Invité par le Collectif des étudiants, Djamel Zenati, l'une des figures les plus en vue du mouvement populaire du 22 février, a décortiqué la situation actuelle du pays, au cours d'une conférence-débat fleuve qui a retenu l'attention d'une nombreuse assistance et de milliers de citoyens, qui ont suivi cette intervention sur le site web de l'Université. Les principaux points développés par l'ex-animateur du MCB commissions nationales, portent sur les questions qui se posent depuis la démission de Bouteflika, c'est-à-dire la transition. Pour le conférencier, «il n'y a pas de modèle universel de transition démocratique, parce qu'il n'y a pas de théorie générale de la démocratie». Mais, en partant des exigences populaires, on peut construire un modèle où la citoyenneté, la représentation et la liberté en sont les fondements. «C'est en nous-mêmes que nous devons puiser les matériaux nécessaires à la transition démocratique, sans pour autant ignorer les expériences d'ailleurs». Il soumet à sa critique les différentes transitions qui ont eu lieu dans le monde, comme l'Europe de l'Est et l'Amérique Latine, en rappelant qu'elles ont toutes abouti à la prise de pouvoir par l'extrême droite. Plus près de nous, il cite l'exemple de la transition en Tunisie, pour laquelle le conférencier ne cache pas son admiration, dans le sens où cette transition peut réussir, en dépit des erreurs commises. «C'est une transition lente, certes, mais je suis convaincu qu'elle va réussir», affirme Djamel Zenati. C'est pourquoi, soutient-il, qu'il faut «capitaliser ces erreurs en les évitant.» Enchaînant sur la question des personnes qui doivent conduire la transition, pour l'ancien député FFS de la première législature, cette question n'est pas déterminante. Si on va dans ce sens, «la problématique sera inversée», souligne le conférencier. «Il faut d'abord définir les contours de l'Algérie de demain, pour ne pas tomber dans les erreurs du mouvement national. Il faut débattre de l'Algérie de demain, en traduisant les exigences de la rue en pacte historique, qui puisse mettre le pays sur la voie du progrès et de l'émancipation», martèle-t-il. Tout tient donc, selon le conférencier, dans la rédaction d'une Constituante, laquelle Constituante doit être précédée par un pacte historique. «Le pacte historique est la ligne directrice pour rédiger la Constituante, afin de continuer à vivre ensemble», souligne l'hôte de l'Université. Dans le même ordre d'idées, il convient de noter enfin, l'importance aux yeux du conférencier, de la séparation de l'Etat et du pouvoir, deux choses totalement différentes, tient-il d'ailleurs à dire. «En un mot, il faut mettre fin à la confusion entre l'Etat et le pouvoir», assure-t-il. Il a expliqué à travers ce principe, la confusion entretenue sur l'institution militaire, en rappelant la nécessité de «définir l'armée comme institution de l'Etat et non du pouvoir», souligne Djamel Zenati, sous un tonnerre d'applaudissements.