Constat n Les deux conjoints veulent, coûte que coûte, chasser cette malédiction et avoir un enfant, fruit d'amour, mais aussi une preuve de l'aptitude à la procréation. La stérilité est la hantise de beaucoup de nouveaux mariés qui, après une année de mariage seulement, se retrouvent obligés, par le poids de la tradition, de se justifier devant autrui mais aussi se rassurer soi-même. Au-delà de la déception, la frustration et le sentiment d'échec que peuvent ressentir les couples, la stérilité est considérée chez nous comme un tabou. Il est en effet rare que des gens, même à notre époque, évoquent le sujet en famille ou avec des proches. Très souvent, on ignore dans un couple lequel des deux est stérile. On entend, souvent dire que seule la femme est responsable sans pour autant en être sûr. Puisqu'il est très rare d'entendre une personne avouer qu'elle est stérile. Pour des raisons socioculturelles ou certaines croyances et même préjugés bien incrustés dans les sociétés arabo-musulmanes, le secret dans ce genre de situation est bien gardé. Jadis, il n'y a pas bien longtemps d'ailleurs, cela était la première cause de répudiation, et il est triste de constater que cela persiste toujours dans certaines régions. Peu importent l'âge de la femme, son origine et son niveau social et intellectuel, quand il s'agit d'enfant, cela ne pardonne pas. On considère même la stérilité comme une tare. Le pire c'est qu'on attend pas longtemps pour décréter que la femme, puisque c'est toujours elle qui est pointée du doigt en premier lieu, est stérile. Au bout d'une année de mariage, l'inquiétude et la «suspicion» commencent. Si pour certains couples l'adoption reste une solution, d'autres, au contraire, préfèrent l'éviter. Rencontrée chez une gynécologue, Amina (48 ans) qui n'a pas pu avoir d'enfants après 27 ans de mariage, nous dévoile très timidement : «Je n'ai pas d'enfants, mais je vis très bien avec mon mari» .Tout en évitant de rentrer dans les détails elle a préféré vite tourner la page en disant : «Nous avons construit une villa dans un quartier huppé et je m'entends bien avec ma belle-famille…». L'idée d'adopter des enfants est loin d'intéresser cette femme qui appréhende tout de même le futur. «Je voudrais bien avoir un enfant car nous ne savons pas ce que nous réserve l'avenir», avoue-t-elle. Désespérée, Leïla (34 ans), enseignante dans un CEM à Birkhadem, nous confie : «J'ai bouclé ma 10e année de mariage, j'ai vu plusieurs gynécologues, femmes et hommes mais sans résultat (…) c'est la volonté de Dieu aujourd'hui je me suis fait une raison, j'ai mon boulot, avec mes économies j'ai acheté un véhicule, c'est l'essentiel». Brahim est, lui, las d'attendre : «Je n'en peux plus... C'est trop dur de vivre sans enfants… Cela fait cinq ans que je frappe à toutes les portes, quand on me dit qu'untel est un bon gynéco j'y vais peu importe le prix, en fin de compte il n'y a rien (…). Je crois en Dieu et je n'ai pas perdu espoir (…) mais je veux tout de même aller en Tunisie pour une insémination artificielle».