L'autre candidat, à savoir Ali Ghediri, n'a pas réagi à la candidature de Bouteflika. Mais il a, à plusieurs reprises, affirmé qu'il était partant pour gagner… L'annonce officielle de la candidature du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, à l'élection présidentielle du 18 avril prochain, a jeté le désarroi chez plusieurs partis de l'opposition. Si le FFS et le RCD ont décidé de boycotter le scrutin sans attendre la décision de Bouteflika, estimant que l'élection ne pourra pas apporter de réponses à la crise algérienne, les autres partis qui ont engagé des candidats ont été floués par cette candidature. C'est le cas notamment d'Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet, et de Abderrazak Makri, président du MSP. Il est fort probable que ces deux candidats se retireront de la course avant le dépôt de leur dossier devant le Conseil constitutionnel. En effet, Abderrazak Makri, qui a manœuvré pour le report de l'élection, a affirmé, à plusieurs reprises, qu'en cas de candidature du chef de l'Etat pour un cinquième mandat, son parti ne participerait pas au scrutin. Nos tentatives de joindre les responsables de ce parti islamiste hier n'ont pas abouti. Makri va-t-il se retirer de la course, lui qui affirmait il y a quelques jours qu'il était le candidat du consensus de tous les Algériens ? Quant à Ali Benflis, son retrait est quasi acquis. Pour gagner du temps, il a annoncé son intention de se porter candidat et a retiré les formulaires de souscription. Mais il a précisé que sa candidature n'était pas définitive et qu'elle devait être avalisée par le comité central de son parti dont la date de la tenue n'a pas encore été fixée. L'ancien chef du gouvernement, deux fois candidat malheureux en 2004 et 2014, ne voulait, en fait, pas prendre une décision finale avant de connaître l'intention du chef de l'Etat. Mais dans une réaction à l'annonce de la candidature de Bouteflika à un cinquième mandat, il a qualifié cette annonce de «décision irresponsable, susceptible d'enfoncer davantage notre pays dans la crise politique, économique et sociale qui le ronge». «Nous sommes en présence d'un nouveau détournement annoncé de la volonté populaire, d'une violation caractérisée de la Constitution avec un candidat dans l'incapacité d'exercer la fonction présidentielle», a dénoncé sa formation dans son communiqué. Le parti de Benflis a accusé le pouvoir de «placer l'impératif de sa pérennité sur les intérêts supérieurs du pays, prenant le risque de mettre en péril la paix sociale, la stabilité du pays et la cohésion nationale». «Le 5e mandat signifie l'immobilisme et la stagnation. Le pays continuera à être géré par des forces extra- constitutionnelles qui continueront à usurper la fonction et les prérogatives présidentielles et parler et agir au nom du Président», a-t-il poursuivi, ajoutant que «par cette décision qui touche à la dignité citoyenne, le pouvoir politique en place engage sa responsabilité pleine et entière quant au danger auquel il expose le pays». L'autre candidat qui croit en ses chances de devenir Président, à savoir Ali Ghediri, n'a pas réagi à la candidature de Bouteflika. Mais il a, à plusieurs reprises, affirmé qu'il était partant pour gagner, abstraction faite de la candidature de Bouteflika. «Je n'envisage pas la défaite», a-t-il affirmé lors d'une sortie publique. Pour le FFS, la candidature de Bouteflika est loin d'être une surprise. «Je disais en 2006 qu'il était clair qu'ils (le pouvoir) sont tout le temps dans l'alternance clanique (…). Bouteflika, depuis qu'il a été élu en 1999, est là pour un mandat à vie», a déclaré Ali Laskri, coordinateur de l'instance présidentielle du parti sur un journal électronique. «Ce n'est plus une élection, c'est un scrutin fait d'avance ; même ceux qui vont voter vont le faire pour rien. Même les voix qui seront exprimées seront détournées. Il n'y a pas d'élection libre en Algérie, il n'y a qu'une façade faussement démocratique», a-t-il soutenu.