Les seuls bénéficiaires de ce professionnalisme boiteux sont les joueurs, et à un degré moindre les entraîneurs, dont les salaires ont connu une hausse sensible. Le football algérien est passé au professionnalisme depuis l'été 2010, mais il continue encore à «nager» dans l'amateurisme. Rien n'a pratiquement changé depuis l'instauration du professionnalisme, ni dans l'organisation des compétitions, ni dans le fonctionnement et la gestion de la majorité écrasante des clubs. Les seuls bénéficiaires de ce professionnalisme boiteux sont les joueurs, et à un degré moindre les entraîneurs, dont les salaires ont connu une hausse sensible. Les budgets des clubs professionnels sont, justement, engloutis par les salaires. Certains se permettent même de réserver une cagnotte pour la corruption et la combine, comme révélé dernièrement par le président de l'USM Annaba, Abdelbasset Zaïm, pas encore convoqué par la justice. Les présidents de club crient famine d'un côté, et dépensent sans compter d'un autre côté, sans parvenir à avoir de nouvelles sources de financement. L'endettement a atteint un niveau des plus inquiétants. Et le comble est que ces sommes faramineuses déboursées chaque saison, en ces temps de crise financière et de vaches maigres, sont généralement puisées des subventions de l'Etat et des autorités locales. Cet argent devait servir le football amateur et les autres disciplines sportives, mais il est transféré aux SSPA par les CSA (clubs amateurs), majoritaires dans les actions de la majorité des clubs professionnels, ce qui crée un sérieux imbroglio. «Il faut couper ce cordon ombilical CSA-SSPA, qui fait ralentir la progression de notre football. Le jour où on aura de vrais clubs professionnels, on aura de vrais présidents et des conseils d'administration dignes de ce nom. Le jour où le club aura un caractère commercial, il pourra alors faire fructifier son argent. On est encore sous l'ère des associations», tonne le Directeur général de l'USM Alger, Abdelhakim Serrar. L'actuel président de la Ligue de Football Professionnel (LFP), Abdelkrim Medouar, impute l'échec du professionnalisme à l'Etat qui n'a pas tenu ses engagements, et au président sortant de la FAF, Mohamed Raouraoua, qui a lancé précipitamment le projet avec une trentaine de clubs. Une halte s'impose «C'est l'Etat et la FAF qui ont échoué dans l'instauration du professionnalisme. Ceux qui ont lancé le professionnalisme sont responsables de son échec. Le projet a été lancé d'une manière approximative. Il a même été étouffé dans l'œuf avec l'annulation des mesures d'accompagnement en faveur des clubs professionnels, à savoir l'octroi d'un prêt bancaire de 100 millions DA à chaque club professionnel pour une durée de 15 ans avec un intérêt symbolique de 1% et une période de grâce de dix années pour le début du remboursement, d'un terrain de deux hectares au prix symbolique de un dinar le mètre carré pour l'édification des centres d'entraînement et de formation, ainsi qu'une aide financière à hauteur de 80% du coût de la réalisation. Rien n'a été fait dans ce sens depuis 2010. Ces acquis importants ont été remis en cause et aucun centre de formation n'a vu encore le jour. C'est dommage», regrette Medouar. Même sentiment de regret chez Mohamed Raouraoua, qui accable son successeur Kheireddine Zetchi en lui reprochant la création des centres techniques de la FAF. «Ce sont les clubs qui s'occupent de la formation, pas la Fédération. J'allais proposer de donner 30 milliards à chaque club pour étude et réalisation de terrains du moment qu'une quinzaine de clubs professionnels ont obtenu leurs assiettes, plutôt que de construire des centres fédéraux à 440 milliards», dira Raouraoua. Quoi qu'il en soit et avant l'entame de la dixième édition du championnat professionnel, une halte s'impose pour dresser un bilan et corriger le tir. Le projet du professionnalisme est à repenser. «Des discussions et des réunions sont nécessaires avec le MJS et les autres ministères concernés par ce projet pour aller de l'avant», concède Zetchi. Attendons pour voir…