Durant son parcours artistique de quatre-vingt années pleines, Mohamed Mahboub Stambouli, un homme de culture animé par son nationalisme indéfectible, s'est distingué d'une plume prolifique et infatigable dont malheureusement nous ne connaissons que peu de choses. Né à Médéa en 1913 au sein d'une famille conservatrice, Mohamed El Mahboub Stambouli deviendra comédien, poète et dramaturge. Très jeune, il montra une insatiable curiosité pour le quatrième art. Sa première rencontre avec les planches remonte à 1920, alors qu'il n'avait pas encore atteint l'âge de 7 ans. En 1935, il crée à Médéa la troupe Hilal Sports. Cette troupe spécialisée dans le théâtre et la musique donnait également des spectacles de gymnastique (acrobatie, pyramides, etc.) pour encourager la pratique sportive. Très actif, il se rendit à Alger, et fonda une troupe de musique et de théâtre dénommée «Redha El Bey» en 1939. Redha Bey est la première troupe de Jazz créée en Algérie. Durant cette période, il écrit de nombreux poèmes et hymnes patriotiques, entre-autres le chant patriotique «Min djibalina» et «Nadani Messali Adjebtou En'nida», (Messali m'a appelé, j'ai répondu à l'appel), dont la musique a été composée par le grand musicien et moudjahid Said Bestandji alias Hassan Badri. Il a également écrit des Anachid pour le compte des Scouts Musulmans Algériens. Militantisme Toujours à la même époque, le dramaturge avait écrit des pièces de théâtre entre-autres, «Nahkilek», (Je te raconte) et «Medjnoun E'chatti'e» (Le fou de la plage). Après les événements du 8 mai 1945 et la montée du nationalisme qui s'était traduite par la revendication de la liberté et de l'indépendance, les autorités françaises avaient interdit les activités de la troupe qu'il dirigeait et ce, jusqu'en 1948, en raison de son implication dans la lutte nationaliste. La troupe reprendra tout de même ses activités sous la direction officielle de son ami, le comédien, compositeur et parolier Badreddine Bouroubi. Au déclenchement de la Révolution, Mohamed El Mahboub Stambouli, qui avait créé la première section de l'OS de Cheraga rejoignit les rangs du Front de Libération Nationale au sein duquel il activait et fut arrêté en 1957. Libéré après trois années de détention dans les camps de concentration, il avait exercé par la suite à la radio nationale où il avait produit de nombreuses émissions sur la poésie et la chanson. Parmi ces émissions, nous ne citons que «Ahlem oua Aouham», (Rêves et imaginations), «Dounya Echabab», (Le Monde des jeunes) et «Rachda ouel Gouala», dont le fond musical a été composé par son ami Mohamed Iguerbouchène qui lui a également composé une cinquantaine de chansons. 5 000 poèmes Au lendemain de l'indépendance en 1962, Stambouli avait rejoint le Théâtre National Algérien, avant de le quitter pour faire partie de la première troupe théâtrale indépendante la TTP que dirigeait son ami Hassan Hassani. Le dramaturge et parolier passera sa vie à œuvrer pour l'art et le développement de la culture. Son talent n'avait d'égal que celui des grands de son époque. Tout au long de son parcours artistique exemplaire, Stambouli avait écrit environ 5.000 poèmes classiques et Melhoun, 10 opérettes, une dizaine d'adaptations théâtrales, 4 romans, 4 feuilletons musicaux et une trentaine de pièces de théâtre, qui méritent d'être étudiées pour le savoir et l'histoire que ces trésors renferment. Cet homme de culture très prolifique, avait été primé de plusieurs distinctions et prix, entre-autres le premier prix de la RTA, obtenu en 1973 en tant qu'auteur des paroles de la chanson intitulée «Tedj Ezzine», chantée par Said Bestandji. En 1966, Mahieddine Bentir se classait deuxième au grand prix de l' Eurovision, avec la chanson «Ya L'bakia» écrite par le même poète. La pièce «Le cercle de craie caucasien» de Brecht qu'il avait adaptée (mise en scène par Hadj Omar), avait également reçu le 1e prix du théâtre arabe en 1967. Mahboub Stambouli décède en janvier 2002 à l'âge de 86 ans, marquant ainsi l'histoire de son pays.