Comme attendu et sans aucune surprise, Abderrazak Makri a été réélu, dans la nuit d'avant-hier, au terme du congrès extraordinaire du parti qui s'est déroulé au sein de la coupole à Alger, pour un nouveau mandat à la tête du MSP. En l'absence d'un candidat qui pèse, suite à la décision de Bouguera Soltani de ne pas se présenter devant les membres du Conseil consultatif, ces derniers ont donné leur quitus à M. Makri qui a obtenu 241 voix contre 84 seulement pour son rival Naâmane Laouar. Pour sa part, Bouguerra Soltani, ancien président du parti qui a affiché son opposition à la ligne politique de sa formation, a maintenu le suspense jusqu'à la dernière minute avant de décider de ne pas se présenter, sentant qu'il n'avait aucune chance de l'emporter. Avec Abderrazak Makri, c'est l'aile radicale du parti islamiste qui l'a emporté et l'échec des partisans du retour au gouvernement ont été totalement laminés. Désormais, M. Makri qui consolide sa position après ce congrès extraordinaire, ultime acte de fusion avec le Front du changement (FC) d'Abdelmadjid Menasra, aura les coudées franches et pèsera sur tous les choix du MSP pour les cinq prochaines années, à commencer par l'élection présidentielle durant laquelle le parti n'entend pas jouer le rôle de lièvre, comme affirmé récemment par son président. Et la ligne politique a été réitérée par Makri à l'ouverture des travaux du congrès, en répliquant à ceux qui veulent faire revenir le MSP dans le giron du pouvoir. «Si le pouvoir n'est pas encore prêt à accepter la proposition du consensus politique pour sortir de la crise, j'appelle tous les militants du MSP à poursuivre la lutte politique, à s'armer de patience (…) et à fournir plus d'efforts à tous les niveaux, et ce, dans le cadre de la démarche pacifique et la position médiane et modérée du parti que vous a léguée le guide et fondateur du parti, le défunt cheikh Nahnah», a-t-il déclaré. Et d'ajouter : «Si vous poursuivez ce combat politique, je vous promets qu'il sera couronné par un meilleur résultat électoral qui vous placera en pole position à l'issue des législatives de 2022. Cet aboutissement vous permettra de réintégrer le gouvernement la tête haute, non pas pour le décor, mais en tant que partenaire politique à part entière». Le cap est donc fixé : rejoindre le gouvernement en position de force et non pour faire de la figuration comme ce fut le cas à l'époque de l'alliance présidentielle lorsque le MSP faisait de la figuration à côté du FLN et du RND. Et pour barrer définitivement la route à ses détracteurs au sein de sa formation, Abderrazak Makri explique que «les grands partis sont ceux qui sont fondés pour défendre des grandes causes et poursuivre des objectifs politiques (…) banni soit le parti fondé sur l'intérêt personnel. Honni soit l'homme politique qui passe son temps à berner les militants et le peuple avec des paroles mielleuses et en vendant du vent sans pour autant présenter un réel programme politique… Le malheur en politique, c'est qu'elle soit monopolisée par les opportunistes et fuie par des réformateurs». Le président du MSP a déclaré à la presse juste après son élection qu'il œuvrera avec d'autres forces dans l'opposition pour «une transition démocratique».