Je sais que la participation aux élections législatives prochaines va renfoncer la dictature, la corruption et anticiper le chaos», a déclaré, hier, le militant de la cause amazighe, Djamel Zenati, lors d'une conférence-débat animée devant des centaines de personnes à l'auditorium du campus de Hasnaoua de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. L'invité du comité d'étudiants du département de langue et culture amazighes a jouté que «la fraude a déjà commencé.» «Le vote de 10 mai prochain peut être tout sauf des élections législatives», a-t-il martelé devant la foule qui a répliqué par un tonnerre d'applaudissements. Pour étayer ses propos, il dira : «Dans un pays où le pauvre ne peut pas survivre, même avec des milliards de dollars dans les caisses de l'Etat, les élections ne pourront que compliquer davantage les choses, car le programme est fixé d'avance.» «Il y a quatre nouveaux millions de nouveaux électeurs, mais on ne sait pas d'où ils viennent», a-t-il laissé entendre. Et d'ajouter : «J'aurais aimé soutenir le FFS dans sa position de participer aux prochaines élections législatives, mais je suis convaincu que ce scrutin n'apportera rien au pays. C'est pour cette raison que j'ai opté pour le boycott de cette échéance.» Pour le détenu d'avril 1980, «depuis la dernière révision de la Constitution, Bouteflika a accaparé tous les pouvoirs. Donc, je ne vois pas quel est le rôle de la prochaine Assemblée nationale», a-t-il fait remarquer devant une salle archicomble. Par ailleurs, le conférencier a retracé la genèse des événements d'avril 1980. A ce sujet, il précisera que «l'esprit d'avril 1980 était démocratique. Il ne s'est opposé ni à l'arabe ni à l'islam. Le Printemps berbère n'est pas le fruit du hasard, ni le produit d'une génération spontanée. L'esprit du MCB, c'est la convergence et l'irruption de la population dans la rue, mais pas dans les bureaux de vote», a-t-il souligné. M. Zenati a relevé également la nécessité de réinventer le militantisme mais, a-t-il estimé, il faut un travail de longue haleine, car aujourd'hui, il y a, selon lui, perversion des valeurs. «Avec l'argent du pays, le pouvoir profite de la cupidité et de la misère du citoyen», a-t-il ajouté.