Dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj, le hirak ne s'arrête pas le vendredi. Le mouvement de contestation, qui a commencé il y a deux mois, a pris d'autres formes que les marches qui sont organisées toutes les fins de semaines. Si durant cette période, les citoyens sortent dans les rues pour manifester leur position politique, les autres jours, ils tiennent à transformer leur mobilisation citoyenne par des actions constructives pour leur pays. Certains d'entre eux ont tenu à assainir leurs cités, pour donner à leur mouvement une connotation civique dont la propreté est un élément essentiel. D'autres ont choisi de décorer les murs et même les escaliers. Ce qui a transformé ces lieux en œuvres d'art. Cette orientation renseigne sur la nouvelle république qu'ils veulent construire, une république où l'art en particulier, et la beauté en général, ont une position de choix. La justice occupe également un rang important dans cette Algérie nouvelle dont ils rêvent. Que ce soit dans les banderoles qu'ils ont portées durant la marche d'hier, ou sur le grand «tifo» qu'ils ont affiché à la devanture de la désormais célèbre maison du peuple qu'ils ont adopté, ce principe est de base pour eux. Ils réclament des comptes à ceux qui ont volé le pays, et le départ de ceux qui sont derrière la crise que traverse le pays. La démission d'un des «B», comme ils les appellent, ne suffit pas pour eux. «Ils veulent qu'ils partent tous», répètent les manifestants à tue-tête. Les marcheurs ont scandé également des slogans appelant à l'unité entre le peuple et l'armée, que des parties veulent rompre, et même à l'unité du peuple algérien. «Les algériens sont des frères, quelle que soit la région qu'ils habitent», peut-on lire sur des pancartes portées par les manifestants. Notons que la marche, qui a permis à des milliers de citoyens de sillonner les rues du chef-lieu, s'est distinguée encore une fois, par son caractère pacifique qui s'ajoute au civisme des habitants. Ce n'est pas pour rien si le monde a été impressionné par les marches algériennes.