Cette année, le ramadhan qui est venu à grands pas s'est circonscrit dans une conjoncture politique spéciale. A cause du peu de soirées en plein air ou initiées par des institutions étatiques, on se rabat sur la petite lucarne qui présente une diversité de séries et de feuilletons. Les feuilletons télévisés et sitcoms les plus en vue et qui font le buzz sur les réseaux sociaux sont Ouled el hallal et La rose noire, respectivement du réalisateur tunisien Nasreddine Sahili et du cinéaste Samir Hacine. Le feuilleton Ouled el Hallal met en évidence un monde interlope dans le quartier du Berd (ancien quartier juif) à Oran. Ce sont de petites gens qui tirent le diable par la queue. Certains gagnent honnêtement leur vie comme cette mère et ses deux filles campées admirablement par Malika Belbey, Haifa Rahim et Souhila Maalem qui sont une belle révélation dans cette série. D'autres comme Merzak et Zino interprétés agréablement et respectivement par Abdelkader Djiriou et Youcef Sehairi, vivent d'expédients peu scrupuleux. Merzak à la bonne interprétation est le héros qui cherche à rassembler sa famille dispersée lors de l'assassinat de leur mère par leur père qui écope de 20 ans de prison. Le réalisateur ne connaît pas Oran Merzak au cœur d'or est toujours prêt à aider les voisins de ce quartier et sa grande obsession est de retrouver son frère et sa sœur benjamine, une promesse faite à sa mère étant enfant. Le scénario de Nasereddine Sahili est bien soutenu, mais apparemment, il ignore tout du mode de vie algérien. Ce quartier est complètement délabré et il présente Oran comme la ville de la débauche, de l'escroquerie, de la violence et de la drogue. On se croirait dans un des films du néoréalisme italien d'Ettore Scola. C'est sale, affreux et méchant. En outre, les acteurs n'ont pas tous l'accent oranais et c'est plus une cour des miracles qu'il présente. Or, Oran est la ville qui possède le plus de richards du pays et concentre une prolifération de petites et moyennes entreprises dans cette cité. Le réalisateur a montré la paupérisation et la misère morale à son paroxysme. Dans ce feuilleton Ouled el Hallal, on doit noter tout de même les magistrales prestations de Haïfa Rahim, Meriem Amir, Mohamed Khassani, Fatma zohra Hasnaoui, Keltoum Fouzia Bouchareb et Djellaba Abdelkader. Bien qu'il y ait des dérives, cette série est réussie sur le plan du scénario et reste une des meilleures par les messages qu'elle véhicule et la pléiade des acteurs. Grands acteurs syriens face aux algériens Pour le sitcom La rose noire de Samir Hacine, c'est la saga amoureuse entre deux jeunes gens dont la femme fuit avec un autre le jour de ses noces. A cette revanche se greffent des escroqueries, des affaires illicites de drogue, de dénonciations, de vengeance et d'infidélités. Le scénario tient la route, mais il y a une grande différence de niveau entre les acteurs. Du côté algérien, Khaled Benaissa nous a habitués à de bons rôles comme dans L'oranais de Lyes Salem. Ici, son personnage central du parvenu, méprisant, revanchard semble trop étriqué pour cet intellectuel, architecte de formation. Zahra Harraket qui incarne Lila est connue dans la série Ikhoua et dans la pub Djezzy. Et du côté syrien, toute une pléiade avec Sabah el Djazairi et Seloum Haddad qui jouent merveilleusement bien ainsi que Dima Kanedoleft et Fadi Sabih aux rôles importants dans ce sitcom. La fille de Sahab el Djazairi Taraf el Taqi qui incarne Bissam l'héroïne n'a pas le physique idoine. Ces deux feuilletons sont des satires sociales. Les mutations sociales ont fait que la société algérienne est devenue vénale et tape à l'œil. Villas de haut standing, Porsche à gogo, argent à flots, on se croirait à Hollywood, à Beverly hills ou à Bel air version made in algeria. On ne fait plus de bons films Lorsque l'on voit ces séries notamment, celle de Ouled el Hallal qui choquent avec ces quelques dérives, on ne comprend pas comment le cinéma et la télévision algériens ont subi cette descente aux enfers alors qu'à une époque donnée, ils étaient au pinacle. On doit se rappeler que l'Algérie est le seul pays arabe à avoir obtenu la palme d'or au festival de Cannes avec Chroniques des années de braise de Lakhdar Hamina. Autrefois, la télévision algérienne produisait de très bons films. L'un des derniers films de télévision Carnaval Fi Dechra ne peut être oublié. Il est bien loin ce temps ! Où sont passés nos réalisateurs de talent ? Ont-ils pris la clé des champs ? Ou faute de budget conséquent, ils ne peuvent faire des films à succès !