Le quotidien américain Washington Post a affirmé que le Maroc semblait ''tourner le dos'' aux réformes engagées en 2011, estimant que le roi Mohammed VI, qui montre des signes d'un retour à des ''pratiques autocratiques'', pourrait ''calculer'' que l'ouverture politique qu'il avait entreprise n'est plus nécessaire. Dans un éditorial particulièrement critique, le Washington Post paru le mercredi 2 octobre note qu'après les réformes adoptées dans le sillage des bouleversements politiques connus notamment en Tunisie et en Egypte en 2011, le Maroc avait, alors, été perçu par certaines capitales occidentales comme un ''modèle potentiel'' pour d'autres monarchies arabes tels les pays du Golfe et la Jordanie. Cependant, constate le quotidien de la capitale fédérale américaine, le roi Mohammed VI ''n'a jamais cédé sur son rôle d'autorité suprême du Maroc, en maintenant son contrôle sur les forces armées et la justice''. Le Washington Post observe qu'après la destitution de l'ex président égyptien Mohamed Morsi par l'armée en juillet dernier, ''le régime du roi Mohammed VI montre des signes d'un retour à des pratiques autocratiques''. Au premier rang de ces pratiques, il cite l'arrestation du directeur du journal électronique marocain ''Lakom'', M. Ali Anouzla, ''l'un des critiques les plus virulents du roi'', et ce, suite au renvoi par son site à un lien vers une vidéo sur AQMI contre Mohammed VI publiée par le journal espagnol El Pais. Sur ce point, l'éditorial du Washington Post s'interroge sur le bien-fondé de cette arrestation alors que les autorités marocaines, relève-t-il, ''savent très bien que M. Anouzla, qui a repoussé les limites du journalisme et de la liberté d'expression depuis une décennie, n'est pas un ami d'Al-Qaïda''. En procédant à l'arrestation de ce journaliste, les autorités marocaines ''pourraient le punir pour ses articles courageux et critiques sur le roi Mohammed VI'', s'inquiète le journal américain qui cite aussi l'information dévoilée par "Lakom" en juillet dernier sur la grâce accordée par le roi marocain à un pédophile espagnol alors qu'il avait été condamné en 2011 à trente ans de prison pour des viols sur onze enfants marocains. ''Le roi peut calculer que l'ouverture politique qu'il avait entreprise, lorsque le monde arabe semblait être sur le point d'une révolution démocratique, n'est plus nécessaire'' au regard de la situation qui règne dans les pays qui avaient été touchés par des bouleversements politiques en 2011, selon le journal américain. Toutefois, l'éditorial du Washington Post avance que les monarchies arabes ''ne peuvent pas éviter le changement'' et il avance que si le roi Mohammed VI ''veut préserver sa crédibilité'' en tant que réformateur, il doit alors ordonner la libération du journaliste Ali Anouzla. A rappeler que le département d'Etat américain a exprimé sa ''préoccupation'' suite à l'arrestation de M. Anouzla, et a exhorté les autorités marocaines à traiter ce cas avec ''équité et transparence'' et conformément aux obligations internationales du Maroc. Exprimant la réaction des Etats-Unis suite à cette affaire, la porte-parole du département d'Etat, Mme Marie Harf, a déclaré, lors de son briefing quotidien, que le gouvernement américain ''soutient la liberté d'expression et de la presse ainsi que les droits universels qui sont un élément indispensable de toute société''. En conséquence, elle a indiqué que les Etats-Unis demandaient aux autorités marocaines de traiter le cas d'Ali Anouzla de manière ''équitable et transparente'', et ce, conformément à la loi marocaine et aux obligations internationales du Maroc, y compris le ''respect d'une procédure régulière''.