La puissance des réseaux sociaux, notamment Facebook, à drainer une forte mobilisation au sein de la société algérienne n'est plus à contester. Toutefois, il est utile d'attirer l'attention sur les dangers des fake news. Les appels anonymes à des marches pacifiques, postés sur les réseaux sociaux depuis vendredi 22 février, contre un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, ont été en effet, suivis par des dizaines de milliers de citoyens et d'étudiants à travers le pays. Des manifestations civilisées, saluées en Algérie et à l'étranger. Il faut dire que cet appel d'air citoyen a montré d'une manière simple la voie à suivre pour le changement. Des dizaines de milliers de manifestants ont inondé les rues et les avenues d'Oran, Tizi Ouzou, Alger, Sétif, Annaba, Ouargla, Béjaïa et tant d'autres villes du pays, avec un seul mot d'ordre, «non au 5e mandat». Les images et les vidéos diffusées sur le net démontrent, force est de le constater, un fort degré d'éveil et de civisme des manifestants, avant, pendant et après leurs sorties. En effet, des images montrent femmes, hommes et étudiants offrir des fleurs aux agents de l'ordre public et aux CRS, mobilisés afin d'éviter un quelconque débordement de la situation. Les commentaires postés sont portés essentiellement sur l'amour et la fraternité entre citoyens et agents de police. L'exemple de la photo du jeune manifestant prise dimanche 24 février à la place Maurice Audin à Alger-Centre, le montrant en train de tendre son écharpe trempée de vinaigre, à un agent CRS asphyxié par l'odeur des lacrymogènes, a fait le tour de la toile également. Ceci dit, de nombreuses fake news circulent aussi en ce moment sur le net, en Algérie. Il s'agit de fausses informations ayant pour but de créer des polémiques et de manipuler les Algériens. Preuve en est lors des premières manifestations contre le 5e mandat à Khenchela, Guelma ou Annaba, des médias et des pages Facebook ont utilisé de vieilles images pour illustrer ces rassemblements. Il s'agit des images des manifestations des retraités radiés de l'Armée nationale populaire (ANP), ayant jeté des pierres sur un véhicule de la Gendarmerie nationale au mois de septembre 2018. Ces violentes scènes ont été attribuées à des manifestants sortis dans les rues contre le 5e mandat à El-Tarf. Mardi 26 février, alors que toutes les universités du pays ont tenu des sit-in et des rassemblements à l'intérieur des campus universitaires, une vidéo circulait déjà sur les pages, montrant certains policiers en train de brutaliser des étudiants de l'université de Ben Aknoun. Cette vidéo, par contre, remonte à l'année 2016. D'autres rumeurs annonçant l'arrestation du candidat Ali Ghediri, en marge des rassemblements organisés contre le 5e mandat à Alger-Centre, sont démenties catégoriquement par son cabinet de campagne. Il y a d'autres appels à manifester contre la candidature de Bouteflika pour le vendredi 1er mars. Il semble utile d'attirer l'attention des algériens sur ce genre d'informations sur les réseaux sociaux qui n'ont qu'un rôle, créer une atmosphère de violence et discréditer nos concitoyens. Les précédentes protestations sont, pour beaucoup, des preuves de la capacité des Algériens à s'exprimer en recourant à la rue sans pour autant qu'il y ait des dérapages.