Pour une fois, les députés des partis de l'opposition (RCD, PT et islamistes) ont été unanimes à voter contre le projet de loi de finances 2019, adopté à la majorité, avant-hier jeudi. Pour les députés du RCD, le texte consacre un statu quo qui reconduit les inconséquences au plan économique et qui approfondit la détresse sociale de larges couches de la population. «L'absence de nouveaux impôts et taxes présentée par le gouvernement et ses partis comme un butin de guerre n'est rien devant le gel des salaires, la dévaluation continue du dinar, le non remplacement de plus de 47 000 postes de départs en retraite, la coupe de 440 milliards de dinars dans le budget d'équipements ou le maintien du gel de projets structurants comme les CHU», ont-ils souligné dans un communiqué. Depuis 2014, année marquée par la chute des prix des hydrocarbures, les gouvernements successifs annoncent des réformes de structures pour augmenter la part de la fiscalité ordinaire, opérer un ciblage des subventions et résorber les déficits des caisses sociales, rappellent ces parlementaires. Pour eux, «rien de cela n'a été entrepris. Le pays est toujours suspendu au prix du baril suppléé depuis plus d'une année par une planche à billets qui risque de réveiller un processus inflationniste difficile à maîtriser avec la baisse tendancielle des réserves de change. En somme, ce projet, fortement influencé par la tenue de l'élection présidentielle de 2019, aggrave les problèmes en différant les solutions». De son côté, le groupe parlementaire du PT a soutenu que le projet du gouvernement «ne répond pas aux aspirations de la majorité des citoyens et ignore la souffrance qu'ils endurent d'autant qu'il ne prévoit pas de mesures pour l'amélioration de la situation financière et économique du pays». «Si ce projet de loi ne prévoit pas de taxes et d'impôts supplémentaires et le gel de certains projets, il reste toutefois peu différent des autres projets de loi ayant appliqué depuis 2015 la politique d'austérité qui a influé sur le pouvoir d'achat des citoyens», a-t-il souligné, en dénonçant «la réduction et la non-attribution de budgets supplémentaires aux secteurs sensibles qui rencontrent des problèmes en raison de la réduction du budget d'équipement de 10% et d'une légère augmentation du budget de fonctionnement». Le groupe parlementaire MSP a regretté le fait que le projet «n'a pas examiné le déficit du budget de l'Etat et de la balance des paiements en particulier commerciale». Il a dénoncé le recours fréquent aux solutions de facilité et conjoncturelles au lieu de s'orienter sérieusement vers des réformes structurelles. Le groupe parlementaire de l'union Ennahda-Adala-Bina a critiqué, pour sa part, le maintien du financement non conventionnel sans définir ses délais et le plafond de la planche à billet. «En dépit de la non-imposition de nouveaux taxes et impôts assimilés dans le PLF 2019, il y a absence de garanties et d'engagement politique pour la continuité de la loi de finances complémentaire de la même année, ce qui nous inquiète quant aux conséquences qui pèseront sur le citoyen», souligne l'alliance islamiste dans un communiqué. Le groupe parlementaire du FFS qui a gelé ses activités parlementaire n'a pas manqué de critiquer le projet du gouvernement. Il a dénoncé le climat et les conditions d'élaboration, d'examen et du vote du PLF 2019, soutenant que le texte a été présenté «d'une façon expéditive sans aucun bilan de gestion annuelle du budget de l'état et les ajustements budgétaires opérés échappant complètement au contrôle parlementaire». Les parlementaires du FFS considèrent que l'objectif recherché derrière le battage médiatique autour du maintien des transferts sociaux et la non introduction de nouvelles taxes est purement électoraliste et vise à acheter la paix sociale.