Dans son discours de clôture de la rencontre gouvernement-walis, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a relevé, jeudi, la faiblesse de la communication institutionnelle face à la rumeur. «La communication est une véritable lacune dans notre gouvernance, tant au niveau national qu'au niveau local. Cela s'aggrave de plus en plus avec le développement des réseaux sociaux», a-t-il avoué. Il a affirmé que le redressement de cette lacune «est un défi que nous veillerons à relever». «Au niveau local, la diffusion de l'information par toute administration concernée, ne laissera pas le terrain à la rumeur et, parfois même, à la manœuvre subversive», a-t-il expliqué, appelant les walis et responsables locaux à communiquer davantage, en utilisant les radios locales et en créant de sites des différents services. M. Ouyahia a exprimé la disposition du gouvernement à organiser et à financer tout programme de formation ou de perfectionnement dans le domaine de la communication. «Au niveau du Gouvernement aussi, nous garantissons par avance la couverture requise pour toute initiative engagée dans ce domaine, car c'est avec la pratique que se développera une communication bien efficace», s'est-il engagé. Le Premier ministre a demandé, en outre aux walis, de canaliser et de maîtriser les situations de crises découlant de catastrophes naturelles, ou provoquées par les perturbations sociales. Pour améliorer la sécurité publique, les walis sont appelés à mettre à contribution les associations locales, dans la prévention des incidents et dérapages sur le terrain. Maintien de l'ordre «L'Etat s'est également doté d'importantes forces de police et de gendarmerie, parfaitement formées pour contenir toutes tentatives de semer le trouble dans les cités, dans les stades et sur la voie publique», a-t-il souligné, demandant aux chefs des wilayas de «faire usage avec discernement de ces moyens préventifs et de maintien de l'ordre». Sur le plan économique, Ahmed Ouyahia a appelé les walis à fournir des efforts en matière de développement local, en contribuant à la création d'entreprises et d'emplois. «Evitons aussi de tomber dans l'illusion d'une remontée des prix du pétrole : ils viennent de perdre de nouveau 30% ces dernières semaines, chutant de 86 $ à moins de 60 $», a-t-il lancé. Il a rappelé que le prix du baril de pétrole a connu une grave chute de 70% en 2014, passant de plus de 100 $ à près de 30 $. Le budget de l'Etat a pu tenir jusqu'en 2016, grâce à une épargne publique proche de 6000 milliards DA, accumulée dans le Fonds de régulation des recettes. Ce Fonds a été totalement épuisé au début de l'année 2017. A partir de 2017, le Trésor s'endette continuellement auprès de la Banque d'Algérie, pour financer le déficit budgétaire proche de 2000 milliards DA par an. A ce jour, le Trésor a emprunté près de 4000 milliards DA auprès de la Banque d'Algérie, ce qui représente une dette publique de 36 % du PIB. «Cela n'est pas une catastrophe comme le prétendent certains, et cela n'a pas produit une explosion de l'inflation, comme d'autres l'annonçaient : l'inflation est à moins de 5%. Cependant, le financement du Trésor auprès de la Banque d'Algérie cessera en 2022, conformément à la loi. D'ici là, nous devrons avoir progressé dans les réformes, qui nous permettront de rétablir l'équilibre du budget de l'Etat», a-t-il souligné. L'orateur a réitéré son appel à rationaliser les dépenses, en poussant les entreprises qui contractent les commandes publiques de réalisations à revoir à la baisse leurs offres, suite à la baisse des prix des matériaux. Selon le Premier ministre, le développement hors hydrocarbures progresse partout, mais doit être accéléré. Parmi les mesures du gouvernement, il cite la décision de décentraliser, vers l'autorité des walis, tout investissement de moins de 10 milliards DA, et le rétablissement de l'accès aux avantages du Code des investissements pour près de 30 activités économiques, dont le déficit existe dans plusieurs wilayas. M. Ouyahia a évoqué également, le défi de la croissance démographique, faisant savoir que la population augmente à présent chaque année d'un million de citoyens.