Mohamed Touri, l'un des plus grands comiques de l'histoire de l'Algérie, aura fêté ses 95 ans le 9 novembre si la mort ne l'avait pas ravi à tous les Algériens en cette fin d'avril 1959 alors qu'il n'avait que 45 ans. Son sketch Bkhour ya bkhour est l'un des plus célèbres car la télévision le repasse en certaines occasions. Bien qu'il soit issu d'une famille conservatrice de Blida, soit tout petit, débuta par M'sid Ellouha (l'école coranique) chez cheikh Berboucha dans la ville des Roses et alla se perfectionner à Constantine au niveau de la medersa dirigée par l'association des oulémas, Touri ne pouvait rater la carrière de comique. En effet, le jeune Blidéen avait toutes les qualités d'artiste et avait des dons pour faire rire son entourage. Sa grande taille, ses longs bras et son don de l'improvisation ont fait de lui l'un des artistes les plus aimés de son époque. A 14 ans, il adhéra à l'association El Amel des Scouts. Cette troupe avait été créée par Moussa Kheddioui, le père fondateur de toutes les associations blidéennes, au début du siècle dernier. L'école artistique de Blida Le jeune Touri se fit remarquer au sein de ce groupe mais voulut persévérer et apprendre sérieusement le métier d'artiste. Pour cela, il rejoignit l'association El Hayat que dirigeait le grand maître de la musique andalouse, Mahieddine Lakhal. C'est là qu'il fera connaissance avec des professionnels tels que Dahmane Benachour et Benguergoura. A cette période, Blida était l'une des villes les plus actives en matière d'art. Mustapha Bentchoubane suivit la voie de Rachid Ksentini, le comédien algérien le plus doué de tous les temps. La concurrence était rude car à Alger d'autres comédiens allaient monter sur scène. Rouiched faisait ses débuts dans la troupe Réda Bey (dirigée par Mahboub Stambouli) en jouant son premier rôle dans le sketch Dara fe square, alors que Sid Ali Houat dit Fernandel allait faire un tabac avec ses chansons Balek metrig et Yemma merti ouana. Badreddine Bouroubi, qui est également un grand chanteur, compositeur et comédien comique, a fait partie de Réda Bey. Sur la voie de Rachid Ksentini Durant la même période, Hassan Hassani avait aussi créé une troupe à Berrouaghia et se préparait à faire une entrée fracassante dans la capitale. Passant au statut de professionnel, Mohamed Touri rejoindra la troupe de Bachtarzi qui lui ouvrira les portes du théâtre radiophonique parallèlement à sa participation aux tournées Mahieddine. Suivant la voie de Ksentini, Touri se fera connaître pour ses rôles dans Le boxeur, Zâit, Mâit ou Neggaz el hit et Bouhadba dont certains textes auraient été écrits par lui. Il rejoindra en 1947 l'Opéra d'Alger dont la section arabe était dirigée par Mahieddine. D'autres artistes tel Mustapha Kateb et Allel El Mouhib travaillaient déjà à l'Opéra. Kateb qui sera à la tête de la troupe du FLN ne pourra jamais faire appel à Touri car il était à Serkadji. En effet, tout comme Hassan El Hassani, Tayeb Abou Elhassan et beaucoup d'autres artistes qui étaient soit en prison soit au djebel, Mohamed Touri ne fera pas partie de la troupe du FLN. A peine deux mois après sa sortie des geôles colonialistes où il avait subi les plus atroces tortures, il mourrait des suites des séquelles des tortures. Mohamed Touri repose au cimetière Sidi El Haloui, à Blida, où il est né le 9 novembre 1914. Une salle de spectacles porte son nom à Blida. Pour lui rendre hommage, nous mettons en marche notre gramophone pour écouter Samba Sambatero ou La loterie algérienne enregistrées sur 78 tours.