Le ministre des Affaires étrangères libyennes, du gouvernement d'union nationale, Mohamad Taher Siala, s'est démarqué des propos tenus par le maréchal à la retraite, Khalifa Haftar, avant de les qualifier d'«irresponsables». Les autorités officielles libyennes ont donc réagi officiellement, hier, aux propos agressifs du maréchal Khalifa Haftar contre l'Algérie, par la voix du ministre des Affaires étrangères, Mohamed Tahar Siala. En effet, Haftar, qui a menacé de «transporter la guerre à l'Algérie», a été désavoué par le gouvernement de Fayez El Sarraj, qui l'a qualifié également de «maréchal à la retraite». La télévision publique algérienne a rapporté, hier, dans l'édition de 13 heures de son Journal, que Mohamad Taher Siala, qui s'est entretenu par téléphone avec son homologue algérien, Abdelkader Messahel, a qualifié les propos de Haftar, d'«irresponsables». Siala a affirmé que les «autorités libyennes sont attachées au renforcement des relations fraternelles avec l'Algérie», après avoir loué le rôle de l'Algérie, dans le cadre des efforts de l'ONU, pour parvenir à une solution au conflit libyen, selon l'ENTV. Pour sa part, Abdelkader Messahel a «rassuré» son homologue libyen, affirmant qu'aucune déclaration ne peut porter atteinte aux «relations fraternelles» entre les deux pays. Il a affirmé que l'Algérie poursuivra ses efforts en faveur d'une «solution politique» de la crise libyenne. Il s'agit là de la première réaction officielle de la diplomatie algérienne, quatre jours après les menaces de Haftar à l'encontre de l'Algérie. Les faits remontent à samedi dernier, après qu'une chaîne d'information qatarie ait diffusé une vidéo, montrant Haftar menaçant l'Algérie de transporter la guerre en ses territoires. «En temps de guerre, on ne permet à personne de s'approcher de nous. Les Algériens ont profité de l'occasion et ont pénétré sur le territoire libyen. J'ai envoyé le général Abdelkrim à Alger pour leur dire que ce qui s'est passé n'est pas fraternel», a-t-il déclaré. Il a, par la suite, menacé de «déplacer en quelques instants la guerre en Algérie». Selon lui, les autorités algériennes l'ont rassuré que «ce qui s'est passé était une démarche individuelle qui va se terminer dans une semaine». De son coté, le général de corps d'Armée, Ahmed Gaid Salah, vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major de l'ANP, n'a jusqu'à présent, pas réagi à ces propos «belliqueux». Sur la scène politique algérienne, c'est Abderezzak Makri qui a été le premier à réagir, en réclamant une riposte à l'«insulte» du maréchal Haftar. Sur son compte Facebook, le président du MSP a exigé aux autorités des «éclairages». «Haftar nous menace ! Le militaire soutenu par les Emirats arabes unis et l'Egypte n'a pas été gêné de menacer l'Algérie suite à l'entrée, selon ses dires, de militaires algériens sur le territoire libyen. Nous exigeons que ces faits soient expliqués à l'opinion publique, et nous voulons savoir quelles mesures politiques et diplomatiques seront prises par nos autorités pour répondre à cette humiliation», a-t-il écrit. Sur les réseaux sociaux, les réactions étaient plus vives. «Ce général libyen n'a pas vu les avions émiratis et égyptiens bombarder le peuple libyen ! Il n'a pas vu l'armée égyptienne violer les frontières libyennes, ni les Tchadiens recrutés par ses forces armées, (…) ! Il ne voit que l'Algérie, qui ne fait que protéger ses frontières et qui évite de s'ingérer dans le conflit interne libyen», a écrit l'activiste Abdou Ibn elancer sur sa page Facebook. Concrètement, Haftar peut-il constituer une menace sécuritaire pour l'Algérie ? Selon des spécialistes, les déclarations du maréchal sont motivées par l'offensive sur Tripoli, interprétée comme une menace pour lui et pour les élections prochaines. D'autant plus que Haftar n'occupe aucune position près des frontières algériennes. En somme, il s'agirait d'un discours «populiste» destiné à ses alliés anti-algériens, étant donné qu'il est en situation de faiblesse, notamment vis-à-vis de ses alliés égyptiens.