«Le mouvement syndical en Algérie a connu différentes étapes suivant le contexte politique du pays. Il n'a jamais été stable et homogène.» Selon le coordinateur adjoint du Cnes, Abdelmalek Rahmani, trois étapes essentielles caractérisent le mouvement syndical. Avant l'année 1988, l'UGTA était l'unique syndicat existant. Il activait sous la houlette du parti unique. Avec l'avènement du multipartisme, on assiste à la naissance du syndicalisme autonome. Les syndicats tentent d'arracher le maximum de droits pour les travailleurs. C'était le syndicalisme révolutionnaire dont les principes étaient contraires à ce que prônait l'UGTA. Mais il a été toujours influencé, selon M. Rahmani, par le syndicalisme français issu du Parti communiste français (PCF). Durant cette période, chaque parti politique avait son syndicat. Avec la crise qu'a connue l'Algérie durant la décennie noire jusqu'à aujourd'hui, le mouvement syndical a connu une période de stagnation, «pour ne pas dire une rupture du mouvement social», signale Abdelmalek Rahmani, estimant que «cette stagnation est dangereuse». Car, explique-t-il, le débat social est absent et la stabilité sociale est menacée. Certes, les syndicats font de la politique, mais qui ne devrait en aucun cas être une politique partisane ou politicienne. dialogue social Pour le porte-parole du Cnes, les pouvoirs publics doivent assumer leur responsabilité en encourageant notamment le dialogue social dans le cadre des lois de la République. «L'absence de dialogue social engendrera sans doute une explosion sociale», a-t-il averti. Dans le même ordre d'idées, notre interlocuteur précise : «Nous avons connu une ouverture politique qui nous a coûté cher. La responsabilité des pouvoirs publics est d'instaurer un débat social sans qu'il soit au détriment de la stabilité de l'économie nationale.» «Actuellement, reconnaît-il, le mouvement social est dans une phase de véritable stagnation. Les effets de la décennie noire sont toujours présents et nous assistons à un traumatisme général. Cela peut être dangereux pour la société. C'est pour cela que la nouvelle architecture du monde du travail doit prendre en considération le mouvement syndical.» Affirmatif, il dit : «Les intérêts de la nation doivent être respectés. Sans cohérence ni cohésion sociale, il n'y aura pas de stabilité sociale.» Pour notre interlocuteur, «nous sommes dans l'obligation de réfléchir à la promotion du mouvement syndical. C'est la seule manière de garantir cette stabilité. Il faut que les mentalités changent. La mobilisation ne peut se faire qu'à travers un débat social. Les vertus du dialogue sont connues. Les pouvoirs publics ont la responsabilité de le promouvoir pour qu'il débouche sur du concret». Pour conclure, Abdelmalek Rahmani indique que «notre société connaît tous les maux et les fléaux sociaux. L'Etat seul, avec ses institutions, ne pourra pas rétablir l'ordre sans le dialogue social. Ce dernier constitue le moyen idoine à même d'éviter le désespoir. Nous avons la possibilité d'y arriver. Même les syndicats ont cette responsabilité, mais dans le respect du combat et des droits syndicaux».