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Il y a 30 ans, Mouloud Mammeri.. C'était un «amusnaw»
Publié dans Le Temps d'Algérie le 27 - 02 - 2019

Le temps a pris la revanche de cet écrivain et anthropologue hors pair. Il fut, de son époque, vilipendé, calomnié, diffamé par un nombre d'écrivains et «intellectuels» algériens. L'histoire lui a donné raison et fait triompher son combat de la manière la plus éclatante.
De son vivant, il est adoré par les siens, mais très redouté par certains esprits qui nagent à contre-courant de la réalité. Mouloud Mammeri est né le 28 décembre 1917 à Taourirt-Mimoun, dans la commune d'Ath Yenni. Il a, à son actif, une trentaine de publications de haute valeur entre romans, nouvelles, pièces de théâtre, travaux scientifiques en grammaire et linguistique Amazigh, et autres traductions de différents genres. Il a publié son premier roman, «La Colline Oubliée» en 1952. Ce roman rencontre un grand succès. Mais ce succès se transforme vite en cauchemars. Il a été malmené et traîné dans la boue.
La campagne féroce face à laquelle il s'est retrouvé n'est pas venue d'un colonisateur français méprisant l'œuvre d'un «indigène», mais elle est alimentée par ses frères algériens. Un grand nombre de ses détracteurs l'a pris à partie sans même prendre le temps de lire son œuvre. Les raisons de cet acharnement réside dans le fait que le premier roman de Mouloud Mammeri rencontre un franc succès auprès des journaux et magazines français. Les louanges de la critique française soulèvent un vent de suspicion complètement injustifiée de la part de ses compatriotes algériens. Des journalistes l'attaquent de la manière la plus virulente et sans aucune retenue. Ces derniers dénient le patriotisme de son auteur dès lors qu'il fait référence à l'identité berbère, qu'on parle d'un «romancier kabyle».
Défendu par Taha Hussein
Le grand écrivain égyptien Taha Hussein s'y met de la polémique pour défendre cette œuvre littéraire exceptionnelle. «Le livre est une étude sociologique fine et profonde qui rend compte de l'isolement dans lequel vivent les habitant de la colline», écrit-il dans Naqd Oua Islah. «Ma fascination pour ce livre est telle que je n'ai pas la moindre réserve a formuler si ce n'est celle de n'avoir pas été écrit en arabe, alors qu'il est fait pour être écrit dans sa langue. Mais de cette carence, l'écrivain ne saurait être tenu pour responsable, la faute, comme pour bien d'autres méfaits, fort nombreux, en incombe au colonialisme», ajoute-t-il. Après l'indépendance du pays, pour laquelle il a participé activement, Mouloud Mammeri se consacre à l'écriture à l'enseignement, et réalise plusieurs travaux scientifiques. Mouloud Mammeri été celui qui a jeté les premiers jalons du combat pour la reconnaissance identitaire algérienne à savoir l'Amazighité. Son attachement à sa culture, son identité et sa patrie sont omniprésents dans ses œuvres. C'est lui-même qui a inventé les caractères latin pour la transcription de cette langue qui a traversée des siècles.
Ses caractères sont adoptés aujourd'hui en Algérie et dans tout le nord africain, mais pas que. En Libye, cette langue est adoptée comme langue officielle depuis la déchéance de l'ex-guide Libyen, Maâmar El Kadhafi. Au Maroc, elle est également reconnue comme langue nationale et officielle. En Tunisie encore, de plus en plus de citoyens réclament la restitution de leur culture et identité spoliées. Le Tamazight est également enseigné dans un grand nombre de pays européens, comme en France ou en Espagne où, dernièrement, on a instauré un enseignement de la langue de Mammeri pour ses soldats car, faut-il le rappeler, ce pays dispose d'un grand nombre de territoires où la population se revendique Amazigh, notamment dans ses îles situées au sud du pays.
Fer de lance démocratique
Mouloud Mammeri été à l'origine du printemps berbère en 1980, événements premiers du genre après l'indépendance de l'Algérie. Ces événements sont considérés comme la première étincelle au combat démocratique en Algérie, sous la dictature. Invité par les étudiants de l'université de Tizi Ouzou pour donner une conférence ayant pour thème : «poésie kabyle ancienne» les autorités algériennes avaient décidée d'interdire une conférence. Une répression féroce s'est abattue sur les étudiants de cette université et la population locale qui a adhéré massivement au mouvement. Mouloud Mammeri est de nouveau désigné à la vindicte populaire. Il est traité de tous les noms d'oiseaux dans les médias publics. Le journal du système de l'époque, El Moudjahid, s'illustre dans cette nouvelle campagne qui vise la personne de Mouloud Mammeri par un excès de zèle hystérique. Dans son édito du 20 mars 1980, l'éditorialiste de ce journal dénie au grand écrivain son patriotisme et le diffame sans aucune retenue.
Mouloud Mammeri adresse une mise au point sanglante à ce journal, mais elle a été censurée. C'est un journal français qui s'en charge de la publier. 37 ans après cette polémique l'Algérie s'est choisie naturellement la voie de Mouloud Mammeri. Des générations de jeunes algériens ont pris le flambeau de ce combat après sa mort. Notre pays n'a pu mesurer l'apport monumental de Mouloud Mammeri pour l'édification de la nation qu'après son décès. L'année dernière, qui coïncide avec le 100e anniversaire de sa naissance, a été marquée par des festivités qui se sont étalées sur une année. Le temps a donné raison à Dda Lmulud et le tribunal de l'histoire a tranché en sa faveur. Mouloud Mammeri doit être le plus heureux dans sa tombe, perchée à Taourirt-Mimoun dans le Djurdjura. La région qu'il a tant aimée.


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