Il estime que la baisse tendancielle des réserves de change prises en tenailles par un niveau d'importation incompressible «expose et prépare le pays à des désordres inévitables». Le secrétariat national du RCD s'est réuni vendredi soir à Alger afin d'examiner la situation générale du pays à la veille de l'élection présidentielle du printemps prochain. Abordant les élections sénatoriales du 29 décembre dernier où le parti n'a remporté aucun siège dans les wilayas où il a l'habitude d'en gagner (Tizi-Ouzou et Béjaïa), le RCD a estimé que ce scrutin «a démontré que nous pouvons être un véritable segment de recomposition au moment où des forces politiques s'abîment dans des alliances non assumées et que l'argent sale et l'administration se relaient pour dégrader davantage un climat politique et social déjà préoccupant». Le secrétariat national a invité ses membres, dans le communiqué sanctionnant les travaux, à poursuivre le travail de consolidation des nouvelles sections pour permettre au RCD de mieux déployer la présence de ses militants dans les luttes sociales et élargir son influence au sein des segments agissants afin de mieux sensibiliser les populations devant les différentes étapes qui se profilent dans l'opacité. «Alors que le pays est rattrapé par des promesses non tenues de réformes, le gouvernement recourt sans retenue à la planche à billets pour combler artificiellement les déficits de tout genre et alimenter les rallonges financières, simulant ainsi un élan irresponsable vers une activité économique aux antipodes de toute gouvernance rationnelle», a dénoncé le parti de Mohcine Belabbas. Il estime que la baisse tendancielle des réserves de change prises en tenailles par un niveau d'importation incompressible «expose et prépare le pays à des désordres inévitables». Pour le RCD, le bilan économique des dernières années est «désastreux». A ce bilan, il ajoute bilan politique qui replonge le pays dans l'impasse. «On mesure alors le degré d'irresponsabilité du pouvoir réel dans la volonté de maintenir un statu quo qui a déjà ébranlé, saigné et miné le pays. Devant l'état de délabrement des institutions du pays, la dévastation des corps politiques et la destruction des espaces d'intermédiation, l'organisation d'une présidentielle avec ses lièvres et son bourrage systématique des urnes ne suffit plus à assurer la reconduction du système politique», explique le parti. Pour lui, ce scénario est désormais clair. «Il faut anesthésier les vitalités qui demeurent actives dans le tissu social et exclure violemment le peuple de la consultation. Emprisonnements arbitraires, viols répétés de la Constitution et des lois en vigueur, instrumentalisation éhontée de l'appareil judiciaire tendent à devenir la règle face à des citoyens révoltés et médusés devant tant de hogra, de cynisme et de désinvolture désormais vécus comme autant de provocations», a-t-il poursuivi. Le RCD soutient que la dérive totalitaire qui consiste à priver le peuple algérien d'un débat sur les programmes politiques «donne lieu à des offres de service burlesques ou à des agitations tendant tour à tour à reporter le scrutin d'avril 2019, organiser des conférences d'entente ou prêter l'intention au chef d'Etat d'un désir subit de démocratisation». Dans ce contexte, le RCD a évoqué la dernière sortie de l'Armée qui a mis en garde les généraux à la retraite qui expriment des positions politiques. Pour la formation de Mohcine Belabbas, «les réactions sélectives du chef de l'état-major de l'Armée nationale populaire ne travaillent pas à rassurer les citoyens sur la neutralité de l'armée vis-à-vis de tous les acteurs politiques». A la veille de l'élection présidentielle, le RCD appelle au discernement et invite les citoyens à la vigilance «dans une séquence politique où des provocations et une désinformation propagandiste tentent de remonter le temps pour relancer un régime condamné par son bilan et l'évolution des mœurs politiques».