Les habitants de Bordj Bou Arréridj qui sont sortis pour exprimer leur soulagement à la suite de l'annonce de la démission du président de la République ont marché hier pour réclamer le départ de tout le système qu'il a créé. Ces habitants qui ont investi les rues du chef-lieu de wilaya après la prière du vendredi ont dénoncé les méfaits accomplis par les hommes de ce système. Ils ont selon eux ruiné le pays qui mérite, ont-ils ajouté, une meilleure direction. Les marcheurs qui étaient drapés de l'emblème national ont refusé que des personnalités ayant travaillé avec le désormais ex-Président continuent à gouverner. Ils jugent même leur nomination illégale. Ils préconisent l'installation d'autres personnalités plus propres et plus compétentes pour gérer le pays durant la période transitoire. Les contestataires qui ont salué l'Armée nationale qui a accompagné, ont-ils noté, le Hirak populaire, ont scandé des slogans comme «Djeïch, chaâb, Khaoua khaoua» ou «Armée et peuple sont des frères». Ils ont aussi insisté sur l'unité nationale, refusant toute tentative d'ingérence étrangère. Ils ont déclaré que le peuple algérien qui a acquis chèrement son indépendance n'a pas besoin de n'importe quelle partie pour mener son combat. Hommes, femmes, jeunes et moins jeunes ont balayé par la même occasion toutes les divisions selon le sexe, la région ou la culture. «Nous sommes tous des frères», ont indiqué les marcheurs qui n'ont pas manqué de composer un tableau des beaux et des plus riches. Ils ont administré au monde entier une leçon de civisme et d'unité. La paix était également au rendez-vous. Aucun acte de violence n'a été enregistré, que ce soit entre les marcheurs ou entre ces derniers et les forces de l'ordre. Ces dernières qui se sont contenté de suivre le mouvement de loin ont, elles aussi, donné un exemple de maîtrise de soi et de professionnalisme. Les deux parties ont montré à leurs détracteurs que les Algériens peuvent construire un nouvel Etat sans violence et sans division. Pourtant, les manœuvres existent. Mais elles se sont cassées devant le ciment peuple et armée, comme l'ont rappelé les marcheurs.