Face au «recul» en matière des droits humains et à la «remise en cause» des acquis démocratiques, des organisations des droits de l'homme ont décidé de réagir. Dans un communiqué commun rendu public vendredi, six organisations (LADDH, LADH, Amnesty International, RAJ, CLA et CST Béjaïa) interpellent les autorités sur les «violations des droits fondamentaux des Algériennes et Algériens, notamment les libertés de manifestations pacifiques et publiques». Cet appel est «une occasion de faire un plaidoyer pour le respect des droits et l'ouverture du champ des libertés démocratiques, associatives, et syndicales», estime Saïd Salhi, un des initiateurs du texte et vice-président de la LADDH. Selon les signataires de l'appel, au moment que la communauté mondiale s'apprête à célébrer le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), adoptée le 10 décembre 1948 par l'ONU, l'Algérie assiste à «un recul en matière des droits humains et à une remise en cause des acquis démocratiques et sociaux arrachés par les sacrifices suprêmes des Algériennes et Algériens». «Plusieurs arrestations de journalistes, blogueurs, militants(es) des droits humains sur fond d'atteintes répétées aux libertés de réunion, de manifestations pacifiques, d'association et d'expression pourtant garanties par la Constitution et les différentes conventions internationales des droits humains ratifiées par l'Algérie», déplorent les signataires. Face à ce constat, les organisations nationales appellent les autorités au respect des libertés individuelles et collectives et des droits humains et au respect des libertés associatives, syndicales et politiques. Réagir si besoin par la force aux revendications sociales est la nouvelle approche des autorités. Dans une déclaration à la clôture, jeudi, de la rencontre gouvernement-walis, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a tracé une feuille de route pour les prochains mois. Pour lui, l'Etat «a mis en place, durant les dix dernières années, suffisamment de forces publiques, police et gendarmerie, et elles sont assez formées, donc il vous revient de faire face à ces problèmes». «Nous ne pouvons indéfiniment accepter la prolifération de la violence et de l'anarchie», assène-t-il. Nouvelle hantise des autorités : les réseaux sociaux. «Aujourd'hui, le citoyen est devenu une proie facile aux rumeurs colportées sur les réseaux sociaux, ce qui pourrait porter atteinte à la stabilité du pays», estime Ouyahia. Appel anonyme et police sur le qui-vive Hier, un appel anonyme à une marche a provoqué un déploiement massif des services de police. Selon Maghrebemergent, «un étrange message audio circule depuis hier, la voix anonyme appelle les jeunes à sortir manifester place Kettani, à Bab El Oued, samedi 1er décembre après la prière du dohr». A cet appel adressé «aux frères zawalis et victimes de hogra (pauvres et victimes d'injustice, ndlr)» a répondu un déploiement important de la police dans les grandes placettes publiques de la capitale. Les ONG signataires de l'appel aux autorités ont apporté leur soutien à la marche pacifique qui aura lieu à Béjaïa le 10 décembre. A cet effet, elles appellent les pouvoirs publics à libérer tous les détenus d'opinion, dont le blogueur Touati Merzoug, condamné dernièrement. «Il s'agit de l'urgence d'examiner le recours introduit à la Cour suprême pour la libération du blogueur Touati Merzoug et de libérer tous les détenus d'opinion. Ce qui est revendiqué à Béjaïa intéresse toutes les Algériennes et Algériens et interpelle les autorités sur la nécessité d'ouverture des espaces d'organisation et d'expression», tranche Saïd Salhi, militant des droits de l'homme basé à Béjaïa.