Le Palais des nations s'est avéré trop grand pour abriter une «petite» réunion à hui-clos, entre des partis pour le moins microscopiques, voire même des représentants inconnus de la scène politique nationale. La rencontre de dialogue et de concertation à laquelle a appelé le chef de l'Etat contesté, Abdelkader Bensalah, a viré au fiasco. Le Palais des nations s'est avéré trop grand pour abriter une «petite» réunion à hui-clos, entre des partis pour le moins microscopiques, voire même des représentants inconnus de la scène politique nationale. Boudé par la classe politique, y compris par les partis du pouvoir, les personnalités nationales et organisations de la société civile, Bensalah a fini par faire défection lui-même. Indépendamment de ses résultats, cette rencontre, qui devait traiter des mécanismes de la mise en place d'une instance nationale indépendante chargée de la préparation et de l'organisation des élections, a prouvé l'écart qui sépare le cercle des tenants du pouvoir avec le peuple. Pendant que les algériens revendiquent le départ du régime avec ses symboles, dont Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui, outre Mouad Bouchareb, le chef de l'Etat s'entête à se maintenir en place contre vents et marées. Hier, le secrétaire général de la Présidence, Habba El-Okbi, a déclaré à la presse que les consultations lancées par le chef de l'Etat avec les partis politiques et les personnalités nationales, «se poursuivront» jusqu'à l'élection présidentielle qui «se tiendra dans les délais constitutionnels», c'est-à-dire le 4 juillet prochain. Une déclaration pour le moins provocatrice, en marge d'une réunion qui se tenait dans une salle presque vide. Mis à part Belkacem Sahli et Filali Ghouini, présidents de l'ANR et d'El Islah, aucun chef de parti connu n'a été présent à ce rendez-vous, dirigé par le directeur de l'Institut des stratégies globales. Même le représentant du Front El Moustakba d'Abdelaziz Belaid, a quitté la réunion, sous prétexte qu'elle se tenait à hui clos, mais qui, en réalité, semblait plutôt être une tentative de se racheter auprès de l'opinion publique, après avoir constaté le rejet massif du rendez-vous. C'est donc à se demander avec qui Abdelkader Bensalah va-t-il continuer à discuter, comme l'annonce le SG de la Présidence ? El-Okbi a ajouté que la présidentielle est fixée au 4 juillet prochain, telle qu'elle «est consacrée dans la Constitution». Sauf que le peuple qui manifeste dans la rue depuis deux mois, voire même la classe politique dans son ensemble, rejettent la voie constitutionnelle, qui ne semble mener le pays que vers l'impasse. Pourtant, l'indétrônable secrétaire général du Palais d'El Mouradia n'est pas de cet avis. Pour lui, ces consultations visent à «asseoir la démocratie, à organiser des élections libres et transparentes et à instaurer un nouveau régime politique». Provocation Immédiatement après les premières images de la réunion, montrant un véritable fiasco, les premières réactions n'ont pas épargné la démarche de Bensalah. L'ancien diplomate, Abdelaziz Rahabi, a déclaré que «l'échec de la conférence entraînera davantage de désobéissance civile». Pour sa part, Ali Benflis a estimé que «notre pays vit une situation si grave qu'il méritait qu'on lui épargne cette épreuve provocatrice et humiliante, de prétendues consultations autour de la constitution d'une instance chargée des élections». Le président de Talaie El Hourriyet a ajouté : «Que des consultations convoquées par un Président de l'Etat non reconnu comme tel par des millions d'algériennes et d'algériens finissent par être présidées par le Directeur d'un institut, en dit long sur le manque de sérieux et la désinvolture des auteurs de cette initiative». Quoi qu'il en soit, par ces consultations, qu'il a lui-même boudées, Abdelkader Bensalah, qui avait reçu au siège de la Présidence les deux anciens présidents de l'APN, Abdelaziz Ziari et Mohamed Larbi Ould Khelifa, l'avocat Miloud Brahimi et le président d'El Moustakbal, Abdelaziz Belaid, signe son échec. Sa feuille de route déclinée lors de son discours à la nation le 9 avril, ne peut en aucun cas tracer un chemin vers la concrétisation. Pendant que le chef de l'Etat nage dans un fleuve, le peuple est dans un autre. Ça devrait donner à réfléchir pour Bensalah, que certaines rumeurs donnent comme démissionnaire dans les prochains jours, voire les prochaines heures.