On pouvait voir des pancartes et banderoles aux côtés de l'emblème national sur lesquelles des slogans hostiles au pouvoir sont exprimés comme «Non à un régime militaire», «Gaid regagne ta caserne», «Pour un Etat civil et non pour un régime militaire». Le ramadhan n'a eu aucun impact sur la contestation populaire. Ils étaient nombreux à s'être rassemblés, hier, devant la grande poste, aux premières heures de la matinée. Pour ce 12e vendredi consécutif de mobilisation contre le système, coïncidant avec le mois de Ramadhan, le mouvement populaire ne faiblit pas à Alger. En effet, malgré le jeûne et la chaleur, les manifestants ont commencé à affluer par centaines, et se sont rassemblés au niveau de la Grande Poste. Après la prière hebdomadaire, la foule grandissait. L'Acte 12 du mouvement populaire intervient dans un contexte marqué par des arrestations et emprisonnement en haut lieu. A commencer par le placement en détention provisoire jeudi soir de Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti des travailleurs, par le juge d'instruction militaire, mais également l'incarcération, en début de semaine, de Saïd Bouteflika et des généraux Toufik et Tartag, par le tribunal militaire de Blida. Estimant que le jugement de Saïd Bouteflika reste l'une des revendications majeures du Hirak depuis le 22 février, les manifestants indiquent que les autres revendications restent toujours insatisfaites, à savoir le départ d'Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui. «Ce 12e vendredi, le premier pendant le mois de Ramadhan, est décisif en raison de l'impact du jeûne sur les manifestations et des manœuvres du pouvoir qui mise sur l'essoufflement du mouvement populaire pour imposer sa feuille de route», a-t-on affirmé. «Ceux qui nourrissaient des doutes quant à la mobilisation des Algériens durant ce mois sacré doivent en avoir le cœur net maintenant : les Algériens ne feront pas marche arrière», a indiqué un des manifestants devant la Grande poste. «L'engagement n'attend pas la fin du ramadhan», a-t-il renchéri. Pour lui, le Ramadhan n'est pas une contrainte mais une occasion pour démontrer, une fois de plus, que rien ne fera reculer les Algériens et leur volonté de changer le système. Le peuple a donc exprimé une énième fois sa volonté d'aller jusqu'au bout de ses revendications. Pas moyen ni d'excuse pour ne pas rempiler, en dépit de la torpeur d'un vendredi ramadhanesque. Les Algériens ont battu le pavé, emboîtant le pas aux étudiants sortis mardi à travers les quatre coins du pays, en dépit de la chaleur et du jeûne. Des familles, des femmes, des jeunes, des personnes âgées ont marché à la place Maurice Audin et la rue Didouche, au centre de la capitale. La présence féminine était très importante. Ni la faim ni la soif du Ramadhan n'ont réussi à les dissuader de marcher. Des slogans hostiles au pouvoir et appelant à l'union ont été scandés et brandis par les manifestants. On pouvait voir des pancartes et banderoles aux côtés de l'emblème national sur lesquelles des slogans hostiles au pouvoir sont exprimés comme «Non à un régime militaire», «Gaid regagne ta caserne», «Pour un Etat civil et non pour un régime militaire». Les manifestants ont également scandé des slogans hostiles à la tenue de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain. «Pouvoir assassin», «Klitou Leblad ya Saraqin» (Vous avez pillé le paysn bande de voleurs). «Leblad Bladna ou ndirou rayna» (Le pays est le nôtre et c'est nous qui déciderons). Ou encore : «Doula madaniya machi 3askariya» (Etat civil et non militaire), «Nahou al 3isaba nsoumou labès» (on enlève le gang et on jeûnera bien) et «Makach intikhabat ya al 3isabat» (Pas d'élections). Autant de slogans qui font écho aux slogans déjà connus depuis le 22 février. Le dispositif sécuritaire de police a été déployé dans les rues mitoyennes aux places de la grande poste et Audin vers 11h, alors que la présence de la gendarmerie nationale aux portes d'Alger comme les précédents vendredis a été réduite, selon des sources concordantes. L'accès au tunnel des facultés a été bloqué par la police.