'exprimer se cachait un révolutionnaire dont les activités nationalistes avait mené à son arrestation et sa mort suite aux tortures que lui avaient fait subir les soldats français. Décédé alors qu'il n'avait que 45 ans, Mohamed Touri qui fut parmi nos plus grands comiques a réussi à laisser son image à l'éternité. Que ce soit sur les chaînes de télévision ou par le biais des sites internet, notamment le Youtube, on revoit avec le même plaisir ses nombreux sketchs. «Bkhour ya Bkhour» est l'un des plus célèbres car la télévision le repasse en certaines occasions, notamment durant le Ramadhan. Bien qu'il soit issue d'une famille conservatrice de Blida et étant tout petit, Mohamed Touri débuta par M'sid Ellouha (l'école coranique) chez Cheïkh Berboucha dans la ville des roses et alla se perfectionner à Constantine au niveau de la Medersa dirigée par l'association des Ouléma, Touri ne pouvait rater la carrière de comique. En effet, le jeune Blidéen avait toutes les qualités d'artiste et avait des dons pour faire rire son entourage. Sa grande taille, ses longs bras et son don d'improvisation ont fait de lui, l'un des artistes les plus aimés de son époque. A 14 ans, il adhéra à l'association «El Amel» au sein des scouts. Cette troupe avait été créée par Moussa Kheddioui, le père fondateur de toutes les associations Blidéennes du début du siècle dernier. Les débuts à Blida Le jeune Touri se fera remarquer au sein de ce groupe, mais veut persévérer et apprendre sérieusement le métier d'artiste. Pour cela, il rejoindra l'association «El Hayat» que dirigeait le grand maître de la musique andalouse Mahieddine Lakhal. C'est là qu'il fera connaissance avec des professionnels tel que Dahmane Benachour et Benguergoura. En cette période, Blida était l'une des villes les plus actives en matière d'art. Mustapha Bentchoubane suivait la voie de Rachid Ksentini, le comédien algérien le plus doué de tous les temps. La concurrence était rude car à Alger, d'autres comédiens allaient monter sur scène. Rouiched faisait ses débuts dans la troupe Redha Bey (dirigée par Mahboub Stambouli) en jouant son premier rôle dans le Sketch : «Dara Fe Square» alors que Sid Ali Houat dit Fernandel allait faire un tabac avec ses chansons «Balek Metrig» et «Yemma Merti Ouana». Badreddine Bouroubi qui est également un grand chanteur compositeur et comédien comique a fait partie de Redha Bey. On dit de Bouroubi qui vit toujours à Bouzareah (Alger) qu'il était parmi les plus doués pour l'improvisation, Parmi les grands Durant la même période, Hassan Hassani avait aussi créé une troupe à Berrouaghia et se préparait à faire une entrée fracassante dans la capitale. Passant au statut de vrai professionnel, Mohamed Touri rejoindra la troupe de Bachtarzi qui lui ouvrira les portes du théâtre radiophonique en parallèle à la participation aux tournées Mahieddine. Suivant la voie de Ksentini, Touri se fera connaître pour ses rôles dans «Le boxeur», «Zâit», «Mâit» Ou «Neggaz El Hit» et «Bouhadba» dont certains textes auraient été écrits par lui. Il rejoindra en 1947, l'Opéra d'Alger dont la section arabe était dirigée par Mahieddine. D'autres artistes tels Mustapha Kateb et Allel El Mouhib travaillaient déjà à l'opéra. Kateb qui sera à la direction de la troupe du FLN ne pourra jamais faire appel à Touri car il était emprisonné à Serkadji. En effet, tout comme Hassan El Hassani, Tayeb Abou Elhassan et beaucoup d'autres artistes qui étaient, soit en prison ou au maquis, Mohamed Touri ne fera pas partie de la troupe du FLN. A peine deux mois après sa sortie des geôles colonialistes où il avait subi les plus atroces tortures, il mourrait suites aux séquelles de ces tortures. Mohamed Touri repose au cimetière Sidi El Haloui à Blida où il est né le 09 novembre 1914. Une salle de spectacles porte son nom à Blida. Il avait enregistré quelques disques 78 tours dont «Samba Sambatero» et «La loterie algérienne».