L'envoyé de l'ONU, Martin Griffiths, qui tend à préparer le terrain pour une relance du processus de paix, au Yémen ravagé par la guerre, a rencontré, de nouveau samedi, les rebelles à Sanaa, avant de voir, lundi à Ryad, des représentants du pouvoir. Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale, et plusieurs membres de son gouvernement, vivent en exil en Arabie saoudite, pays voisin qui intervient militairement depuis 2015 au Yémen, pour aider le pouvoir face aux rebelles Houthis. Le gouvernement Hadi siège à Aden, la grande ville du sud du Yémen, après avoir été chassé la même année, par les Houthis pro-iraniens de la capitale Sanaa. En mission depuis mercredi au Yémen, où il s'est rendu à Sanaa et Hodeida, principal front de la guerre, M. Griffiths ira dans la capitale saoudienne, Ryad, pour s'entretenir lundi, avec des responsables du gouvernement Hadi, a indiqué samedi, une source de l'ONU. Nommé en février pour tenter de trouver une solution au conflit au Yémen, qui a fait, depuis 2015, quelque 10.000 morts, et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU, M. Griffiths cherche à organiser des consultations de paix en Suède. Hier, M. Griffiths a rencontré à Sanaa, Mohammed Ali al-Houthi, chef du Conseil révolutionnaire suprême des rebelles. Ce dernier a dit «espérer que la visite (de M. Griffiths) à Ryad se conclura par des résultats positifs», affirmant aspirer «à une paix juste». Dans l'autre camp, le porte-parole du gouvernement yéménite a accusé, vendredi, les rebelles de «n'avoir pas fait jusqu'à ce moment le choix stratégique et sérieux de la paix», affirmant que ces derniers n'abandonneraient pas leurs armes. Lors des précédentes négociations entre pouvoir et rebelles, les Houthis refusaient de parler de la reddition des armes, ou de se transformer en parti politique, a dit le porte-parole Rajeh Badi. Ils nous disaient : «vous rêvez ! nous n'abandonnerons jamais nos armes». M. Badi a ajouté que son gouvernement, qui a déjà annoncé sa participation aux consultations en Suède, n'avait encore reçu aucune information de M. Griffiths “sur les sujets qui seront abordés en Suède». Malgré les difficultés de sa tâche, l'émissaire de l'ONU a semblé enregistrer des progrès en affirmant à Hodeida, qu'il visitait pour la première fois, avoir obtenu un accord des rebelles en vue de négociations sur un «rôle majeur de l'ONU au port et au-delà». Après l'attaque pour reprendre Hodeida, les loyalistes ont marqué, le 13 novembre, une pause dans les opérations militaires, pour favoriser les efforts de paix. La situation à Hodeida focalise l'attention de la communauté internationale, qui mesure, avec inquiétude, les risques d'une famine généralisée dans le pays, avec la poursuite des hostilités. Un important chef rebelle avait exhorté ses partisans à cesser les opérations militaires, pour montrer leurs bonnes intentions. Les derniers pourparlers, organisés sous l'égide de l'ONU à Genève en septembre, avaient échoué, les rebelles n'ayant pas fait le déplacement, disant craindre pour leur sécurité. En mars 2015, l'Arabie saoudite sunnite a pris la tête de la coalition, pour aider le pouvoir à stopper une progression des Houthis, soutenus par l'Iran, puissance régionale chiite rivale du royaume saoudien.