L'Algérie a célébré, hier, la journée mondiale de lutte contre le SIDA, dans une ambiance marquée par un échange d'expériences, un débat très ouvert, franc et sans tabou. Une rencontre a été organisée par le ministère de la santé à l'Hôtel Sofitel à Alger, en présence de représentants d'instances mondiales, à l'instar de l'ONUSIDA, OMS, ONU femmes. Le nouveau de la célébration cette année, réside déjà dans le thème choisi par les Nation Unies, «vivez la vie positivement. Informez-vous de votre Statut VIH». Dans ce sens, le directeur du bureau ONUSIDA en Algérie, M. Adel Zeddam, a affirmé que «cette vision, issue de la réalité, facilite l'accès universel à la prévention, le dépistage, le traitement et les soins à tous. Nous n'atteindrons pas l'objectif de mettre fin à l'épidémie du Sida d'ici 2030, si les personnes ne parviennent à connaître leur statut VIH». Il ajoute aussi que «l'Algérie, qui a un taux de couverture des traitements par les ARV de 80 %, est aujourd'hui sur la bonne voie, et si les progrès continuent, le pays atteindra l'objectif d'éradication totale en 2030». Le même responsable onusien précise encore : «nous voulons tous vivre dans un monde fait de sociétés inclusives, mais dans la réalité, notre monde voit les inégalités se creuser, et le rejet de la diversité s'intensifier». Il expliquera qu'«il est vrai que nous avons fait preuve de compassion envers les plus vulnérables d'entre nous, et nous avons accueilli l'innovation à bras ouverts pour la lutte contre le Sida, mais soyons conscient que la riposte au sida se trouve dans une situation particulièrement préoccupante, le risque majeur est celui de la complaisance». 9.4 Millions de personnes sans Statut VIH Il y a une crise de prévention du VIH dans le monde, ajoute M. ZEDDAM, et les nouvelles infections chez les adultes ne diminuent pas assez vite. Il fait savoir sur ce plan qu'«en 2017, un total de 9.4 millions de personnes ignoraient leur Statut VIH. Donc ces personnes ne pouvaient pas se protéger, et leur familles et partenaires étaient également en danger». Selon lui, c'est pour ce but que l'ONUSIDA mène, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida, une campagne visant la sensibilisation des personnes à connaître leur statut VIH, et aussi leur charge virale. De son coté, M. Eric Overvest, Coordinateur résident du système des Nations Unies en Algérie, a fait savoir que «77, 3 millions de personnes ont été infectées par le VIH depuis le début de l'épidémie, et 35,4 millions sont mortes de maladies liées au Sida». Pour ce qui est de l'Algérie, il avoue que la situation est maîtrisée. Il précise que «la riposte nationale au VIH/SIDA s'est toujours caractérisée par un engagement des autorités politiques au plus haut niveau de l'Etat. Cela a permis de porter le taux de couverture antirétrovirale à 80 % en 2017». Il ajoutera que «ce résultat est atteint grâce à l'approche participative et multisectorielle, qui a impliqué tous les acteurs gouvernementaux, la société civile et les partenaires au développement d'assurer, à titre gratuit et universel, toutes les prestations, y compris le traitement ARV pour tous». Pour M. Overvest, «l'amélioration de l'accès au traitement a contribué fortement à la réduction du nombre de décès en Algérie de 15 % depuis 2010. Les évidences disponibles montrent que la population générale n'est pas un moteur important de la dynamique du VIH, au même titre que dans la majorité des pays de la région MENA. Toutefois, une tendance d'une épidémie émergente parmi les populations exposées au risque VIH semble être établie». Par ailleurs, la région du Moyen-Orient, l'Afrique du Nord, de l'Ouest et Centrale, selon M. Overest, constituent les zones en retard en matière de dépistage, de traitement et de suppression de charge virale, et ce, souligne-t-il «en raison d'un financement national insuffisant, de systèmes de santé défaillants, des soins de santé payants, des situations humanitaires, ainsi qu'une stigmatisation et une discrimination importantes, qui ont sapé les efforts visant à intensifier le dépistage et le traitement du VIH dans ces régions.