Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne coopéreront avec la Russie en vue de convoquer au plus vite la conférence Genève 2 sur la Syrie, a annoncé hier à Paris le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, au terme d'une rencontre avec ses homologues français et américain, Laurent Fabius et John Kerry. «Nous, nos trois pays, avons l'intention de tout faire pour mettre fin à l'effusion de sang en Syrie… Notre objectif consiste à convoquer une deuxième conférence de Genève où toutes les parties se réuniront afin d'élaborer une solution politique à la crise en Syrie. Nous coopérerons avec la Russie pour organiser la conférence le plus vite possible», a indiqué M. Hague. Les trois ministres ont décidé hier que la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie devrait être ferme et fixer une date butoir de placement de l'arsenal chimique syrien sous contrôle international. Les trois pays ont notamment prôné le règlement politique du conflit syrien et la non-intervention armée dans ce pays proche-oriental et se sont mis d'accord sur la destruction complète des stocks d'armes chimiques de Damas d'ici le milieu de l'année 2014. Après une rencontre à la présidence française réunissant François Hollande, John Kerry et William Hague, Laurent Fabius a évoqué «une résolution qui prévoira bien sûr des conséquences sérieuses si elle n'était pas appliquée», après l'accord obtenu samedi à Genève entre Russes et Américains sur le désarmement chimique de la Syrie. «Si Bachar Al Assad n'applique pas l'accord sur les armes (chimiques), il y aura des conséquences», a approuvé de son côté John Kerry, sans toutefois les qualifier. «Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider le peuple syrien à sortir du chaos et de la violence.» «La pression est sur eux (le régime de Damas) pour qu'ils appliquent intégralement cet accord. Le monde doit être prêt à en tirer les conséquences s'ils ne le font pas», a renchéri William Hague. Selon la présidence française, lors de la rencontre tripartite tenue à l'Elysée, les trois pays ont «jugé essentiel» de parvenir à un texte «fort et contraignant». Il s'agit d'obliger Damas, selon un «calendrier précis», à dresser l'inventaire de son arsenal chimique et à le faire vérifier jusqu'à son démantèlement d'ici la mi 2014, a-t-on précisé de même source. Toujours selon la présidence française, Français, Américains et Britanniques «ont décidé de rester extrêmement groupés dans la semaine qui vient», convenant aussi d'«avancer très vite» et de «travailler dès maintenant à une solution politique en lien avec l'opposition syrienne». Une solution politique qui s'impose selon les trois hauts responsables politiques d'autant plus qu'en Syrie les groupes terroristes ont pris une dimension très dangereuse menaçant les populations syriennes dans ses différentes variantes. Selon une étude de l'institut de défense britannique IHS Jane's, publiée hier par le quotidien Daily Telegraph, les groupes terroristes et extrémistes sont très nombreux à s'attaquer à l'armée syrienne et à commettre des attentats visant de humbles citoyens et des intellectuels syriens. Les experts des Nations unies ont également souligné, hier, une hausse des crimes de guerre perpétrés par les rebelles et des mercenaires étrangers combattant à leurs côtés. «Dans le nord de la Syrie, il y a eu une brusque augmentation des crimes et des violations des droits de l'homme commis par des groupes extrémistes armés antigouvernementaux qui opèrent aux côtés de djihadistes venus de l'étranger», a déclaré devant le Conseil des droits de l'Homme (CDH) de l'ONU à Genève Paulo Pinheiro, chef de l'équipe onusienne chargée de faire un rapport sur les crimes de guerre en Syrie. Moscou compte sur Washington. La Russie a réagi aux déclarations faites par Washington, Londres et Paris. Moscou compte sur le strict respect par les Etats-Unis des ententes enregistrées à Genève sur les arsenaux chimiques syriens, a déclaré hier le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à l'issue de négociations avec son homologue égyptien Nabil Fahmy, en visite à Moscou. «Je suis persuadé que, malgré les déclarations émanant de certaines capitales européennes, les Américains s'en tiendront fermement aux ententes enregistrées», a indiqué le chef de la diplomatie russe.«Il faut obliger l'opposition syrienne à prendre part à la conférence internationale Genève 2», a déclaré le chef de la diplomatie russe. «Pour que cela (la conférence) ait lieu, il faut d'abord persuader, je ne sais même plus, on emploie sans arrêt ce verbe, il faut donc persuader l'opposition de prendre part à la conférence. Il est peut-être temps de commencer à utiliser un autre verbe, celui d'obliger l'opposition à participer à la conférence», a indiqué le ministre russe à l'issue d'un entretien avec son homologue égyptien Nabil Fahmy.